C’est par une
diatribe enflammée, digne de l’ardent pénaliste qu’il est, que Maître
Pierre-Ann Laugery a clos l’exercice de ses fonctions en tant que bâtonnier du
barreau des Hauts-de-Seine, lors de la rentrée de la conférence le 16 novembre
dernier. Au lendemain du rassemblement de la profession devant l’Assemblée
nationale pour protester contre le projet de loi Justice, c’est bien entendu « ce projet de loi
dont le gouvernement tente d’accoucher aux forceps », selon ses propres
termes, qui a concentré tous ses griefs. « Avez-vous entendu hier, Madame la
Ministre, de votre place Vendôme, monter la colère des avocats, magistrats et
personnels de greffes devant l’Assemblée nationale (…) ? », a-t-il ainsi hélé
la garde des Sceaux, hélas absente. Le bâtonnier a notamment fustigé la création
du tribunal criminel départemental, le maintien du directeur de la CAF comme
juge des pensions alimentaires, l’abaissement du seuil d’aménagement des peines
de deux ans à un an, ou encore la mise en place de visio-conférences y compris
pour les jugements. Avant de tirer sa révérence pour « reprendre sa
route de défense », Maître Laugery a passé le témoin à son ami depuis vingt ans et successeur,
Vincent Maurel, bâtonnier élu.
Après un pénaliste,
le barreau est désormais sous le patronage d’un commercialiste, d’un « maniaque du Code
monétaire et financier », a plaisanté le nouveau maître des lieux. « Ta vigilance,
Pierre-Ann, sera également la mienne. Tes dénonciations seront les miennes. Tes
combats, seront les miens » a certifié Maître Maurel. Lors de
son allocution, ce dernier a plus particulièrement dénoncé l’imprescriptibilité
de la faute disciplinaire de l’avocat, la remise en cause régulière en France
du secret professionnel, – pourtant essentiel à la profession ainsi que la réforme
programmée du régime de retraite des avocats, qui pourtant fonctionne
parfaitement bien. Bref, les défis qui s’imposent aux professionnels sont
nombreux et variés, mais le nouveau bâtonnier croit et sait « [sa] profession forte,
intelligente, agile ». Comme il est d’usage en pareille occasion, un faux procès
a été mené ce jour-là. Cette année, ce fut Maître Henri Leclerc, grand pénaliste
et doyen du barreau de Paris, qui était invité à comparaître devant les secrétaires
de la Conférence, Maîtres Marie Phelippeau et Gauthier Poulin.
Maria-Angélica Bailly