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45e congrès du Syndicat des avocats de France - « Chantiers interdits au public : occupons-les ! »

45e congrès du Syndicat des avocats de France - « Chantiers interdits au public : occupons-les ! »
Publié le 10/12/2018 à 10:54

Du 9 au 11 novembre derniers, s’est tenu à Toulouse le 45e congrès du Syndicat des avocats de France. Organisé autour de la formule « Chantiers interdits au public : occupons-les ! », le syndicat n’a pas manqué de s’exprimer sur les grands sujets qui concernent aujourd’hui la profession, avec, dans le viseur la réforme de la justice, contre laquelle il était mobilisé le 15 novembre dernier.

 



C’est au cœur de la ville rose que le Syndicat des avocats de France (SAF), créé en 1974, a attiré mi-novembre plus de 300 personnes réunies dans le cadre du 45e congrès de l’organisation. Sous le regard du bâtonnier de Paris Marie-Aimée Peyron ; de Jean-Luc Forget, vice-président du CNB ; du président de la Conférence des bâtonniers, Jérôme Gavaudan ; et des avocats venus de toute la France et des responsables associatifs et syndicaux, la présidente du SAF, Laurence Roques, s’est exprimée, prenant part aux débats qui animent actuellement le monde de la justice. « Cette année, je l’avoue, le choix du thème de notre 45e congrès s’est imposé à nous comme une évidence » a-t-elle déclaré.


Dans son allocution de bienvenue, Sonia Plazolles, présidente de la section du SAF de Toulouse, est elle aussi revenue sur la thématique de ce congrès : « Quoi de plus logique, dans ce contexte, que ce congrès soit consacré aux chantiers de la justice ! Au pluriel, bien entendu. » Critique quant à la réforme de la justice, celle-ci est notamment revenue sur le budget de la justice en France : « Le budget alloué à la justice place la France en pied de page du classement des pays du Conseil de l’Europe, et ce sans même parler de la question, pourtant essentielle, de la répartition de ce budget, consommé à près de 40 % par l’administration pénitentiaire » a-t-elle déploré.


Le bâtonnier et le vice-bâtonnier de Toulouse, Nathalie Dupont et érick Boyadjan, sont également intervenus, avant de laisser la parole à Thomas Andrieu, directeur des Affaires civiles et du Sceau et représentant à cette occasion la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.


Aussi, via cette thématique, le SAF affirme en effet ne s’exclure d’aucun sujet et souhaite faire entendre sa voix. Se plaçant au cœur des débats des chantiers de la justice – pour ne pas dire des « désordres », comme le définit l’organisation syndicale –, le SAF, a réaffirmé dans son rapport moral, et de concert avec les instances représentatives, ses positions sur la réforme de la justice, mais pas seulement.
Le numérique, les cages de verre dans les salles d’audience ou encore la défense de l’accès au droit sont autant de sujets pour lesquels le syndicat se mobilise.


 



 



Contre le projet de loi de programmation 2018-2022


Engagée contre la réforme de la Justice « dont la philosophie générale de dérèglementation et de déjudiciarisation participe de la casse du service public », soulignait le SAF dans un communiqué, sa présidente a dénoncé la « logique libérale et autoritaire » de cette réforme et redoute que celle-ci participe à « la casse du service public ». Craignant la privatisation de la justice, elle s’est insurgée en résumant le projet en ces termes : « Privatiser la justice pour juger moins, moins bien et pour moins cher ! » C’est pourquoi le SAF, qui se dit mobilisé contre la « philosophie générale de dérèglementation et de déjudiciarisation » de ce projet de réforme, s’est rassemblé le 15 novembre dernier devant l’Assemblée nationale – et dans toute la France – « pour défendre une justice partout pour toutes et tous ». En préambule de son discours, Madame Laurence Roques a ainsi regretté l’absence de la ministre de la Justice qu’elle n’a rencontrée qu’à une seule reprise, en septembre 2017, malgré ses multiples interpellations.


 


 



 




Des craintes quant à l’utilisation du numérique


Autre sujet qui mobilise le SAF : la digitalisation de la justice. « À qui profite la soi-disant simplification ? » a ainsi questionné la présidente dans son discours. À l’occasion de son congrès annuel, « Le SAF a rappelé aux politiques et aux représentants de la profession que le numérique doit rester un outil transparent, gratuit, au service du justiciable et non une fin au profit des sociétés privées (GAFAM) et qu’une alternative doit être impérativement maintenue » a précisé le syndicat. Dénonçant une « fausse modernité », l’organisation syndicale s’est ainsi interrogée sur les outils numériques adaptés au service des causes qu’elle défend.


À l’issue du congrès, ont été adoptées plusieurs motions, avec, pour éternel souci la place du justiciable au cœur d’une justice « plus démocratique, de qualité égale pour tous, proche des citoyens et garante des droits et libertés publiques et individuelles ».


 


Constance Périn


 


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