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CNCDH : les Prix des droits de l’homme de la République française « Liberté-Égalité-Fraternité » 2018 distinguent les défenseurs des droits

CNCDH : les Prix des droits de l’homme de la République française « Liberté-Égalité-Fraternité » 2018 distinguent les défenseurs des droits
Publié le 30/12/2018 à 09:30


Le 10 décembre dernier, journée internationale des droits de l’homme, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a remis ses Prix des droits de l’homme de la République française 2018. Le jury, présidé par Christine Lazerges, a décerné cinq prix et cinq mentions spéciales mettant à l’honneur les défenseurs des droits, « ces femmes et ces hommes qui se mobilisent, au péril de leur vie, pour les droits et libertés de chacun d’entre nous », précise l’ancienne présidente.



Le 10 décembre 1948, les 58 États membres qui constituaient alors l’Assemblée générale des Nations unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris. 70 ans après, en cette journée internationale des droits de l’homme, la CNCDH a choisi de distinguer plus particulièrement les défenseurs des droits à travers la remise des Prix des droits de l’homme de la République française 2018. Cette reconnaissance, créée en 1988, vise à récompenser et à permettre des actions qui promeuvent et protègent les droits de l’homme dans le monde.


L’ambassadeur pour les droits de l’homme, François Croquette, présent lors de la cérémonie de remise, a salué le jury dans le choix des lauréats. Cinq prix et cinq mentions spéciales sont ainsi venus distinguer le parcours et l’engagement de ces personnes, défenseurs des droits : « Les défenseurs des droits humains sont partout menacés. Des États mènent contre les plus exposés d’entre eux de véritables campagnes de dénigrement. Le Prix des droits de l’homme de la République française vise à récompenser leur action en faveur des droits et de la paix » souligne la Commission.


 


Les cinq lauréats du Prix des droits de l’homme de la République française 2018


Un avocat chinois – dont le nom n’a pas été divulgué –, militant pour les droits de l’homme, a été récompensé à cette occasion. Interdit de sortie du territoire depuis dix ans, celui-ci n’a pu être présent, mais ses mots de remerciements ont été lus par la secrétaire générale, Magali Lafourcade. « Ce défenseur des droits de l’homme est avocat, fondateur du collectif des avocats chinois des droits de l’homme et consultant auprès du groupe d’entraide des avocats contraints au chômage. Il a mis en place une plateforme des avocats des droits civiques, et a contribué à la création de la ligue contre la torture » précise la CNCDH.


B’Tselem (le Centre d’information israëlien sur les droits de l’homme dans les territoires occupés) et l’association Al Haq, en Israël-Cisjordanie, ont reçu une récompense commune. B’Tselem s’engage pour mettre fin à l’occupation israélienne, considérant « qu’il s’agit du seul moyen de créer un avenir qui garantisse les droits de l’homme, la démocratie, la liberté et l’égalité à tous, Palestiniens et Israéliens ». Son directeur exécutif, Hagai El-Ad, présent lors de la cérémonie, s’est exprimé en ces termes : « la réponse hystérique du gouvernement israélien illustre la réalité de la propagande, des mensonges et des menaces auxquelles B’Tselem est soumis ; nous agirons avec détermination pour mettre fin à l’occupation ». Al-Haq – qui dispose d’un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies – est quant à elle une organisation non gouvernementale palestinienne indépendante de défense des droits de l’homme créée en 1979 « pour protéger et promouvoir les droits de l’homme et la primauté du droit dans les territoires palestiniens occupés ».


Le Moviemiento nacional de victimas de Estado (Movice), en Colombie, a été distingué « pour ses actions courageuses dans la lutte contre l’impunité et la recherche de justice pour les victimes de crimes d’État en Colombie, pendant le conflit armé. Le jury a notamment salué l’approche constructive adoptée par Movice au cours du processus de paix, qui vise à assurer la vérité et la justice aux victimes et à garantir la non-répétition, éléments déterminants pour la mise en place d’une paix durable ». Rocío Campos et Luz Marina Hache, familles de personnes disparues et représentants du Mouvement, étaient présentes à cette occasion.
« En ce moment, la Colombie a un gouvernement qui, au niveau international, s’engage dans des accords de paix uniquement pour obtenir des ressources économiques, mais ses actions dans le pays sont loin de cette prétendue volonté politique » ont-elles déploré.


Gautier Mignot, ambassadeur de France en Colombie, a adressé aux victimes une lettre de félicitations : « cette distinction est la reconnaissance du travail accompli par le Movice depuis 2005, ainsi que par les nombreuses organisations de base qui composent le mouvement sur tout le territoire national colombien, pour promouvoir les droits des victimes de crimes de l’État, mettre fin à l’impunité et faire connaître la vérité sur ces crimes. »


Tournons la page Niger, coalition d’ONGs de la société civile, est engagée contre la loi de Finances 2018 et pour la démocratie. Cette année, son coordinateur, Maïkoul Zodi, et nombre de ses membres ont été condamnés à plusieurs mois en prison. Le jour de la cérémonie, le 10 décembre, se tenait leur procès en appel. Lui qui juge « grotesque de la part du pouvoir nigérien d’avoir programmé ce procès le jour du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme » voit dans ce prix « un signal encore plus fort ». « Cela récompense toutes nos activités de lutte contre l’injustice sociale, le détournement de biens publics et la corruption » confiait-il au Secours Catholique.


Enfin, l’avocat biélorusse Leonid Sudalenko, responsable de la branche de Gomel de l’association Justice, initiative qui offre une assistance juridique aux victimes de violations des droits humains, a été distingué pour son engagement dans la défense des droits humains. Spécialisé dans la préparation de plaintes de particuliers devant le Comité des droits de l’Homme de l’ONU, celui-ci milite également activement pour l’abolition de la peine de mort en Biélorussie.

 


les mentions spéciales du jury


Les cinq mentions spéciales ont été décernées à :


la Casa del migrante, au Mexique ;


le Bureau pour le volontariat au service de l’enfance et de la santé (BVES), en République démocratique du Congo ;


l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC), en République du Congo ;


la Fondation Soukhoumi, en Géorgie ;


Lenin Raghuvanshi, militante des droits des Dalits d’Inde.


« Entre 2015 et 2017 au moins 1 019 défenseurs des droits humains ont été tués dans le monde », précise Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, dans une tribune à Mediapart. « La situation n’a jamais été aussi grave », poursuit-il. Alors que nous célébrions le 9 décembre dernier le 20e anniversaire de la Déclaration des défenseurs des droits de l’homme, Michel Forst voit dans ces événements « l’occasion [aussi] de s’interroger sur le bilan pouvant être dressé 20 ans après l’adoption de la Déclaration. A-t-elle réellement permis de protéger et garantir un environnement sûr aux défenseurs pour qu’ils mènent leurs actions ? » s’est-t-il demandé.


 


Constance Périn


 


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