Le 25 juillet 2018, Emmanuel Macron profite d’un déplacement
dans les Hautes-Pyrénées pour réagir aux micros qu’on lui tend : il accuse les médias d'avoir « dit beaucoup de bêtises ». Le président de la République parle, bien sûr, de
l’affaire Benalla « Je ne vais pas chercher des fusibles
parce que vous avez envie de voir du sang et des larmes dans le tournant de l’été
», prévient-il. Et d’intimer aux médias
d’arrêter de « s’exciter sur cette affaire ». Une semaine plus tôt, l’identification par le
journal Le Monde d'un collaborateur
d’Emmanuel Macron sur une vidéo de violences commises le 1er mai à Paris et la révélation
de sa « simple » mise à pied par l’Elysée, sans que la justice ne soit informée des faits, se sont
répandues comme une traînée de poudre. En quelques heures, tous les médias
n’avaient plus qu’un nom à la plume, inconnu jusqu’alors.
Une fois de plus, il semble que ces derniers sont loin
d’usurper leur appellation de quatrième pouvoir. La mise au jour de ces
agissements étouffés « en interne » a permis à l’institution judiciaire de s’en saisir,
et aux citoyens, de clamer preuve en main leur manque de confiance dans leurs
institutions.
Pour autant, quand Le Figaro, notamment, parle de « la plus violente crise politico-judiciaire du
quinquennat » ayant « défrayé la chronique », il juge finalement là son œuvre – et celle de ses
pairs. Car, au-delà des faits, il y a eu cette médiatisation à outrance, cette profusion
d’articles aux contenus rigoureusement similaires et ces notifications
permanentes, qui ont érigé Benalla en nouvelle « saga »
(lassante) de l’été. Cette omniprésence n’est-elle pas de nature à discréditer
le message porté, et à remplir parfois artificiellement
des colonnes solitaires en plein cœur des vacances ?
Une surmédiatisation qui n’est pas sans rappeler la « folie médiatique » dénoncée par Edwige Roux-Morizot en février 2018, lors d’une tout autre
affaire. Trois jours après l’interpellation de Jonathann Daval, la procureure de
Besançon avait tenu une conférence de presse expéditive, dans laquelle elle
avait asséné aux médias que « le
secret de l'instruction et la présomption d'innocence sont des valeurs qui ne
se marchandent pas ». Lors du colloque organisé par l’INHESJ le 5
juillet dernier, elle l’a reconnu : « Je
suis contente de l’image que cette intervention a donné, de ce que doit incarner
la justice, la dignité et la défense des grands principes. (...) Même si les
citoyens sont friands d’une presse de l’exhibition, ils se sont rendu compte
qu’il était souhaitable d’arrêter le torrent de boue qui se déversait ».
Bérengère Margaritelli