ACTUALITÉ

Conférence des bâtonniers - « Accès au droit et à la justice »

Conférence des bâtonniers - « Accès au droit et à la justice »
Publié le 06/12/2016 à 17:22

Lors des assises de l’accès au droit et à la justice, la Conférence des bâtonniers présidée par Yves Mahiu a présenté un rapport. Composé de 47 propositions, il a pour « objectif et ambition d’engager une réflexion, ouvrir des perspectives et proposer quelques initiatives » pour une « authentique politique d’accès au droit et à la justice de l’état républicain ».


« Le budget consacré à l’aide juridictionnelle représente le prix de l’A330?présidentiel. (…) En décidant d’assumer des choix dans lesquels l’accès au droit et à la justice n’est jamais une priorité, l’État renonce à l’exercice d’une solidarité qui lui incombe ». Le ton de l’avant-propos du rapport est direct. Celui de Yves Mahiu lors des assises aussi : « Je sais bien que comparaison n’est pas raison. Mais nous consacrons la somme de 136?euros par an et par habitant à l’audiovisuel public et seulement 64?euros pour le système judiciaire ». Il ajoute : « Les délais de traitement des affaires sont de plus en plus longs. La France a été condamnée 192?fois par la Cour européenne des droits de l’Homme pour manquement au délai raisonnable ». C’est partant de ce constat que la Conférence des bâtonniers a pris l’initiative à l’automne 2015?de mettre en place un groupe de travail chargé de réfléchir à l’ « Accès au droit et à la justice ». Selon les mots du président de l’institution : « Les auteurs ont imaginé librement, ils le revendiquent, des dispositifs accessibles pouvant être mis en place rapidement. (…) Ils ont imaginé des financements, ils ont également intégré dans leur réflexion l’apport des nouvelles technologies, permettant de moderniser, et l’organisation des systèmes judiciaires ».


Il découle de ce travail 47?propositions très précises et concrètes, fruit d’une réflexion au cours de laquelle les auteurs ne se sont interdit qu’une chose : « penser l’accès au droit et à la justice en postulant la faiblesse des moyens ».


 

La loi du 10?juillet 1991 : un texte pertinent


Lors de la première table ronde des assises, éric Négron, premier président de la cour d’appel de Montpellier, a évoqué les deux lois sur l’accès aux droits (1991?et 1998) qu’il considère comme des succès. C’est aussi le postulat du groupe de travail qui les qualifie de « pertinentes ».


Jacques Toubon, le Défenseur des droits, est intervenu au début de la journée. Il a immédiatement affirmé la proximité du Défenseur des droits et de l’avocat ce demandant comment, avec eux, « contribuer à ce que nos concitoyens puissent voir réaliser le mieux possible l’effectivité de leur droit ? ». Il a précisé immédiatement que le champ de ces droits était immense. En effet, relative à « l’aide juridique », la loi de 1991?comporte de nombreux articles et met en évidence la multiplicité des droits et l’accès pluriel qui en résulte. Elle créait certes un accès local au droit avec les conseils départementaux de l’accès au droit (CDAD), mais le sentiment d’abandon de personnes qui estiment que le droit ce n’est pas pour elle est toujours présent chez des « millions » de gens selon Jacques Toubon. Pour le rapport, cette multiplicité des droits nécessite des « structures adaptées ».


Une des solutions réside peut-être dans le recours plus important aux associations. C’est en tout cas le vœu de plusieurs intervenants. Serge Decaillon, secrétaire général de la fédération Pas-de-Calais du secours populaire, a déclaré en effet que « les associations sont le premier maillon de la chaîne de l’accès aux droits », Jacques Toubon a confirmé : « Le mouvement associatif doit être plus puissant ». C’est également le sujet de la première proposition qui préconise d’ouvrir les CDAD à « d’autres partenaires ».


Sans remettre en cause tout ce qui existe aujourd’hui dans le domaine de l’accès au droit, les auteurs du rapport ont donc voulu apprécier les conditions dans lesquelles les textes étaient appliqués et ont cherché à les optimiser.


La question des structures d’accès aux droits n’est qu’un point des trois axes qui composent ce riche rapport. Le premier a pour titre : « Un accès aux droits garanti pour tous », le second « un accès à la justice efficient » enfin le dernier : « la profession d’avocat partenaire d’un État engagé ».



Victor Bretonnier



Retrouvez les 47 propositions e la Conférences des bâtonniers dans le Journal Spécial des Sociétés n° 90 du 3 décembre 2016


S’abonner au journal


1 commentaire
Poster
Stéphane Lendeberg
- il y a 8 ans
Comment accéder au droit quand certains magistrats le piétinent et que les requêtes présentées au Conseil supérieur de la magistrature pour dénoncer ces abus sont rejetées à 97 % ?

Nos derniers articles