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Conseil des ventes - Bilan des ventes aux enchères France et international 2017

Conseil des ventes  - Bilan des ventes aux enchères France et international 2017
Publié le 15/05/2018 à 13:53


Le Conseil des ventes (CVV), autorité de régulation des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques, a présenté le 10 avril dernier un bilan synthétique des chiffres France et international des ventes aux enchères en 2017. Présentation des chiffres clés des ventes par spécialité, focus et analyses transversales ont permis de mieux comprendre les évolutions d’un secteur qui vit aujourd’hui des mutations accélérées.



Le bilan livré le 10 avril dernier par le Conseil des ventes volontaires est une synthèse des résultats de l’enquête menée en 2017 auprès des opérateurs, dans le cadre de la mission du groupe d’Observatoire économique du CVV. Trois tendances émergent clairement de ce bilan : une progression soutenue de +5,2 % des ventes aux enchères publiques en France (avec 3 milliards d’euros, le montant total adjugé atteint son plus haut niveau) ; une progression significative de + 6,1 % des ventes aux enchères publiques « Art et objets de collection » dans le monde (le montant total adjugé a atteint, en 2017, 28 milliards d’euros) ; une concentration du marché des ventes entre les mains de quelques acteurs dominant qui se renforce en 2017.

 


Le bilan en France


Pour la présidente du Conseil des ventes, Catherine Chadelat, « la situation française en 2017 est bonne, car nous avons une bonne progression, supérieure à la place londonienne ». On note aussi « l’émergence de scénario de ventes qui se diversifient avec un véritable travail de marketing », a-t-elle ajouté.


Certes, « la progression est moindre qu’entre 2015 et 2016 », a-t-elle reconnu, mais cela est dû à un secteur qui a beaucoup moins progressé, celui des « véhicules automobiles et matériels industriels » (+4,5 % seulement). Ainsi, au niveau mondial « la France apparaît comme un marché plutôt stable et en croissance continue. Avec seulement deux ventes exceptionnelles en 2017 et un poids relativement important de ses vingt principaux opérateurs (64,2 %), elle réalise une progression similaire à la moyenne du marché et confirme à la fois sa place de 4marché mondial, et sa part de marché mondial de 6 % », indique le document réalisé par l’Observatoire du CVV.


De fait, le montant total adjugé dans l’Hexagone (hors frais) a atteint des records en 2017.
Une progression de +5,2 % par rapport à 2016, supérieure à la moyenne des dix dernières années. Celle-ci concerne tous les secteurs, mais de manière inégale. Ainsi, a commenté la présidente du Conseil des ventes, le secteur « Art et objets de collection » a augmenté de +5,4 % ; celui des « Véhicules d’occasion et matériel industriel » de +4,5 % ; et de manière inattendue, le secteur « Chevaux » a lui progressé de +8,3 %.


D’abord, en ce qui concerne le secteur « Art et objets de collection », ce dernier est depuis trois ans en croissance. Mais les évolutions sont différentes selon les segments de ce secteur :


Ainsi, les ventes « Art et antiquités » ont progressé de +8 %, avec une augmentation très forte des ventes « art d’après-guerre et art contemporain » (grâce à quelques enchères millionnaires), ainsi qu’une hausse importante des ventes « mobilier et objets d’art du 20e siècle », et des ventes de « tableaux, dessins, sculptures impressionnistes et modernes ». On observe également une progression très nette des ventes de joaillerie et orfèvrerie (+8 %), mais des montants de ventes qui stagnent pour les « Autres objets de collection » et « les ventes courantes ».


Ensuite, concernant les « Véhicules d’occasion et matériel industriel », c’est surtout la croissance du nombre de véhicules d’occasion vendus aux enchères (266 000) qui explique la progression du montant total adjugé de ce secteur, ont expliqué les intervenants.


Enfin concernant les « Chevaux », c’est grâce à Arqana (le premier opérateur du secteur) qui a enregistré une augmentation de +5 % de son montant adjugé en 2017 que ce secteur a été aussi lucratif.


Plus précisément, quelle est la situation des différentes maisons de ventes sur le marché français ?


« Le duopole Christie’s et Sotheby’s s’affirme aussi bien à l’international qu’en France et il y a un décrochage d’Artcurial », a commenté Catherine Chadelat. Dans le classement des vingt premiers opérateurs de vente dans l’Hexagone, on retrouve en tête VP Auto, puis BCAuto Enchères devant Christie’s France, ensuite Alcopa Auction, Sotheby’s France, et pour la première fois Arqana qui s’est placée devant Artcurial.


Pour ce qui est du secteur « Art et objets de collection », Christie’s a progressé de 40 % par rapport à 2016 (produit de ventes égal à 275 millions d’euros) et conserve la première place. En deuxième place, Sotheby’s a progressé de 11 % (202 millions d’euros). Artcurial est par contre en retrait de -8 % par rapport à 2016 (149 millions d’euros) à cause de la baisse du montant de ses ventes de voitures de collection. Quant à la maison Drouot, elle a connu une légère progression de ses ventes, de l’ordre de 2,7 %.


Quant à la répartition régionale, en termes de nombre d’opérateurs, on trouve en premier l’Île-de-France, puis la Bretagne et les Hauts-de-France.



Le bilan dans le monde


Concernant l’analyse internationale, le CVV a fait appel aux services de Harris interactive, qui a réalisé la collecte des données auprès des opérateurs de ventes, et effectué le calcul des données agrégées.


Après une baisse très importante en 2016 (-12,6 %), l’année 2017 s’est révélée très rentable, même si la progression n’a pas permis de retrouver le montant total des ventes de 2015
(il était de 30 milliards d’euros). Plus particulièrement dans le secteur « Art et objets de collection », le produit des ventes a progressé de +6,1 % par rapport à 2016, pour atteindre 28 milliards d’euros. Une augmentation qui, selon le bilan effectué par le CVV, « contribue à inscrire le marché sur une tendance de progression à long terme » (+109 % depuis 2009). Cette croissance s’est accompagnée d’une légère augmentation du nombre d’opérateurs actifs (+3 % par rapport à 2016). Le montant moyen adjugé par vente est lui aussi en hausse, et est passé de 575 070 euros l’an dernier à 681 000 euros en 2017, soit une augmentation d’environ 18 %.


Au niveau mondial, a commenté la présidente du Conseil des ventes, on est également frappé par « la montée extrêmement puissante des États-Unis après une baisse en 2016 (-10 % au moins) ». « La Chine reste certes première, mais l’écart est très serré avec les États-Unis », a-t-elle ajouté. À noter que deux géants génèrent à eux seuls 70 % de l’activité mondiale des ventes aux enchères.


Aux USA, la croissance du marché est liée surtout à quelques ventes exceptionnelles. Ainsi, 36 des 100 plus importantes adjudications de « Fine art » en 2017ont été réalisées à New York. Par exemple, la vente du « Salvator Mundi » de Leonard de Vinci, pour 450 millions de dollars, constitue un nouveau record mondial pour Christie’s. Et en 2017, ces 36 ventes ont représenté à elles seules 16,5 % du montant total des ventes dans le pays.


Pour ce qui est de la Chine, son premier opérateur de ventes est Poly Auction, en progression de 10 % et qui représente à lui seul 12,7 % du marché chinois. En outre, en 2017, 25 des ventes les plus importantes de « Fine art » ont été réalisées en Chine pour un montant total de 593 millions d’euros. Le marché chinois est cependant moins tourné vers l’international que celui des USA ou celui du Royaume-Uni. Ce qui se vend le mieux ce sont en effet les œuvres et objets de collection chinois et asiatiques à destination d’un public local.


Quant à l’Europe, après un net recul en 2016 (-18,8 %), le marché se stabilise. Avec cependant des disparités entre les pays.
Le Royaume-Uni reste en tête (il représente près de la moitié du marché européen), la France conserve sa deuxième place, et la Suisse la troisième. La France a connu la progression la plus importante d’Europe (+5,4 %, passant de 1,7 milliard d’euros en 2016
à 1,8 milliard d’euros en 2017).


Le Royaume-Uni est passé de 3,1 milliards d’euros en 2016 à 3,2 milliards d’euros en 2017, soit une progression de 2,8 % (+4,1 % en livres sterling). L’Allemagne est restée stable (-0,5 %). Quant à l’Autriche (-9,6 %) et la Suisse (-16,2 %), l’année 2017 n’a pas été très bénéfique.

 


Un marché très concentré


En 2017, la concentration du montant de ventes entre les mains de quelques acteurs dominants s’est renforcée. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte de retour en force des ventes du segment du très haut de gamme dans le secteur « Fine Art ». De fait, en 2017, 133 œuvres ont été vendues pour 10 millions d’euros ou plus, contre 82 en 2016 et 160 deux ans avant. Au niveau international, ces ventes exceptionnelles représentent un montant total de 3,4 milliards d’euros. Et, il est important d’ajouter que sans ces ventes, la croissance du marché mondial n’aurait été que de 0,9 % l’année dernière. « Plus que jamais, la croissance de 2017 met en lumière la concentration et la dualité du marché, entre d’une part, un segment haut de gamme très dynamique, mais volatile et d’autre part, un segment de gamme moyenne plus atone, mais stable », précise le document élaboré par l’Observatoire économique du CVV.


En 2017, la liste des vingt premières maisons de vente mondiales est à peu près semblable à celle de 2016. Seules deux sociétés chinoises sont entrées dans le classement au détriment de deux autres sociétés du même pays.
Les deux premiers opérateurs du classement restent Christie’s et Sotheby’s. Leur montant des ventes cumulées a progressé de +17 %, elles ont réalisé ainsi 57 % du total des vingt premières sociétés.


Avec près de 15 milliards d’euros d’adjudications cumulées, les dix premières maisons de ventes concentrent 53 % du montant total des ventes dans le monde, contre 50 % en 2016. À noter que Christie’s demeure la première maison de ventes du monde.
Elle a de plus creusé l’écart avec son concurrent historique Sotheby’s, avec près de 1,2 milliard d’euros de ventes supplémentaires en 2017, pour un total de ventes de 5,3 milliards d’euros.


Avec 450 millions de dollars de ventes publiques en 2017, c’est l’artiste Leonard de Vinci qui a généré le volume d’affaires le plus élevé, prenant ainsi la première place à Zhang Daqian. Quatre artistes chinois sont également présents dans ce classement des dix volumes d’affaires les plus importants en « Fine Art », ce qui témoigne de la vitalité du marché chinois et des ventes des artistes chinois en 2017.


Après la présentation synthétique de ces chiffres et de leurs analyses, des focus plus précis ont été rapidement présentés, notamment sur les thèmes suivants : « Les ventes émergentes – la scénarisation des ventes » ; « Les ventes aux enchères de Design en France » ; « Les réseaux sociaux et le marketing des ventes aux enchères » ; « Le poids des ventes dites exceptionnelles sur le marché global en Art et objets de collections ». Ceux-ci sont à retrouver dans leur intégralité sur le site du Conseil des ventes volontaires.

 


Maria-Angélica Bailly


 


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