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Cour d’appel de Bordeaux – Installation de la première présidente

Cour d’appel de Bordeaux – Installation de la première présidente
Publié le 20/06/2018 à 09:51

Présider la cour d’appel de Saint-Denis prédestinerait-il à présider celle de Bordeaux ? C’est en tout cas le hasard voulu par l’installation de Gracieuse Lacoste, le 4 juin dernier. Succédant de nouveau à Dominique Ferrière après plusieurs années à la tête de l’institution regroupant les juridictions de Mayotte et de la Réunion, tout comme ce dernier avant elle, la magistrate a ainsi pris officiellement à son tour les rênes de la juridiction bordelaise, à deux pas de l’École nationale de la magistrature – un retour aux sources, en somme. Lors de son discours d’audience solennelle, la Première présidente fraîchement établie a fait état d’une justice en proie aux mutations de la société, n’oubliant pas de souligner au passage la difficulté de dire le droit : « Rendre la justice dans un monde complexe reste notre lot quotidien. Nos juridictions sont des lieux de tensions et de conflits où sont évoqués des événements, parfois dramatiques, des questions juridiques, parfois dans le silence de la loi, alors que les magistrats du siège ne peuvent jamais refuser de statuer », a-t-elle ainsi pointé.

Et d’affirmer : « La fonction de juger, dont l’institution judiciaire n’a pas le monopole, est essentielle dans un État de droit, car elle permet tout simplement de vivre ensemble. Ce rôle éminent justifie que nous fassions preuve d’ouverture de nos juridictions sur la société mais aussi que nous partagions une réflexion régulière avec les autres ordres de juridiction, [et] je m’y emploierai. » Une mission à concilier avec la prochaine mise en œuvre de la loi de programmation et de réforme de la justice, dont la perspective fait frémir bien des magistrats. Si elle ne pouvait guère faire l’impasse sur le volet de la « justice numérique » – une expression décidément très à la mode –, face à la justice prédictive et aux algorithmes, Gracieuse Lacoste s’est avancée prudemment. Certes, la justice doit s’approprier les évolutions techniques, mais, la juge en est convaincue, le numérique n’est qu’un outil de simplification et ne doit pas devenir davantage que cela. La nouvelle Première présidente l’a assuré : il est possible de « passer à la justice numérique en évitant la fracture numérique ». « Nous devons accepter de changer nos méthodes de travail, veiller à conserver une vraie collégialité et travailler en équipe avec ces nouveaux métiers qui ont fait irruption dans le monde de la justice ».

 

Bérengère Margaritelli

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