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Défenseur des droits : hausse de la demande d’accès aux droits et d’égalité dans l’accès aux services publics

Défenseur des droits : hausse de la demande d’accès aux droits et d’égalité dans l’accès aux services publics
Publié le 27/05/2019 à 15:34
Dans son rapport annuel 2018, rendu public en mars dernier, le Défenseur des droits pointe une hausse des réclamations, particulièrement à l’égard des services publics.

 


Le Défenseur des droits a rendu public son rapport d’activité annuel : en 2018, l’institution a reçu 95 836 dossiers de réclamations, en augmentation de plus de 6 % par rapport à 2017, et de 13 % sur les deux dernières années.


Si le nombre de réclamations s’avère en hausse dans l’ensemble de ses domaines de compétence, point saillant, c’est en matière de défense des droits des usagers des services publics que les chiffres sont les plus éloquents. En effet, le rapport souligne que 94 % des réclamations adressées aux délégués du Défenseur des droits « soulèvent une difficulté dans la relation des usagères et usagers avec les services publics », soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, notamment en matière de protection sociale, circulation, droit des étrangers ou fiscalité.


Une situation dont s’est alarmé Jacques Toubon, qui a rappelé lors de la conférence de presse présentant ce nouveau rapport, le 12 mars dernier, que « L’accès au service public et l’accès au droit par les services publics doit être assuré pour tous ». « C’est le nœud même de notre travail, a-t-il martelé. La République ne peut pas accepter de faire des laissés-pour-compte de l’action administrative et de l’action des services publics. »


L’institution indique en effet que les services publics sont censés jouer « un rôle essentiel d’intégration civique et sociale », mais identifie plusieurs obstacles. « La réduction du périmètre des services publics, leur privatisation progressive, leur dématérialisation, la complexité des dispositifs, l’éloignement du contact humain ainsi que la restriction des moyens budgétaires qui leur sont alloués contribuent à créer un sentiment diffus et dangereux de rupture entre les usagers, notamment précaires, et les services publics », alerte-t-elle.


 


La dématérialisation et le « silence des administrations » dans le viseur


Sur la dématérialisation des démarches administratives en particulier, le Défenseur des droits regrette entre autres que « lorsqu’un service est dématérialisé trop rapidement, les problèmes techniques ne sont pas suffisamment appréhendés en amont, ce qui se répercute sur les usagers confrontés à des situations de non accès aux droit ».


Ainsi, illustre le rapport, lorsque l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) a été chargée de délivrer les permis de conduire et les certificats d’immatriculation à la suite de la suppression des guichets dans les préfectures, prévue par le Plan Préfectures Nouvelle Génération (PPNG), « des milliers de personnes ont saisi le Défenseur des droits à cause de blocages informatiques, de difficultés à joindre les services ou à accéder aux points numériques, de délais de traitement excessifs, etc. ». Le rapport incrimine également la persistance des zones blanches et grises, indiquant que plus de 7,5 millions de personnes sont privées, en France, d’une couverture Internet de qualité ; mais aussi le manque de formation, puisque presque une personne sur deux trouverait difficilement une information administrative sur Internet. Des lacunes qui, selon lui, « contribuent à un abandon des démarches administratives de la part d’une partie de la population qui se trouve exclue de fait de l’accès à ses droits ».


Le Défenseur des droits recommande donc de « conserver des lieux d’accueil physiques » pour « garantir une présence humaine dans les relations des services publics avec leurs usagers ». « J’encourage bien évidemment les réformes et le progrès, mais ces derniers doivent atteindre un équilibre, et doivent être faits en considération de ceux auxquels ils s’appliquent, et non pas uniquement en fonction des impératifs budgétaires ou techniques des services qui les mènent »,
a affirmé Jacques Toubon le 12 mars dernier.


Autre difficulté rencontrée par les usagers, observe le rapport, celle de la non réponse et l’inaccessibilité des administrations, car sur l’ensemble des réclamations concernant les relations avec les services publics, plus de la moitié concernait en 2018 l’absence de réponse, d’écoute et de prise en considération des arguments avancés, des délais de réponse trop importants ou une absence de réponse. « Ces situations entraînent bien souvent l’abandon des démarches administratives, en particulier par les usagers les plus précaires. Si des difficultés étaient déjà perceptibles avec les préfectures, le service public de la justice et les petites communes rurales, elles sont particulièrement prégnantes en ce qui concerne les organismes sociaux », déplore le Défenseur des droits. Pour remédier au problème, l’institution participe ainsi à un dispositif expérimental de médiation préalable obligatoire, avant la saisine du juge administratif, pour certaines décisions relatives aux droits sociaux (RSA, APL et prime exceptionnelle de fin d’année), en test dans six départements. Le but : offrir à un public précaire, pour lequel l’accès au juge est souvent difficile, « un espace d’intervention rapide, en équité, permettant de renouer le dialogue et propice à l’accès aux droits ».


 


Bérengère Margaritelli


 

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