Lors de sa « semaine de
l’impact », le réseau Morning Coworking
organisait, le 4 février dernier, à Paris, une matinée autour des
entreprises à mission et du label B Corp. De plus en plus d’organisations
cherchent en effet, via leur modèle économique, à être « meilleures pour le
monde ». Compte rendu.
Quel peut être l'impact de son organisation ? Comment agir pour le
développer, le valoriser, le mesurer ? Début février, Morning Coworking a
lancé sa « semaine de l’impact », « pour découvrir et
s'inspirer de ceux qui font mieux » à travers une série de
conférences, ateliers, rencontres, à destination des entreprises souhaitant
faire bouger les lignes.
Alors que la raison d’être agite de plus en plus le monde de
l’entreprise, le 4 février dernier, le réseau a notamment mis en lumière
plusieurs modèles de gouvernance responsable.
Le B Corp, cela ne vous dit rien ? Il s’agit pourtant d’une
certification en vogue, en référence aux « benefit corporations »,
venue tout droit des États-Unis.
Le label regroupe des entreprises à but lucratif qui souhaitent
progresser et démontrer leur impact positif en étant évaluées sur leur
performance globale. Des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, qui
cherchent, via leur modèle économique, à être « non pas
meilleures au monde, mais meilleures pour le monde », comme le veut
leur adage.
Derrière ce label des entreprises engagées, le B Lab, ONG
internationale fondée en 2006, dotée d’une branche française depuis quelques
mois – B Lab France. Son délégué général, Augustin Boulot, présent lors de
cette matinée, a résumé : « B Corp est à une organisation ce que
les labels bio et fairtrade peuvent être à un produit. Au cours
des 20-30 dernières années, on a de plus en plus cherché à mettre en avant
des produits bien fabriqués, bien distribués. Aujourd’hui, on passe à la
dimension supérieure, pour que ne soient pas seulement valorisés et certifiés
des produits, mais toute une organisation dans son ensemble. »
Une démarche
de progrès
Plus de 3 200 entreprises dans le monde sont à l’heure
actuelle labellisées B Corp. Ces dernières s’inscrivent dans une démarche
de responsabilité, en modifiant leurs statuts et en y engageant les
actionnaires, les parties prenantes de l’entreprise, mais aussi en inscrivant
l’impact recherché dans leur objet social.
Pour Augustin Boulot, il s’agit d’entreprises « pionnières ».
« Pionnières car elles ont démontré, par une auto évaluation et un
processus d'audit, des performances sociétales et environnementales très
élevées », a-t-il salué. Ces entreprises s’inscrivent en outre dans
une politique de transparence : leur profil est accessible à tout le monde,
leur score, visible jusque dans le détail. « Il y a aussi une forte
notion de progrès, car tous les trois ans, les entreprises doivent se refaire
certifier, démontrer qu’elles ont progressé. »
Démarche de
progrès qui s’inscrit dans une transformation globale, un changement d’état
d’esprit de la part des organisations qu’Augustin Boulot a vivement
encouragé.
Le délégué
général de B Lab France est à ce titre revenu sur une phrase entendue lors
de l’événement Change Now, « première exposition universelle des
solutions pour la planète » qui s’était déroulée au Grand Palais fin
janvier, opérant un parallèle entre l’entreprise et l’être humain :
« Une entreprise a besoin d’être rentable, d’être financièrement saine,
pour survivre, de la même façon que l’être humain a besoin d’oxygène pour vivre
et pour survivre. Mais on ne se lève pas tous les matins en se disant “il
faut que je respire” : les entreprises doivent donc petit à petit
sortir de ce schéma où elles se disent “je dois être rentable à tout prix,
c’est ma seule raison d’être, ma seule mission” », a-t-il repris.
Augustin Boulot a en effet estimé que les entreprises avaient vocation à avoir
d’autres missions, sans négliger les actionnaires et la rentabilité, qui sont,
selon lui, de simples outils, des leviers pour leurs missions d’intérêt
général, ou en tout cas plus larges, plus sociales et plus environnementales.
« Que les entreprises soient labellisées B Corp, qu’elles visent
les objectifs de développement durable de l’ONU, par l’ESS, par l’AFNOR, etc.
Il y a plein de démarches qui poussent vers la transformation de l'économie. Je
pense qu’on est en train de passer de l’économie du XXe siècle
à une économie de demain, du stakeholder value : on place à un
niveau égal les actionnaires, les clients, l’impact local, la collectivité, les
collaborateurs et la planète. Ça, c’est un vrai changement de paradigme. »
Les
entreprises ne sont d’ailleurs pas les seules à faire montre d’appétence au
changement. La bascule a également lieu du côté des décideurs publics, avec la
loi PACTE qui invite les entreprises à se poser la question de leur raison
d’être et de leur mission, et la prise de conscience médiatique dans le débat
public, a indiqué Augustin Boulot. « Beaucoup de choses se passent et
démontrent un engagement général dans la transformation. L’heure a sonné de s’y
mettre, et cela tombe bien : de plus en plus de monde souhaite se
lancer ! »
D’autant
qu’au-delà de la conviction d’inscrire son entreprise dans un projet durable,
être labellisé B Corp présenterait un certain nombre d’avantages, a fait
valoir le délégué général de B Lab France, et notamment pour protéger sa
mission, ce qui n’est pas forcément évident, surtout quand l’entreprise est
impliquée dans des opérations de rachat par des actionnaires plus grands, avec
le risque que ces missions et valeurs disparaissent. Mais encore, pour
construire des partenariats avec d’autres entreprises B Corp, ou qui
s’inscrivent dans une démarche similaire. Par ailleurs, en termes de
financement, de plus en plus de fonds (notamment de fonds à impact) exigent
qu’un certain nombre de critères sur ces sujets-là soient remplis. Enfin, cela
permet aussi d’étudier sa structure en profondeur, d’effectuer un véritable
travail d’introspection, pour les entreprises qui se lancent : « que
fait-on déjà de bien ? Que peut-on faire de mieux ? », tout
en faisant partie d’une trajectoire globale.
Mesurer sa
performance avec le BIA
Reste la
question de savoir comment devenir B Corp. Comme l’a expliqué Augustin
Boulot, il s’agit dans un premier temps de procéder à une évaluation de sa
performance extra-financière avec le « BIA », pour B Impact
Assessment, outil en ligne gratuit.
Objectif :
atteindre, au minimum, 80 points sur 200. Ces points sont attribués en
fonction des réponses données à un panel de questions balayant
cinq branches d’activité : la gouvernance de l'entreprise (processus
décisionnel), les collaborateurs (pratiques salariales, écarts de salaire,
bien-être au travail…), l’implication des activités de l’entreprise dans son
environnement local (cette dernière s’appuie-t-elle sur des fournisseurs
locaux ? Fait-elle partie de programmes locaux de réinsertion ?), son
impact sur l'environnement (mesure de son empreinte carbone, impact sur la
biodiversité), et enfin, ses clients. Le BIA cherche en outre à valoriser les
modèles d’affaires vertueux : l’entreprise a-t-elle un impact
positif ? Cela permet aussi de marquer des points.
Lorsque les
80 points sont atteints, l’évaluation doit alors être confirmée au cours
d’un audit. Puis l’objet social peut être modifié dans les statuts.
Augustin
Boulot a nuancé : selon les structures, cela peut prendre plus ou moins de
temps de se faire labelliser. Pour les grandes structures, aboutir à la
certification peut ainsi prendre plusieurs années. À l’instar de Danone :
en 2015, le groupe a annoncé vouloir réussir à devenir B Corp d’ici 2030.
« Ils savent que cela va leur prendre 15 ans, alors ils procèdent
entité juridique par entité juridique », a souligné le délégué général
de B Lab France : ainsi, Bledina et Les deux vaches ont toutes deux
été labellisées.
Toutefois, le BIA peut aussi simplement être utilisé par une entreprise
pour se procurer un état des lieux quasi exhaustif de sa performance, sans
labellisation à la clef ; uniquement pour se fixer des objectifs. À ce
titre, 60 000 entreprises dans le monde l’utilisent au quotidien,
afin de se doter d’un outil de pilotage dans sa transformation. « Le
label B Corp n’est pas une fin en soi, on le considère vraiment comme une
démarche qui doit être conduite et en permanence alimentée dans le temps. Ce
qui est important, c’est que les entreprises s’emparent d’outils. On devrait se
faire accompagner en continu sur ces sujets-là », a insisté Augustin
Boulot.
Les versions
du questionnaire évoluent elles aussi tous les deux ans, améliorées par
des comités scientifiques, par de nouvelles normes, mais aussi par les
entreprises elles-mêmes, puisque ces dernières ont la possibilité, sur chaque
question, de faire remonter leurs suggestions.
Augustin
Boulot a par ailleurs précisé que le BIA était désormais connecté aux objectifs
de développement durable de l’ONU et du « Global Compact », ou
« Pacte mondial », initiative des Nations unies qui vise à inciter
les entreprises du monde entier à adopter une attitude socialement responsable
en s'engageant à intégrer et à promouvoir plusieurs principes relatifs aux
droits de l'homme, aux normes internationales du travail, à l'environnement et
à la lutte contre la corruption. « Toutes les entreprises qui auront
ouvert un compte sur le BIA auront des points B Corp et également une
traduction des réponses dans les objectifs de développement durable de
l’ONU », a détaillé Augustin Boulot. Une première convergence entre
plusieurs outils de mesure, d’études et d’évaluation d’impact que le délégué
général de B Lab France a qualifiée de « géniale », car
cela « permet à tout le monde de parler le même langage ».
« C’est un outil de plus pour les entreprises qui ont envie de se
lancer dans une démarche ODD (objectifs de développement durable) de mesurer la
façon dont elles y arrivent ; quels sont les ODD sur lesquels ils doivent
se concentrer », a ajouté Augustin Boulot.
100
entreprises B Corp en France
En France,
une centaine d’entreprises ont franchi le pas B Corp. Parmi elles,
Valrhona, société de l’industrie agroalimentaire spécialisée dans le chocolat,
certifiée depuis janvier 2020 grâce à ses 88,3 points ; Dynamo
cycling, start-up dans le domaine de « l’indoor cycling »
(vélo en intérieur), labellisée depuis décembre 2019, avec 80,5 points, ou
encore le cabinet de conseil spécialisé en immobilier ARP Astrance, certifié
depuis octobre 2017, qui compte 83 points au compteur, mais également
Citizen Capital. Laurence Méhaignerie, présidente et co-fondatrice de ce fonds
d’investissement, elle aussi présente à l’occasion de cette matinée d’ateliers
et de conférences, est revenue sur son expérience B Corp. L’entreprise a
été certifiée en 2015 quand le label est arrivé en France, et a d’ailleurs été
le premier fonds d’investissement à le recevoir.
« On
s’est reconnus dans un mouvement qui établissait des synergies fortes entre le
fait de faire du business et le fait d’avoir une contribution claire aux enjeux
sociaux et environnementaux. On croit beaucoup dans la nécessité d’avoir des
entreprises qui deviennent contributrices aux enjeux sociaux et
environnementaux, et pas uniquement en termes de responsabilité sociale ;
en termes de mission. » Citizen Capital a également été intéressé par
B Corp pour rallier au label des entreprises dans lesquelles le fonds a
investi : Camif, en premier lieu (entreprise de e-commerce spécialisée
dans l'aménagement local et durable de la maison), rejointe par le site de crowdfunding
Ulule. « On continue aujourd’hui à embarquer quelques entreprises vers
le label. En tant que fonds, on était très attirés par la partie customer,
mission lock (mécanisme qui garantit que l'objectif social prévu d'une
entreprise reste son objectif principal à long terme, ndlr) ;
quelle est la contribution du modèle d’affaires. On a gagné beaucoup de points
sur tout ce qui est lié à la façon dont nos rémunérations sont associées à des
objectifs d’impact, au fait qu’on ait des objectifs en amont de
l’investissement, ce qui fait que notre modèle d’affaires est aligné avec nos
objectifs d’impact. »
Citizen
Capital, bientôt société à mission
Mais Citizen Capital n’a pas souhaité s’arrêter en si bon chemin. Outre
la certification B Corp, le fonds d’investissement est en effet en train
de devenir une société à mission, en tant que société de gestion financière.
« L’articulation avec le label B Corp est intéressante. Pour moi, le
B Corp est une photographie qui nous a permis de voir où on en était.
Maintenant, nous essayons de ne pas nous reposer dessus », a signalé
Laurence Méhaignerie.
L’entreprise à mission a été consacrée, a rappelé cette dernière, dans
le cadre de la loi PACTE « comme la qualité d’affirmer, de définir un
intérêt social, une mission, une “raison d’être”, qui affirme un objectif de
l’entreprise autre que de faire du profit, et qui apporte une contribution
claire au monde », a-t-elle spécifié. La particularité de cette
démarche est qu’elle est libre, puisqu’elle appartient aux parties prenantes de
l’entreprise. « En résumé, c’est le fait de déterminer au service de
quoi l’entreprise veut mettre son business, a schématisé Laurence
Méhaignerie. L’entreprise à mission est un modèle d'entreprise où
l’assemblée générale, donc les actionnaires, reconnaît un intérêt propre de
l’entreprise, qui est une forme de contribution particulière qu’elle définit
elle-même. Il y a plein de trous dans la raquette ; tout un tas
d’aspects traités par le B Corp ne sont ici pas pris en compte, comme la
manière dont on traite ses salariés, la façon dont sont managés les hommes et
les femmes, ou celle dont ils sont associés au capital… On regarde vraiment la
mission, qui doit être très liée au modèle économique : comment le modèle
économique de l’entreprise contribue à changer les choses », a indiqué
la présidente de Citizen Capital. Une démarche davantage adaptée aux
entreprises non cotées qui ont un actionnariat qu'elles cherchent à emmener
avec elles. En effet, dans les entreprises cotées, les actionnaires sont
souvent uniquement là pour des raisons de placement boursier.
Comment le fonds d’investissement de Laurence Méhaignerie s’est-il
destiné à devenir entreprise à mission ? Sa fondatrice a témoigné :
« En même temps que B Corp, on a commencé à établir des liens
forts avec une équipe de chercheurs de l’école d’ingénieurs de Mines Paris
Tech : ils ont été des inspirateurs importants des briques entreprises et
mission sociale de la loi PACTE. » Depuis la crise de 2008, ces
derniers travaillent sur la nature de l’entreprise : qu’est-ce qu’une
entreprise, à qui appartient-elle, à quoi sert-elle, en revisitant la vision
traditionnelle de l’entreprise dominée par l’approche classique de Milton
Friedman, économiste américain qui affirmait que la responsabilité sociale de
l'entreprise est d'accroître son profit. Ces travaux ont conduit l’équipe de
chercheurs à explorer des formes d’entreprises nouvelles, et notamment des
formes d’entreprises qui ont un objet social étendu, avec un objectif de
contribution social ou environnemental clairement affirmé, qui a de la force
s’il est reconnu par des associés, des investisseurs, des actionnaires.
De quoi
inspirer Citizen Capital.
Entreprise à
mission : « un cheminement »
Critère important, a insisté Laurence Méhaignerie, l’entreprise à
mission est « un cheminement ». « Personne ne vous
tamponne : c’est une qualité, pas un statut. »
Par ailleurs, cette dernière a affirmé que le fondement d’une société à
mission résidait dans une forme d’innovation : « On définit
quelque chose dont on ne sait pas exactement où on va arriver. C’est ça qui est
aussi enrichissant : assumer qu’en face de vous, des gens soient capables
de comprendre que vos objectifs sont difficiles à atteindre. »
Le « cheminement » évoqué par la présidente de Citizen Capital
peut, comme pour le label B Corp, prendre plusieurs mois voire plusieurs
années. « Il se fait en plusieurs grandes étapes, et la première
question à se poser est bien sûr : à quoi on sert ? Ce n’est pas
simple, même pour des entreprises nées avec des missions assez claires. Quand
vous parlez avec vos salariés, vos parties prenantes, vos fournisseurs, c’est
un exercice intéressant qui fait re-questionner un certain nombre d’enjeux,
l’alignement entre ce que vous dites et ce que vous êtes. C’est une façon de
travailler à devenir ce que l’on est », a assuré Laurence Méhaignerie,
qui a d’ailleurs évoqué que sa propre entreprise s’était fait accompagner à ce
titre, pour avoir un retour : « Recueillir la vision de nos
parties prenantes, savoir la façon dont elles nous perçoivent, c’est quelque
chose que l’on ne s’est pas sentis légitimes à faire. On ne l’a pas
complètement fait pour la définition de la mission, mais surtout pour décoller
nos regards », a-t-elle admis.
Deuxième grande étape : les engagements, que la loi PACTE appelle
« objectifs », inscrits dans les statuts avec la mission. Poursuivre
une mission, qu’est-ce que cela signifie ? « Pour une des
entreprises dans lesquelles on a investi, Open Classrooms, sa mission était de
rendre l'éducation plus accessible et de rendre les gens employables
immédiatement après la fin de leur formation. Le travail qu’on fait avec eux en
amont de l’investissement se fait autour de la traduction concrète de ces
engagements. On décline cette mission en objectifs puis en indicateurs :
qu'est-ce qui permet de s’assurer de l’accomplissement de la mission dans le
temps ? On fait un tel exercice en amont, avant notre investissement dans
l’entreprise, mais il y a aussi un vrai travail à effectuer après
l’investissement », a rapporté Laurence de Méhaignerie. Le dernier
acte consiste enfin dans la création d’un comité de mission prévu par loi
PACTE. Puis la mission est validée par un tiers indépendant et déposée au
greffe.
Synergie
entre croissance et impact
« Notre fonds se situe sur un modèle de synergie entre
croissance économique et impact. On estime que l’impact doit nourrir le modèle
économique et que le modèle économique doit permettre de démultiplier l’impact »,
a indiqué Laurence de Méhaignerie. Une maxime qui fonctionne avec un certain
nombre d’entreprises, mais pas toutes : en effet, certaines ont une
tension intrinsèque entre impact et modèle économique, comme les entreprises
d’insertion par exemple. La présidente de Citizen Capital a ajouté :
« On réfléchit à avoir un modèle de fonds où l’on ne rend pas d’argent
aux investisseurs mais où l’on rend la monnaie. Aujourd’hui, notre vision de
croissance est ambitieuse. Quand on investit dans une start-up,
potentiellement, en cinq ans, on peut au moins multiplier sa valeur par deux.
Il y a une tendance de l’impact à vouloir imiter les financiers, à ce que
tout soit très monétisable, nous on pousse pour aller vers du qualitatif. »
Laurence de Méhaignerie
a par ailleurs averti : si un écart est jugé avéré entre engagements et
réalité, une entreprise peut très bien être déchue de sa qualité de société à
mission – une sentence qui sera alors rendue publique. Comme pour le
B Corp, la transparence est en effet de mise. Mais pas que : « Il
y a aussi le risque qu’on vous attaque, car votre mission est opposable aux
tiers. C’est d'ailleurs ce qui a fait peur aux instances comme le Medef, qui
pensent que la loi PACTE modifie profondément la nature de l’entreprise en
rendant son objet opposable aux tiers », a-t-elle souligné.
Pour mieux
sensibiliser aux problématiques qui peuvent être rencontrées dans le cadre de
sa mission, le fonds d’investissement, avec le concours d’une cinquantaine de
dirigeants et Mines Paris Tech, a lancé une communauté des entreprises à
mission.
Sa vocation : rassembler toutes les sociétés qui se reconnaissent dans ce
type de démarche et « susciter du partage entre pairs, car nous sommes
tous apprenants sur ce sujet », a appuyé Laurence de Méhaignerie.
« Nous contribuons tous à faire avancer la recherche : les
chercheurs se nourrissent des praticiens pour faire avancer la recherche, et
les entreprises sont intéressées, car embarquer ses salariés dans une réflexion
de ce type, c’est loin d’être toujours évident », a-t-elle
attesté.
Faire le
bien en faisant du business est donc possible, mais loin d’être un long fleuve
tranquille.
Bérengère Margaritelli