Ce
1er juin, jour anniversaire de ses 79 ans, rien ne prédisposait Charles Vallée
à être parmi nous… pour la dernière fois.
Il
nous a quittés un 11 juin, succombant à une violente attaque cérébrale qui a
anéanti son cerveau, berceau du savoir et de l’intelligence qu’il distillait
auprès de nous depuis son apparition dans nos instances en 1992.
Fidèle
à lui-même, souriant et affable, il s’était discrètement assis à la droite du
secrétaire général du Gouvernement, Marc Guillaume, l’invité du comité
directeur du Syndicat de la presse économique juridique et politique. Il le
connaissait parfaitement comme tous ces brillants commis de l’Etat qu’il avait
contribué à façonner depuis son passage à la direction des études de l’ENA.
Toute
sa carrière, Charles l’a menée sous le prisme de l’intérêt général et des
valeurs du droit.
Né
en 1939 à Rennes, il exerce tôt son autorité naturelle comme maître d’internat
au collège technique de Laval, tout en menant des études doctorales qui le
conduiront jusqu’à l’agrégation de droit public. Il enseigne à Paris X et Paris
V, à l’Université de Metz puis à celle de Rouen ; plus tard à Dauphine.
On
est en 1982 quand il rejoint en tant que directeur des études pour six ans
l’École nationale d’administration où il fut appelé par Simon Nora, et
poursuivit son action auprès de Roger Fauroux. Une époque charnière qui vit
l’école s’ouvrir sur l’extérieur, avec notamment la création du controversé
troisième concours. Cette responsabilité lui a conféré une stature au sein de
la haute fonction publique dont les membres, au-delà des élèves des neuf
promotions qu’il avait côtoyées, lui étaient redevables du travail de
modernisation qu’il avait contribué à mettre en œuvre. Quant à lui, il les
regardait avec une part d’admiration et de satisfaction du travail accompli.
Son
implication dans l’édition commence en 1972, alors qu’il devient pour dix ans
secrétaire de la rédaction de la « Revue générale de droit international public
».
Ayant
quitté l’ENA, devenu directeur des affaires générales internationales et de la
coopération au ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des
Sports, il y crée alors la « Lettre d’Information Juridique » qui existe
toujours.
Mais
les choses sérieuses débutent en septembre 1991, alors qu’il prend la
présidence direction générale des Editions Dalloz Sirey. Il accompagnera les
développements de l’éditeur aux marques prestigieuses pendant plus de
vingt-cinq ans ; du Groupe de la Cité aux Editions Lefebvre Sarrut en passant
par Havas SA, Vivendi et Lagardère, mais surtout du support imprimé omniprésent
aux services en ligne incontournables.
Tout
au long de ce parcours, il avait intégré les bouleversements induits par le
numérique dont il était devenu un fervent utilisateur, le portable fréquemment
au bout des doigts. Infatigable, il avait créé en 2012 le Cercle Dalloz, afin
de contribuer au partage et à la diffusion des savoirs et des expériences
juridiques ; la prochaine rencontre devait se tenir mardi prochain.
Un
an après son arrivée à la présidence de Dalloz, Charles rejoint le comité
directeur du SPEJP dont il est vice-président à deux reprises avant d’en
assumer la présidence de 2002à 2009. Il en était président d’honneur.
Il
siégera également au Syndicat national de la presse médicale et des professions
de santé (SNPM) et fut premier vice-président de la Fédération Nationale de la
Presse d’information Spécialisée (FNPS) jusqu’en juin 2017. Membre actif de la
commission juridique tout au long de ces années, il en était le vice-président,
et c’est en cette qualité qu’il finalisa ces dernières semaines le modèle de
Charte déontologique. Il fut également président de la commission sociale du
Syndicat national de l’édition (SNE).
Fine
lame humoristique, Charles avait une façon bien à lui de prendre la parole. Tel
un sage, il se désaxait légèrement en posant son bras droit sur la table afin
de s’ouvrir à ses interlocuteurs, créant ainsi un espace de convivialité qu’il
emplissait d’une voix posée, pleine de savoir et de connaissance ; de
références illustres et de précisions essentielles. Esprit juste, il avait le
droit en excellence et l’autorité naturelle qui sied aux professeurs
d’Université. Prompt à défendre la collectivité du Droit et des éditeurs,
Charles était un homme de confiance et d’efficacité qui a beaucoup contribué à
la FNPS.
Les
éditeurs de la presse spécialisée et professionnelle adressent à sa famille et
à ses proches leurs condoléances très attristées.
Jean-Guillaume
d’Ornano, Président du SPEJP, et Laurent Bérard-Quélin, Président de la FNPS