« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le
nombre des années » : Pierre Corneille se serait sans doute
réjoui de voir un homme aussi jeune, brillant, éduqué et fier d’être Français
accéder à la magistrature suprême. Les membres de l’institution judiciaire et
les professionnels du droit en particulier sont-ils fondés à partager la liesse
et la fierté que suscite l’élection de notre nouveau président de la République
? Ils ont été si nombreux celles et ceux qui, attachés à un passé immobile et
dépassé, ont lutté contre les réformes indispensables et inachevées rendues possibles
par la loi du 6 août 2015 dite «
loi Macron ». Certains ont fini par suivre le sens du
vent ; d’autres résistent encore au progrès. Le président Emmanuel Macron a de
grandes ambitions pour la France ; puisse-t-il nourrir de fortes aspirations
pour la Justice. Dans ce domaine comme ailleurs, le travail est immense et
requiert un souffle de jeunesse : accomplir l’indispensable réforme
constitutionnelle qui permettra à la France de disposer d’un véritable pouvoir judiciaire,
dont l’indépendance sera garantie par la loi fondamentale des Français et non plus
par le chef de l’État, inscrire les droits de la défense dans la Constitution,
simplifier la dualité juridictionnelle en préservant la spécificité de la
juridiction administrative, transformer le Conseil constitutionnel en juridiction
suprême de plein exercice, sans les anciens présidents et seul maître des affaires
qu’il décide d’examiner, renforcer de façon très significative le budget de la
Justice, protéger nos juges et le respect qui leur est dû, mettre en œuvre une
politique pénale à la hauteur de la situation contemporaine, et assurer
l’avenir des professionnels du droit. Sur ce dernier point, il est
indispensable de poursuivre l’oeuvre entreprise dans le sens de la liberté et
de l’unité : formation commune des magistrats et des avocats, liberté
d’installation, décloisonnement des professions juridiques, rapprochement des
acteurs économiques et judiciaires, modernisation de l’offre de services… La
tâche est belle et passionnante. Bonne route, Monsieur le président de la République
!
François-Henri Briard,
Avocat au Conseil d’État et à la Cour
de cassation
Retrouvez la
composition du gouvernement dans le Journal Spécial des Sociétés n° 41 du 24
mai 2017
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