Depuis plusieurs années, Bénédicte Bévière-Boyer,
maître de conférences à l’université de Paris 8, et Jiayou Shi, professeur à l’université
Renmin de Pékin, organisent des colloques universitaires de grande qualité tantôt
en France, tantôt en Chine. Le 30 juin dernier, la chambre des notaires de
Paris avait la chance d’en accueillir un, intitulé « La famille en transformation France-Chine ». Pendant toute la journée, les intervenants se sont
succédé à la tribune pour exposer les changements relatifs au droit familial, à
la procréation, au divorce, au poids de l’identité des genres, ou encore à la
mutation du concept même de famille. Bref, un programme particulièrement riche.
Dans ce numéro, nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux propos
tenus concernant l’histoire et l’anthropologie des deux civilisations. Ces
sciences participent à la compréhension des mécanismes qui engendrent un ordre
adapté à une époque. Pour l’Occident, l’autorité paternelle et le patrimoine
sont les deux maîtres mots. Le père de famille dispose de tous les pouvoirs, et
la famille ne constitue que le récipiendaire d’un ensemble de biens qu’elle s’attache
à préserver. Mais, peu à peu, l’histoire moderne et la société de consommation assouplissent
ce modèle issu de l’Ancien Régime et de la Révolution. Et aujourd’hui, la cellule
familiale inclut des postulants qu’elle refusait auparavant, elle accepte
toutes les différences. En Asie, le culte des ancêtres impose le respect dû aux
aînés, et la hiérarchie très structurée attribue en priorité les moyens et les
droits aux premiers-nés. Les enfants se doivent à leurs parents, nul ne possède
quoi que ce soit. Tout appartient au clan, dont le chef assume la gestion et
les responsabilités. La vie clanique connaît une grande autonomie juridique et
économique. Puis, la Chine s’est ouverte au reste du monde et son système s’est
également modifié. Ainsi, le 24 mai 2017, l’interprétation numéro 748 des
Grands juges taïwanais (Cour constitutionnelle) a fait de l’île le premier pays
d’Asie à légaliser le mariage pour tous.
C2M