« Toute violation des droits de l’Homme me bouleverse,
mais celle des droits de l’enfant fait naître en moi une rage particulière », c’est par ces mots empreints de gravité que Maître Ashkhen
Harutyunyan, lauréate du prix du Mémorial et de la ville de Caen 2017, a entamé
son discours de remerciement. Organisé
par le Mémorial de Caen, le concours international de plaidoiries pour les
droits de l’Homme, qui a eu lieu cette année du 27 au 29 janvier 2017, invite tous
les ans avocats, élèves-avocats et lycéens à défendre une cause concrète en
lien avec les droits humains en rédigeant puis déclamant une plaidoirie.
Pertinente et émouvante, celle de la jeune avocate arménienne, portant sur le
phénomène du « rehoming » (pratique qui consiste à revendre les enfants adoptés)
exercé en toute impunité aux États-Unis, pays qui rappelons-le n’a toujours pas
ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant, a convaincu le
prestigieux jury de cette 28e édition. La jeune femme a reçu sa
récompense des mains du célèbre pénaliste Olivier Morice. Si étymologiquement,
l’enfant, du latin infans, c’est « celui
qui ne parle pas », cela ne signifie pas que ce dernier n’a
pas de rêve, a rappelé la lauréate. Celui de l’Haïtienne Nita, aujourd’hui âgée
de 19 ans, consistait simplement à avoir une famille. Adoptée à l’âge de treize
ans seulement, la petite fille a ensuite été cédée en ligne telle une vulgaire
marchandise. Parler d’eux « pour que leur
cause soit entendue et reconnue est une nécessité » a conclu Maître Harutyunyan. Défendre les droits de
l’Homme, et ce à n’importe quel prix, c’est aussi la conviction de Loïc Sarrat,
actuellement en 2e année à l’IXAD, et vainqueur du concours réservé aux
élèves-avocats. Dans son plaidoyer intitulé « Les droits de l’Homme contre Anders Breivik », il félicite la justice norvégienne qui, face à un
des pires criminels de son histoire, n’a pas abandonné ses principes « à l’avantage de la vengeance ». Le 20 avril 2016, en effet, le tribunal d’Oslo a
dénoncé les conditions inhumaines de détention du prisonnier, maintenu en
isolation complète depuis 5 ans. Quant au Guinéen Lancine Komara, du lycée français
Albert Camus, lauréat du concours de plaidoiries des lycéens, il a attiré
l’attention du jury sur le douloureux sujet de l’excision qui concerne dans le
monde plus de 125 millions de femmes, dont 50 000 Françaises.
Maria-Angélica Bailly
Retrouvez
le Concours international de plaidoiries du Mémorial de Caen dans le Journal
Spécial des Sociétés n° 15 du 22 février 2017
S’abonner au journal