L’Observatoire national de la profession
d’avocat du CNB (Conseil national des barreaux) a confié à l’Institut CSA la 5e
vague de l’étude « Profession d’Avocat ». Portant sur les bouleversements qui
touchent dès à présent la profession, elle se questionne sur ce que sera
l’avocat du futur.
La
profession évolue. L’avocat qui exerce en 2017 ne le fait pas de la même manière
que celui d’hier. Celui-ci s’adapte inévitablement à la société et aux problématiques
contemporaines, mais se doit aussi de travailler avec les nouvelles
technologies qui s’offrent à lui. Aussi, dans le fond et dans la forme, le
métier d’avocat tend à évoluer. L’Observatoire national de la profession
d’avocat tente ainsi d’imaginer comment excercera l’avocat de demain.
Alors que la
profession d’avocat est en pleine mutation, 54 % d’entre eux se disent
optimistes quant à son avenir (+8 par rapport à 2015). Toutefois, la concurrence (des autres
professions, telles que banquiers ou assureurs…), la pression sur les prix et
le low-cost apparaissent comme les trois principaux facteurs qui
menaceraient, à l’avenir, la profession.
L’accessibilité
de l’avocat, dont le rôle sera, pour 78 %, la défense de l’intérêt de son client et de faire valoir ses
droits, est importante pour 83 %
des interrogés.
D’ici 2030, ils sont 93 % à estimer
que l’exercice de la profession se fera via des outils qui modifieront
la nature et l’organisation de l’activité. 90 % affirment donc qu’il est important de posséder un site internet,
toutefois, ils ne sont que 67 % à déclarer
en posséder un. L’enquête révèle pourtant que « l’avocat
augmenté » serait l’un des quatre profils de l’avocat dans les années
à venir.
L’avocat
augmenté
Les
résultats de ladite étude démontrent que l’avocat connaît aujourd’hui, à
l’image de la société, une crise majeure. Cette « révolution
anthropologique » touche la profession, l’obligeant ainsi à introduire
dans ses pratiques le numérique. Cependant, cette adaptation doit se faire
correctement : c’est-à-dire « en profondeur et de manière
durable », souligne le président de l’Observatoire national de la
profession d’avocat, Louis-Georges Barret, qui affirme que « L’avocat
de demain doit incontestablement devenir un avocat augmenté ».
L’avocat
entrepreneur
« Le partage, la transparence et la confiance » sont, pour
Monsieur Barret, les trois grandes valeurs qui investiront les futurs cabinets,
cabinets qui, d’ici 2030, fonctionneront – et ce, pour une grande majorité des
interrogés (93 %) – comme des entreprises « car la recherche de
la rentabilité est indispensable ».
L’avocat
créatif
Face aux
nouvelles technologies et à la concurrence, notamment celle des legaltech
qui envahissent peu à peu les cabinets, l’avocat de demain sera créatif. « La profession d’avocat a toujours été dans
son histoire confrontée à des concurrences » souligne le
président de l’Observatoire, qui précise alors qu’aucune n’a « atteint le cœur de ce que constitue (notre)
[la] profession ».
L’avocat engagé
Enfin, l’avocat de demain sera engagé : « engagé dans la
société, mais aussi engagé dans la défense de l’humanité » ajoute
Monsieur Barret. En effet, l’avocat du futur devra développer ses capacités
managériales. Dans ce sens, il se doit d’être « attentif à l’éthique, à
la transparence, au respect de l’autre ». L’humain est ainsi replacé
au centre des priorités. Les nouvelles technologies, au service de l’avocat à
venir, permettent de libérer du temps, notamment dans les tâches
administratives longues et parfois chronophages. Ce temps acquis permet
d’établir un « meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et sa
vie personnelle » ; le « vivre mieux » comme
l’exprime le président Barret, afin que « sa profession n’emporte pas
l’intégralité de sa vie personnelle ».
Au sujet de
cette troisième révolution industrielle que nous vivons déjà aujourd’hui,
Monsieur Louis-Georges Barret souligne que de nombreux avocats ont déjà engagé
le virage du numérique, prenant présentement la voie de l’avocat de
demain : « Beaucoup de confrères ont désormais compris que, non
seulement il ne fallait pas éviter les nouvelles technologies et évidemment
encore moins les combattre, mais qu’il fallait, au contraire, s’en servir comme
des moyens, non seulement pour se développer, mais aussi pour vivre
mieux. » « Il faut (…) regarder les nouvelles technologies
comme une chance, un défi et non une angoisse » conclut-il, avant de
se vouloir rassembleur en se tournant vers l’Europe et ses confrères européens « qui
sont tous confrontés aux mêmes difficultés, aux mêmes défis, aux mêmes
angoisses, mais aussi, et surtout aux mêmes chances ».
Constance Périn