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La rémunération des juristes d’entreprise en hausse en 2019

La rémunération des juristes d’entreprise en hausse en 2019
Publié le 21/02/2020 à 12:27

L’AFJE (Association française des juristes d’entreprise) et le Cercle Montesquieu ont dévoilé les résultats de leur nouvelle enquête menée par Squaremetric consacrée à la rémunération des juristes d’entreprise en 2019. Ce baromètre révèle une hausse globale des rémunérations, mais confirme surtout le dynamisme du secteur, notamment dans une période où les métiers du droit évoluent.



Quatre ans après la précédente édition, l’AFJE et le Cercle Montesquieu se sont de nouveau intéressés à la rémunération des juristes d’entreprise. En 2019, les juristes se disent globalement satisfaits de cette rémunération qui, en moyenne, a augmenté de 16 % depuis 2015.


Mais avant de s’attacher à la rémunération des juristes d’entreprise, intéressons-nous en premier lieu à la profession elle-même. Qui sont les juristes d’entreprise en 2019 ?


 


Les juristes d’entreprises : quel profil en 2019 ?


La profession est plutôt homogène par tranche d’âge. L’âge médian du juriste d’entreprise est de 40 ans. Les juristes se réjouissent surtout « que leur profession se pérennise et se renouvelle mieux en fonction des besoins continus des entreprises » indique le baromètre. Le juriste d’entreprise est aussi, au deux tiers, une femme. En effet, la profession enregistre un taux de féminisation de 68 %, contre 56 % il y a dix ans, soit une augmentation de 12 points en quatre ans.


Concernant la formation, 94 % des profils interrogés sont diplômés de master 2 ou équivalent. De façon générale, la durée des études a tendance à s’allonger au fil du temps : « La part des juristes titulaires d’un master 1 diminue année après année, démontrant un allongement de la durée des études des jeunes professionnels » commentent les rédacteurs du baromètre. De plus, la moitié des répondants ont mené en parallèle une autre formation en plus de leur diplôme de droit.


Enfin, les juristes d’entreprise sont de plus en plus nombreux à être titulaires du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) (24 %, soit +5 points en quatre ans), lesquels rejoignent les rangs des juristes d’entreprise, après avoir exercé en cabinet entre trois et huit ans. « 31 % des directrices/directeurs juridiques déclarent être titulaires du CAPA, contre seulement 18 % des juristes qui sont aussi titulaires du CAPA » souligne l’étude. On constate enfin que les juristes-avocats sont plus fréquemment recrutés par les grosses structures : « Les avocats assurent mieux leur reconversion dans les entreprises cotées (pour lesquelles 28 % des juristes sont avocats), que dans les entreprises non cotées (pour lesquelles seulement 21 % des juristes sont avocats). Les avocats assurent mieux leur reconversion dans les entreprises cotées. »


Le baromètre révèle toutefois un frein à l’ouverture à l’international : en 2019, seulement 8 % des juristes déclarent posséder un des diplômes juridiques obtenus à l’étranger contre 10 % en 2015. « L’ouverture des juristes à l’international représente pourtant un effort de formation apprécié des entreprises puisque les directrices et les directeurs juridiques sont 10 % (+2 points au-dessus de la moyenne) à déclarer être titulaires d’un diplôme obtenu à l’international » précise l’étude de l’AFJE et du Cercle Montesquieu.


En termes de carrière, enfin, 77 % des juristes possèdent plus de trois ans d’ancienneté dans leur entreprise, 86 % des directrices et des directeurs juridiques en poste cumulent plus de 15 ans d’expérience dans le domaine du droit, et 88 % des responsables juridiques possèdent au moins cinq ans d’expérience cumulée.


64 % des juristes indiquent occuper une fonction « généraliste » au sein de leur organisation. Seulement 36 % des juristes sont en charge d’un domaine « spécialisé », un chiffre toutefois en augmentation par rapport à la précédente édition en 2015 (+3 points).


 


Le niveau de rémunération des juristes d’entreprise en augmentation


Combien, en moyenne, est payé un juriste d’entreprise ? En 2019, en France, les juristes d’entreprise gagnaient 78 512 euros, contre 67 791 euros en 2015, en moyenne, soit une augmentation de 16 %. Le salaire médian des juristes a quant à lui augmenté de 8 % en quatre ans, passant de 59 000 euros en 2015 à 64 000 euros en 2019. Ils sont 4 juristes sur 5 à déclarer avoir été augmentés dans les 12 derniers mois, une augmentation généralement due à la performance individuelle (pour un quart des juristes interrogés). « Ce niveau d’augmentation semble être la conséquence logique de l’accroissement du périmètre d’intervention des directeurs juridiques », commente Pierre Leguy, responsable juridique et data protection officer chez Adot.


En parallèle, en 2019, 82 % des juristes ont reçu une part variable (bonus, prime, treizième mois...). De plus, 2 juristes sur 3 bénéficient d’un ou plusieurs avantages annexes à leur salaire. Les directeurs juridiques et responsables juridiques profitent aussi de ces avantages (58 % des directeurs juridiques indiquent bénéficier d’une voiture de fonction, et 27 % déclarent avoir reçu des stocks options ou des actions gratuites).


Il est à noter que 97 % des juristes d’entreprise exercent en CDI.


 


Rémunération femmes/hommes : des disparités qui ont tendance à diminuer


En 2019, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes était compris entre 10 et 14 %. Une situation dont pâtissent encore les femmes. Même si cet écart semble stable depuis quatre années, l’étude révèle toutefois un progrès : « Les chartes de responsabilité sociale adoptées par les entreprises et les réglementations successives depuis la loi n° 72-1143 du 22 décembre “relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes” ont amélioré les écarts de salaires des juristes hommes et femmes en une quarantaine d’années » constatent les rédacteurs. Aussi, en 2019, pour un premier emploi de juriste pouvant justifier d’une année d’expérience, « le salaire moyen à l’embauche d’un juriste est de 36 360 euros pour une femme, et de 36 100 euros pour un homme », signale l’étude.





Pour une meilleure rémunération


L’étude révèle que certains critères viennent favoriser la rémunération des juristes, des responsables et des directeurs responsables juridiques.


Certains secteurs, davantage porteurs en 2019, peuvent en premier lieu profiter aux juristes (la chimie, l’automobile et les banques, par exemple), aux responsables juridiques (la défense, l’édition et la publication et l’audit, la comptabilité et la fiscalité) et aux directeurs juridiques (le transport et la logistique, l’audiovisuel et les médias, et le luxe).


Outre le domaine d’activité, le secteur géographique apparaît également comme un critère pouvant influer sur la rémunération : « La moyenne des salaires des juristes [et des responsables juridiques] en Île-de-France est 10 % supérieure au salaire moyen des juristes », souligne l’étude.


La spécialité est elle aussi généralement récompensée : « avec une expertise européenne, les juristes sont rémunérés 9  % de plus que le salaire moyen ». Le droit international, la compliance, le droit de la concurrence et le droit des assurances apparaissent aussi comme des spécialités prolifiques.


Enfin, la taille de l’entreprise est un facteur important, puisque « Les juristes qui sont embauchés par des sociétés cotées perçoivent +8 % que le salaire moyen » et +16 % pour les directeurs juridiques. Et « dans les entreprises qui réalisent plus de 1 milliard de chiffre d’affaires, les juristes perçoivent entre +9 % et +21 % que le salaire moyen », souligne le baromètre. « Dans les entreprises qui réalisent plus de 1 milliard de chiffre d’affaires, les directrices et directeurs juridiques perçoivent entre +14 % et +54 % que le salaire moyen » est-il également précisé. Concernant les responsables juridiques, le nombre de juristes dans le service concerné influe également sur la rémunération : +38 % pour les directions de 51 à 100 juristes et plus.


L’expérience d’avocat et le parcours professionnel ont, enfin tendance à être valorisés, puisque à titre d’illustration, « les juristes, avec une expérience d’avocat perçoivent 23 % de plus que le salaire moyen », souligne l’étude. Les juristes expérimentés et qui justifient de plus de 15 ans d’ancienneté dans l’entreprise gagnent davantage.



 


Des juristes d’entreprise bien dans leur poste


Selon l’étude menée par l’AFJE et le Cercle Montesquieu, les directeurs juridiques se disent épanouis professionnellement : 90 % d’entre eux « manifestent leur intérêt pour leur poste, et 95 % apprécient leur autonomie et les responsabilités qui leur sont confiées. Un sentiment d’autonomie et de responsabilité qui est partagé par les responsables juridiques (92 %) et les juristes (84 %) », précisent les rédacteurs.


Concernant l’évolution professionnelle, en 2019, 43 % des juristes (contre 47 en 2015) et 31 % des directeurs juridiques envisageraient une évolution professionnelle dans les 12 mois à venir (c’est d’ailleurs davantage dans les petites structures que cette envie de mobilité s’exprime chez les directeurs juridiques). Car en effet, pour la majorité des juristes d’entreprise (55 %), le changement d’employeur permettrait une augmentation significative de rémunération. La négociation salariale, l’acquisition d’ancienneté et la mobilité interne peuvent aussi, à leur sens, participer à un accroissement de salaire.


Constance Périn


 


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