L’AFJE (Association française des juristes
d’entreprise) et le Cercle Montesquieu ont dévoilé les résultats de leur
nouvelle enquête menée par Squaremetric consacrée à la rémunération des
juristes d’entreprise en 2019. Ce baromètre révèle une hausse globale des
rémunérations, mais confirme surtout le dynamisme du secteur, notamment dans
une période où les métiers du droit évoluent.
Quatre ans
après la précédente édition, l’AFJE et le Cercle Montesquieu se sont de nouveau
intéressés à la rémunération des juristes d’entreprise. En 2019, les juristes
se disent globalement satisfaits de cette rémunération qui, en moyenne, a
augmenté de 16 % depuis 2015.
Mais avant
de s’attacher à la rémunération des juristes d’entreprise, intéressons-nous en
premier lieu à la profession elle-même. Qui sont les juristes d’entreprise en
2019 ?
Les juristes d’entreprises :
quel profil en 2019 ?
La
profession est plutôt homogène par tranche d’âge. L’âge médian du juriste
d’entreprise est de 40 ans. Les juristes se réjouissent surtout « que leur profession se pérennise et se
renouvelle mieux en fonction des besoins continus des entreprises » indique
le baromètre. Le juriste d’entreprise est aussi, au deux tiers, une femme. En
effet, la profession enregistre un taux de féminisation de 68 %, contre 56 % il y a
dix ans, soit
une augmentation de 12 points en quatre ans.
Concernant
la formation, 94 % des profils interrogés sont diplômés de
master 2 ou équivalent. De façon générale, la durée des études a tendance à
s’allonger au fil du temps : « La part des juristes
titulaires d’un
master 1 diminue année après année, démontrant un
allongement de la durée des études des jeunes professionnels » commentent les rédacteurs du
baromètre. De plus, la moitié des répondants ont mené en parallèle une autre
formation en plus de leur diplôme de droit.
Enfin, les juristes d’entreprise sont de plus en plus nombreux à être titulaires
du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA)
(24 %, soit +5 points en quatre ans), lesquels rejoignent les rangs des
juristes d’entreprise, après avoir exercé en cabinet entre trois et huit ans. «
31 % des directrices/directeurs
juridiques déclarent être titulaires du CAPA, contre seulement 18 % des juristes qui sont aussi titulaires du
CAPA » souligne l’étude. On
constate enfin que les juristes-avocats sont plus fréquemment recrutés par les
grosses structures : « Les avocats assurent mieux leur reconversion dans les
entreprises cotées (pour lesquelles 28 % des juristes sont avocats), que dans
les entreprises non cotées (pour lesquelles seulement 21 % des juristes sont
avocats). Les avocats assurent mieux leur reconversion dans les entreprises
cotées. »
Le baromètre
révèle toutefois un frein à l’ouverture à l’international : en 2019,
seulement 8 % des juristes déclarent posséder un des
diplômes juridiques obtenus à l’étranger contre 10 % en 2015. « L’ouverture des
juristes à l’international représente pourtant un effort de formation apprécié
des entreprises puisque les directrices et les directeurs juridiques sont 10 % (+2 points au-dessus de la moyenne) à
déclarer être titulaires d’un diplôme obtenu à l’international »
précise l’étude
de l’AFJE et du Cercle Montesquieu.
En termes de
carrière, enfin, 77 % des juristes possèdent plus de trois ans
d’ancienneté dans leur entreprise, 86 % des directrices et des directeurs
juridiques en poste cumulent plus de 15 ans d’expérience dans le domaine
du droit, et 88 % des responsables juridiques possèdent au
moins cinq ans d’expérience cumulée.
64 % des juristes indiquent occuper une fonction « généraliste » au sein de leur organisation. Seulement 36 % des
juristes sont en charge d’un domaine « spécialisé », un chiffre toutefois en
augmentation par rapport à la précédente édition en 2015 (+3 points).
Le niveau de rémunération des
juristes d’entreprise en augmentation
Combien, en moyenne, est payé un juriste d’entreprise ? En 2019, en
France, les juristes d’entreprise gagnaient 78 512 euros, contre 67 791 euros en 2015, en moyenne, soit
une augmentation de 16 %. Le salaire médian des juristes a
quant à lui augmenté de 8 % en quatre ans, passant de 59 000 euros en 2015 à 64
000 euros en 2019. Ils sont 4 juristes sur 5 à déclarer avoir été augmentés
dans les 12 derniers mois, une augmentation généralement due à la performance
individuelle (pour un quart des juristes interrogés). « Ce niveau d’augmentation semble être la conséquence logique de
l’accroissement du périmètre d’intervention des directeurs juridiques »,
commente Pierre Leguy, responsable juridique et data protection officer chez
Adot.
En parallèle, en 2019, 82 % des juristes ont reçu une
part variable (bonus, prime, treizième mois...). De plus, 2 juristes sur
3 bénéficient d’un ou plusieurs avantages annexes à leur salaire. Les
directeurs juridiques et responsables juridiques profitent aussi de ces
avantages (58 % des directeurs juridiques indiquent bénéficier d’une voiture de
fonction, et 27 % déclarent avoir reçu des stocks options ou des actions
gratuites).
Il est à noter que 97 % des juristes d’entreprise
exercent en CDI.
Rémunération femmes/hommes :
des disparités qui ont tendance à diminuer
En
2019, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes était compris
entre 10 et 14 %. Une situation dont pâtissent encore les femmes. Même si cet
écart semble stable depuis quatre années, l’étude révèle toutefois un progrès :
« Les chartes de responsabilité sociale
adoptées par les entreprises et les réglementations successives depuis la loi
n° 72-1143 du 22 décembre “relative à l’égalité de rémunération entre les
hommes et les femmes” ont amélioré les écarts de salaires des juristes hommes
et femmes en une quarantaine d’années » constatent les rédacteurs. Aussi, en
2019, pour un premier emploi de juriste pouvant justifier d’une année
d’expérience, « le salaire moyen à l’embauche d’un juriste est de 36 360 euros
pour une femme, et de 36 100 euros pour un homme », signale l’étude.
Pour une meilleure rémunération
L’étude révèle que certains critères viennent
favoriser la rémunération des juristes, des responsables et des directeurs
responsables juridiques.
Certains secteurs, davantage porteurs en 2019,
peuvent en premier lieu profiter aux juristes (la chimie, l’automobile et les
banques, par exemple), aux responsables juridiques (la défense, l’édition et la
publication et l’audit, la comptabilité et la fiscalité) et aux directeurs
juridiques (le transport et la logistique, l’audiovisuel et les médias, et le
luxe).
Outre le domaine d’activité, le
secteur géographique apparaît également comme un critère pouvant influer sur la
rémunération : « La moyenne des salaires
des juristes [et des responsables juridiques] en Île-de-France est 10 %
supérieure au salaire moyen des juristes », souligne l’étude.
La spécialité est elle aussi
généralement récompensée : « avec une
expertise européenne, les juristes sont rémunérés 9 % de plus que le salaire moyen ». Le
droit international, la compliance, le droit de la concurrence et le droit des
assurances apparaissent aussi comme des spécialités prolifiques.
Enfin, la taille de l’entreprise est un facteur important, puisque « Les juristes qui sont
embauchés par des sociétés cotées perçoivent +8 % que le salaire moyen » et +16
% pour les directeurs juridiques. Et « dans
les entreprises qui réalisent plus de 1 milliard de chiffre d’affaires, les
juristes perçoivent entre +9 % et +21 % que le salaire moyen », souligne le
baromètre. « Dans les entreprises qui réalisent plus de 1 milliard de chiffre
d’affaires, les directrices et directeurs juridiques perçoivent entre +14 % et
+54 % que le salaire moyen » est-il également précisé. Concernant
les responsables juridiques, le nombre de juristes dans le service concerné
influe également sur la rémunération : +38 % pour les directions de
51 à
100 juristes
et plus.
L’expérience d’avocat et le parcours professionnel
ont, enfin tendance à être valorisés, puisque à titre d’illustration, « les
juristes, avec une expérience d’avocat perçoivent 23 % de plus
que le salaire moyen », souligne l’étude. Les juristes
expérimentés et qui justifient de plus de 15 ans d’ancienneté dans
l’entreprise gagnent davantage.
Des juristes
d’entreprise bien dans leur poste
Selon l’étude menée par l’AFJE et le Cercle Montesquieu,
les directeurs juridiques se disent épanouis professionnellement : 90 % d’entre
eux « manifestent leur intérêt pour leur
poste, et 95 % apprécient leur autonomie et les responsabilités qui leur sont
confiées. Un sentiment d’autonomie et de responsabilité qui est partagé par les
responsables juridiques (92 %) et les juristes (84 %) », précisent les
rédacteurs.
Concernant l’évolution professionnelle, en 2019, 43 % des
juristes (contre 47 en 2015) et 31 % des directeurs juridiques envisageraient
une évolution professionnelle dans les 12 mois à venir (c’est d’ailleurs
davantage dans les petites structures que cette envie de mobilité s’exprime
chez les directeurs juridiques). Car en effet, pour la majorité des juristes
d’entreprise (55 %), le changement d’employeur permettrait une augmentation
significative de rémunération. La négociation salariale, l’acquisition
d’ancienneté et la mobilité interne peuvent aussi, à leur sens, participer à un
accroissement de salaire.
Constance Périn