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Les TPE et PME au cœur des municipales : la CPME Paris Île-de-France dévoile son livre blanc

Les TPE et PME au cœur des municipales : la CPME Paris Île-de-France dévoile son livre blanc
Publié le 01/12/2019 à 16:30

Bernard Cohen-Hadad, le président de la CPME Paris Île-de-France, a présenté mardi 22 octobre le livre blanc de la CPME Paris IDF intitulé Mieux vivre et travailler à Paris – 6 ans pour agir 2020-2026. Un document qui contient les propositions concrètes des dirigeants des TPE et PME parisiennes, recueillies suite à un sondage réalisé avec l’IFOP fin septembre, en vue des élections municipales 2020.





En septembre dernier, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Paris Île-de-France a réalisé un sondage en partenariat avec l’IFOP concernant les attentes des dirigeants d’entreprises à Paris pour les prochaines élections municipales (cf. sondage CPME Paris-Île de France – Ifop, « Municipales 2020 : Regards des petits patrons sur l’attractivité de Paris »). Les résultats de cette enquête ont donné lieu à l’élaboration d’un livre blanc contenant 40 propositions aux candidats parisiens des prochaines élections municipales (voir ci-après).


Le président de la CPME Paris Île-de-France, Bernard Cohen-Hadad, a présenté ce livre blanc à la presse, en présence de Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’IFOP, le 22 octobre dernier.


"IL EST DIFFICILE DE VIVRE ET DE TRAVAILLER À PARIS"


Dans l’édito du livre blanc, Bernard Cohen-Hadad déclare sans ambages : « Il est difficile de vivre et de travailler à Paris. C’est le parcours du combattant pour créer son activité, se loger, se déplacer, élever ses enfants et vivre en sécurité ». Selon lui, c’est la raison pour laquelle, depuis 2011, l’équivalent de la population du 5e arrondissement a fui la capitale. Bref, tous ceux qui y vivent et y travaillent semblent subir la capitale, affirme le président de la CPME Paris. « Et pourtant nous aimons notre ville » regrette-t-il plus loin.


Le sondage réalisé en septembre par l’IFOP, « Regards des dirigeants d’entreprise parisiens sur l’attractivité de Paris et sur les prochaines élections municipales », confirme cette impression. Certains chiffres sont en effet très parlants.


Ainsi, même si la capitale française semble très attractive pour la grande majorité (64 %) des chefs d’entreprise parisiens (81 % la jugent très dynamique et 76 % moderne et innovante), 49 % seulement sont satisfaits des actions entreprises par la Ville de Paris pour l’attractivité économique du territoire.


En outre, 42 % des petits patrons sont insatisfaits par les transports publics en Île-de-France, 65 % sont insatisfaits par la politique de propreté menée par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et 72 % sont mécontents de sa politique de logement.


Du côté des salariés et de ceux qui habitent dans la Ville lumière, 50 % considèrent le trajet domicile-travail comme une contrainte importante. En outre, 72 % de ceux qui ont plus d’une heure de trajet par jour estiment que les transports publics se sont dégradés depuis quelques années. 76 % des Parisiens se disent également préoccupés par le bruit. Selon une source Airparif, 90 % des Franciliens sont exposés à une pollution au dioxyde d’azote excédant les taux réglementaires.


Avec la parution du livre blanc Mieux vivre et travailler à Paris, la CPME souhaite donc « contribuer au débat public, en promouvant une vision ambitieuse, courageuse et réaliste, pour améliorer le quotidien des dirigeants de TPE et PME et de tous les Parisiens » a expliqué Bernard Cohen-Hadad lors de la conférence presse de présentation du livre blanc, le 22 octobre dernier.


 


SIX AXES D’AMÉLIORATION


Ce livre blanc contient 40 propositions organisées autour de six thématiques phares.


La première thématique concerne les relations avec les pouvoirs publics. Pour la plupart des petits dirigeants, la prise de décision à Paris est perçue et vécue « comme unilatérale et verticale ». Ces derniers dénoncent ainsi un manque de dialogue et regrettent que les acteurs économiques sociaux qui vivent les réalités du terrain soient peu consultés. La CPME Paris IDF propose donc, en tête de ses demandes sur ce thème, de mettre en place auprès de la mairie de Paris un conseil économique et social composé de représentants patronaux, syndicaux et associatifs afin de « fluidifier et renforcer la communication entre les protagonistes de l’économie parisienne et les institutions ».


Le deuxième axe a trait à l’accompagnement du développement de l’activité des petites entreprises. En effet, même si Paris est la ville la plus commerçante de France, le tissu commercial est très inégal selon les quartiers, estiment la plupart des dirigeants d’entreprise. En outre, un nombre non négligeable de Franciliens préfèrent consommer en ligne. Par conséquent, estiment les sondés, la digitalisation de l’activité des PME et TPE doit être accélérée. En outre, la Mairie de Paris devrait jouer un rôle plus important dans le développement des petites sociétés par la commande publique. Or, seulement 58 % des parts de marché sont attribuées aux PME-TPE alors que celles-ci représentent plus de 99 % des entreprises franciliennes. La CPME Paris Île-de-France souhaite donc que la Ville mette rapidement en place un « Parisian Small Business Act » pour faciliter l’accès des TPE-PME aux marchés publics de la capitale.


Autre axe de recommandation : « faciliter le trajet domicile-travail » en Île-de-France. Actuellement, le marché de l’immobilier est complètement déséquilibré par une offre nettement inférieure à la demande, indique le livre blanc de la CPME. Résultats : prix des loyers démentiels, obstruction de l’accès au logement social… Par conséquent, « les métiers en tension et en horaires décalés doivent se loger de plus en plus loin de la capitale ». La CPME Paris propose donc que pour l’attribution des logements sociaux, il soit mis au point « une grille de cotation dédiée aux employés des métiers en tension et en horaires décalés et leur réserver 1 logement social sur 4, à l’instar de la réserve mise en place par la Mairie de Paris pour les agents de la collectivité ».


Le quatrième axe d’amélioration concerne les conditions de vie des Franciliens. Le livre blanc révèle ainsi que 9 Parisiens sur 10 sont exposés à un taux de pollution atmosphérique supérieur aux normes légales. En outre, 60 % de l’énergie régionale est consommée par les bâtiments, « ce qui pèse fortement sur le portefeuille des propriétaires et des locataires ». La CPME Paris souhaite donc que soit étendu le plan « éco-rénovons Paris » qui subventionne la réalisation d’audits énergétique et encourage les rénovations.


La cinquième thématique phare du livre blanc a trait à la mobilité dans Paris. En effet, la densité du trafic, le manque de places de stationnement représente un coût humain et matériel important. Chaque année, les automobilistes perdent environ 237h de leur vie (près de 10 jours) dans les embouteillages. Sans compter la pollution qui impacte leur santé. La CPME Paris IDF propose donc d’installer un péage urbain diurne (8h-20h) autour de la capitale avec une tarification différenciée selon la taille du véhicule et son émission en CO2, ainsi que la gratuité partielle ou intégrale pour certains publics.


Enfin, le livre blanc met en exergue la nécessité pour la Ville de Paris de favoriser un tourisme durable. Certes, le tourisme est un atout majeur pour le développement économique de la capitale (ce secteur représente en effet 7 % du PIB régional et 9,3 % de l’emploi salarié dans le Grand Paris soit 295 000 personnes). Cependant, les dirigeants des petites entreprises franciliennes craignent, qu’à terme, le tourisme de masse transforme la Ville lumière en « ville musée, victime du sur-tourisme». En outre, les autocars de tourisme génèrent pollution et difficultés de circulation, mais aussi d’hébergement. La CPME propose donc de limiter la location meublée touristique saisonnière à 60 jours par an pour les particuliers, de renforcer la surveillance et le contrôle des plateformes de location, mais aussi de durcir les sanctions contre les locataires en infractions.


En résumé, ce livre blanc qui plaide pour une « entreprise citoyenne », selon les termes de Bernard Cohen-Hadad, a été remis aux candidats aux élections municipales. Ces derniers en feront-ils bon usage ?


 


 40 propositions de la CPME pour travailler et vivre mieux à Paris


 


Repenser les relations avec les pouvoirs publics


Mesure prioritaire : mettre en place auprès de la Mairie de Paris un conseil économique et social composé de représentants patronaux, syndicaux et associatifs, afin de fluidifier et de renforcer la communication entre les protagonistes de l’économie parisienne et les institutions.


Autres propositions :


Décliner cette instance de concertation auprès des maires de chaque arrondissement.


Donner à ces assemblées une compétence facultative de médiation et d’arbitrage dès lors qu’une décision est susceptible d’affecter les habitants ou les usagers de plus d’un arrondissement.


 


Accompagner le développement de l’activité


Mesure prioritaire : mettre en place un « Parisian Small Business Act  » exemplaire qui facilite l’accès des TPE-PME aux marchés publics de la Ville de Paris en augmentant la part de la commande publique qui leur est réservée, en nombre comme en valeur.


Autres propositions :


Revitaliser l’artisanat et le commerce de proximité en doublant le nombre des quartiers éligibles au dispositif « Vital Quartier » et en renforçant les moyens alloués au dispositif « Paris Commerces », en particulier sur le Nord et l’Est parisien.


Plafonner les loyers des baux commerciaux des bailleurs sociaux dans les Quartiers Politiques de la Ville (QPV) pour redynamiser l’économie de ces quartiers et faciliter l’accès des TPE-PME à la location.


Étendre les 10 zones touristiques internationales (ZTI) existantes à tout Paris pour adapter les conditions d’ouverture des commerces le dimanche et en soirée à la réalité de la fréquentation touristique de la capitale.


Encourager le développement d’une « industrie 4.0 » à taille humaine, créatrice d’emplois qualifiés, qui fabrique en faible volume des produits sur mesure au plus près des besoins et des attentes des consommateurs.


Mener une politique volontariste pour former les publics éloignés de l’emploi aux compétences qui manquent dans les TPE-PME.


Créer un fonds de dotation pour achever l’accessibilité aux personnes handicapées des établissements recevant du public (magasins, bureaux, hôtels...).


Proposer au sein de Paris & Co un pôle d’incubation dédié à la transformation digitale des commerces, en coordination avec les offres « Les Digiteurs » (CCI) et « CoSto » (Semaest).


 


Faciliter le trajet domicile-travail


Mesure prioritaire : Pour l’attribution des logements sociaux, mettre au point une grille de cotation dédiée aux employés des métiers en tension et en horaires décalés (personnels soignants, métiers des hôtels, cafés, restaurants, etc.) et leur réserver 1 logement social sur 4, à l’instar de la réserve mise en place par la Mairie de Paris pour les agents de la collectivité.


Autres propositions :


Faire du temps de trajet domicile-travail un critère dans l’attribution des logements sociaux.


Gérer le parc social à l’échelle de la Métropole du Grand Paris et déléguer l’attribution de logements sociaux à un ou plusieurs organismes indépendants.


Re-conventionner certains logements sociaux PLAI et PLUS en PLS et PLI2 pour favoriser le maintien des classes moyennes dans Paris.


Simplifier et moderniser la gouvernance des transports sur le territoire de la Ville de Paris.


Développer l’offre nocturne de transport en commun pour répondre aux besoins des salariés en horaires décalés en densifiant le réseau de bus Noctilien et en améliorant sa régularité, ainsi qu’en élargissant les horaires du métro.


Réserver de 8h à 20h sur le Boulevard Périphérique une voie pour le covoiturage, le transport de personnes, le transport logistique, les véhicules sanitaires et d’urgence ainsi que pour les personnes à mobilité réduite.


Prévoir que 50 % des nouvelles infrastructures cyclables créées au cours de la mandature soient protégées pour lutter contre le non-respect des pistes cyclables par les autres usagers de la route.


 


Créer les conditions d’une qualité de vie durable


Mesure prioritaire : Étendre largement le plan « Eco-rénovons Paris » qui subventionne la réalisation d’audits énergétiques et encourage les rénovations.


Autres propositions :


Promouvoir l’exonération de taxe foncière prévue par le Code général des Impôts dans le cadre des travaux de rénovation énergétique.


Simplifier le recours aux bâches publicitaires pour aider les copropriétés dans le financement de leurs travaux.


Déléguer les pouvoirs de propreté aux maires d’arrondissements pour une action plus adaptée aux besoins locaux.


Renforcer les campagnes de dératisation et de lutte contre les autres nuisibles.


Créer une vraie police municipale de proximité rattachée aux maires d’arrondissement, développer l’ilotage dans tous les quartiers, renforcer les patrouilles et disposer d’un maillage étroit de vidéo protection dans les zones sensibles.


Permettre aux autorités d’être plus réactives en facilitant le signalement d’une « incivilité », en reprenant par exemple le modèle de l’application « Dans ma rue ».


Expérimenter l’installation de radars sonores sur les grands axes de circulation.


 


Devenir plus mobile avec moins de voitures


Mesure prioritaire : Installer un péage urbain diurne (8h-20h) autour de Paris avec une tarification différenciée suivant la taille du véhicule et son émission de CO2, ainsi que la gratuité partielle ou intégrale pour certains publics – personnes à mobilité réduite, professionnels du transport, véhicules indispensables pour lesquels il n’existe pas encore d’alternative propre (bétonnières, pelleteuses, goudronneuses, etc.).


Autres propositions :


Densifier le réseau de bornes de recharge électrique pour les véhicules dédiés et pratiquer la tolérance zéro pour les véhicules thermiques qui y stationnent indûment.


Élargir les critères pour obtenir une dérogation à une interdiction de circuler dans les Zones à Faibles Émissions, notamment pour les professionnels dont la livraison d’un véhicule plus propre est en cours.


Développer les aides aux professionnels pour l’acquisition de véhicules à faibles émissions.


Développer le stationnement « intelligent » en modulant la tarification en fonction de l’émission de CO2, la taille du véhicule, la qualité de professionnel ; ouvrir les données sur le stationnement afin de favoriser le développement d’applications facilitant le parking.


Développer les infrastructures de stationnement pour les deux-roues en créant 10 000 points d’accroche sécurisés pour vélos et 50 000 places de stationnement sur chaussée pour deux-roues motorisés.


Développer avec la région Île-de-France l’offre de « Park & Ride » à tarif réduit, en périphérie de la capitale, afin d’inciter les automobilistes à accéder à Paris en transports en commun ou partagés.


Encourager la création d’un parc d’utilitaires propres, en free-floating, à destination des professionnels et accessible à tous.


 


Favoriser un tourisme durable


Mesure prioritaire : Limiter la location meublée touristique saisonnière à 60 jours par an pour les particuliers, renforcer la surveillance et le contrôle des plateformes de location, durcir les sanctions contre les locataires en infraction.


Autres propositions :


Interdire les autocars de tourisme dans tout Paris et mettre en place des navettes pour relier la périphérie de Paris aux sites touristiques majeurs.


Créer un réseau de transports secondaires propres entre les principaux sites de tourisme d’affaires et de loisirs – y compris par voie fluviale – afin de soulager le réseau principal utilisé quotidiennement par les Parisiens.


Renforcer les patrouilles de sécurité dans les rames et les stations à forte affluence touristique pour mieux garantir la sécurité des voyageurs contre les vols à l’arraché, la mendicité agressive et les escroqueries à la charité publique.


Améliorer l’accessibilité de la voirie et des transports en commun aux personnes handicapées et à mobilité réduite ; obtenir la marque d’État « Destination Pour Tous » valorisant une destination permettant un séjour prolongé inclusif pour tous.


 


Maria-Angélica Bailly


 


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