Depuis près d’un an
déjà, un nouvel engin a fait son apparition dans les rues parisiennes. La
trottinette électrique mise en libre-service en « free floating » – c’est-à-dire sans
borne d’attache – arpente désormais les artères de la capitale. Toutefois,
l’utilisation de ce nouveau moyen de transport questionne, notamment face aux
accidents croissants dans lesquels il est impliqué. Pour y répondre, la Ville
de Paris a souhaité renforcer leur régulation en mettant en place quatre
mesures visant à protéger tant leurs utilisateurs que les piétons.
Pratique, en
libre-service, légère et écolo, la trottinette électrique, ce nouveau moyen
favorisant la micro-mobilité, semble séduire le plus grand nombre. Lancée à
Paris en juin 2008 par la start-up américaine Lime, dix opérateurs se partagent
désormais le marché à Paris – avec le lancement jeudi dernier de Jump, filiale
du groupe américain Uber. Facile d’utilisation, ces engins électriques ne sont
pas, à l’inverse du Vélib’, rattachés à des bornes, mais en libre-service dans
les rues de la Capitale. Pour utiliser ce service de location, il suffit de
télécharger une application permettant de géolocaliser les trottinettes
disponibles, un QR code à scanner, permet ensuite de la débloquer. Et pour la
rendre, rien de plus simple, il suffit de la « garer » à un
emplacement qui ne gêne pas trop. Chaque opérateur a ensuite ses variantes :
possibilité de la réserver l’engin pendant quelques minutes, les coûts et modes
de paiement (à la course ou au forfait), zones délimitées… Toutefois,
l’engouement de ce nouveau mode de déplacement en milieu urbain – près de 15
000 trottinettes sont aujourd’hui en libre circulation à Paris – se retrouve
aujourd’hui confronté à un vide réglementaire inquiétant.
Les trottinettes électriques,
quelle catégorie pour quelle utilisation ?
En effet, les trottinettes sans moteur sont
aujourd’hui considérées par le Code de la route comme des piétons, et doivent,
à ce titre, rouler sur le trottoir. Toutefois, cela devient plus compliqué
lorsqu’il s’agit de trottinettes électriques : « elles sont
généralement classées parmi les engins de déplacement personnels électriques au
même titre que les hoverboards, gyropodes et monoroues », souligne
Citycle, site de conseil et d’actualité consacré aux vélos de ville et au
cyclotourisme.
« D’un point de vue juridique, elles sont donc en théorie interdites
sur les voies publiques, aussi bien sur les trottoirs que sur les pistes
cyclables ou les voies de circulation. Leur utilisation est en revanche
autorisée sur les voiries privées, comme par exemple sur le chemin ou les
allées d’une résidence privée. Toutefois, faute de législation claire,
certaines trottinettes électriques entrent aussi dans la catégorie des engins
motorisés » précisent les rédacteurs. Face à ce flou juridique, la
ministre des Transports Élisabeth Borne annonçait en octobre dernier vouloir
créer une nouvelle catégorie pour les trottinettes : « Nous allons
créer une nouvelle catégorie de véhicule dans le Code de la route. Ces engins
pourront circuler sur les pistes, les bandes cyclables mais pas sur les
trottoirs. Nous donnerons un cadre aux services de "free
floating" ». Aussi, la loi d’orientation des mobilités prévue à
l’automne 2018, puis reportée au printemps 2019, devrait éclaircir les choses.
Des accidents à la hausse
Car il en va
de la sécurité des individus. En effet, comme le rapportait La Tribune
en février dernier, « Au moins 1 500 personnes ont été soignées après
des accidents survenus en trottinette électrique aux États-Unis depuis fin 2017 ». Et en ce qui concerne la
France, en 2018, la mode de la trottinette a entraîné une explosion du nombre
des blessés en un an (+23 %), principalement en Île-de-France.
Bien que Paris appuie ces nouveaux modes de transports moins polluants,
elle souhaite toutefois encadrer leurs utilisations. Aussi, en attendant
l’adoption de la loi d’orientation sur les mobilités, le Conseil de Paris vient
d’adopter des mesures afin de réguler l’utilisation des trottinettes
électriques en libre-service, via la mise en place de quatre mesures,
venant compléter ou préciser les sept mesures déjà
annoncées en décembre dernier.
Les 4 mesures prises de la Ville de
Paris
1. Circulation
et stationnement : verbaliser les abus.
Ces abus concernent tant la circulation que le stationnement des
trottinettes électriques. Afin de protéger les piétons, leurs utilisateurs ne
peuvent circuler sur les trottoirs. Aussi, dans le cas inverse, ils s’exposent
désormais à un procès-verbal de 135 euros.
Concernant le stationnement maintenant, Paris souhaite répondre à l’anarchie
provoquée par le « free floating ». Le stationnement des
trottinettes gênant la circulation des piétons sera désormais verbalisé à
hauteur de 35 euros. De plus, la Ville peut procéder, dans ce cadre, à
des opérations de mises en fourrière de ces trottinettes génant le passage.
« Ces mesures sont mises en œuvre par la police municipale parisienne,
qui a accentué ces derniers jours les contrôles » précise la Ville.
2. Prévoir des zones de
stationnement.
Toujours concernant le stationnement, la Ville de Paris envisage de créer
prochainement des zones spécifiques de stationnement, lesquelles seront
délimitées par un marquage au sol. « Environ 2 500 places
devraient être disponibles d’ici fin 2019. À terme, la municipalité envisage de
rendre le stationnement obligatoire dans ces zones »
annonce la mairie de Paris.
3. Adopter une « charte
de bonnes pratiques ».
La municipalité a élaboré, de concert avec les entreprises proposant la
location de trottinettes électriques en libre-service à Paris, une charte de
bonnes pratiques (sur le même principe que les chartes qui s’appliquent déjà
aux entreprises de vélos et de scooters en libre-service), qui devrait être
signée d’ici la fin mai.
4. Réguler la flotte en circulation.
Alors que 40 000 trottinettes électroniques pourraient circuler dans la
capitale d’ici la fin de l’année, la municipalité envisage de réguler ce
développement en instaurant une redevance pour les entreprises d’un montant qui
croît en fonction du nombre de trottinettes (de 50 à 65 euros par trottinette).
Constance Périn