Le 9 mars dernier, à l’occasion de la journée
internationale des droits des femmes, l’association a organisé une soirée axée
sur la place de la femme dans les milieux professionnels au Conseil supérieur
du notariat. Si les mentalités ont quelque peu évolué, des clichés et des
freins persistent, ont exposé deux figures féminines haut placées lors de la table
ronde « Femmes et droits ».
Au lendemain de la journée des droits des femmes,
ces dernières ont été mises comme chaque année à l’honneur lors de la rencontre organisée
par l’association Notaires au féminin, le 9 mars dernier au Conseil supérieur
du notariat à Paris.
En guise d’introduction, Barbara Thomas-David, présidente et fondatrice de l’association, a
fait part d’un constat positif : le notariat est la profession la plus
féminisée du monde de la justice ! Constat qui fait par ailleurs écho à la
récente élection de Sophie Sabot-Barcet à la présidence du Conseil supérieur du
notariat en octobre 2022, première femme à occuper ce poste.
La magistrature : un domaine 100 %
masculin jusqu’en 1946
Si aujourd'hui 71 % de juges sont des
femmes, le chemin parcouru a toutefois été long. En effet, jusqu'en 1946, la
magistrature était exclusivement masculine du
fait d’une « extrême résistance des hommes pour permettre aux
femmes d’y accéder » a expliqué Gwenola Joly-Coz, première
femme Première présidente de la cour
d'appel de Poitiers, lors de la table ronde « Femmes et droits ».
Un constat qui a émané de ses recherches,
résultat de plusieurs questionnements : qui était la première femme
magistrate ? La première femme présidente d'une cour d'appel ? La première
femme procureure de la République ?
Après s’être plongée dans des documents et
archives, parfois recueillis auprès des familles puisque certaines juridictions
« n'ont gardé aucune trace d'elles », Gwenola Joly-Coz a ainsi
pu retracer le parcours de femmes pionnières dans la magistrature, à l’instar
de Charlotte Béquignon-Lagarde, première à être devenue
magistratE en 1946.
La profession s’est par la
suite progressivement – puis fortement – féminisée, même si du chemin reste à
faire puisque « 77
ans après l’entrée des femmes dans la magistrature, des postes ne [leur] ont
jamais été dévolus ». Il y a
certes « une très forte mixité [aujourd’hui] mais une très mauvaise
parité », a ajouté Gwenola Joy-Coz.
Une réalité qui se retrouve notamment dans les
métiers de la gendarmerie, sujet sur lequel Isabelle Guion
de Meritens, première femme à intégrer les rangs de la gendarmerie et générale
de corps d’armée, est intervenue.
« Dès lors qu’on monte dans les postes à
responsabilités, il y a une invisibilité de la femme », a-t-elle
souligné. En 2023, seules deux femmes cheffes de bureau sont en poste, une
petite amélioration tout de même en regard de l’année passée : aucune
femme n’avait de responsabilité régionale et une seule femme était directrice
d’une école de formation de gendarmerie.
Les femmes culpabilisées de faire un métier
« d’homme »
A leur entrée dans la profession, les magistrates
étaient souvent confondues avec les secrétaires lorsqu’on les croisait dans les
juridictions, sans doute car on ne les estimait pas légitimes à occuper des
postes auparavant réservés aux hommes, a rappelé la Première présidente de la
cour d’appel de Poitiers.
Un cliché aujourd’hui remplacé par d’autres
stéréotypes persistants. Gwenola Joly-Coz a ainsi dénoncé une idée reçue
largement répandue chez beaucoup d’hommes : féminiser la magistrature est
synonyme d’une justice pour les femmes. Par exemple en matière de jugement
rendu dans le cadre de la garde d’un enfant, un homme va facilement penser que
si le juge est une femme, alors il n’aura pas la garde de l’enfant. Or, « très
souvent les pères ne la demandent pas ! », martèle-t-elle, et
d’ajouter : « Les juges ne font que répondre aux demandes ».
Gwenola Joly-Coz l’a souligné : il n’existe
pas une façon « féminine » de juger. Selon elle, les femmes
n’ont pas des qualités que les hommes n’auraient pas, et réciproquement. De la
même façon, a-t-elle assuré, les femmes occupant des postes à responsabilité ne
vont pas traiter des sujets différemment de leurs homologues masculins.
De son côté, Isabelle Guion
de Meritens a expliqué qu’aujourd’hui encore, on regarde différemment une femme
officier de gendarmerie, souvent confrontée à des réflexions hostiles ou
misogynes. « On les culpabilise d’être des femmes dans un métier
“d’homme” ».
Au-delà d’une politique de tolérance zéro
appliquée, la générale préconise de promouvoir et rendre visibles les femmes,
en les nommant à des postes à responsabilité notamment. D’autant que dans ce
cas, le vécu d’une femme peut s’avérer être un plus lorsqu’il s’agit
d’accueillir des victimes. En effet, une femme sera plus attentive à certaines
choses de par ses expériences personnelles et sa stature de femme qui peut être
rassurante pour les victimes qui se confieront plus facilement dans leur récit
de violences subies, a-t-elle estimé.
Beaucoup reste donc à faire. Mais si tous ces a
priori demeurent, freinant l’accès aux femmes à des postes à responsabilité, de
l’avis de la présidente de l’association Notaires au féminin, c’est « tous
ensemble, hommes et femmes que l’on peut faire bouger les choses ».
Allison
Vaslin