ACTUALITÉ

Projet de loi Justice - Rassemblement des avocats devant l’Assemblée nationale

Projet de loi Justice - Rassemblement des avocats devant l’Assemblée nationale
Publié le 23/11/2018 à 16:39

Alors que vient de s’ouvrir le débat parlementaire autour du projet de loi justice à l’Assemblée nationale, le Conseil national des barreaux, le barreau de Paris et la Conférence des bâtonniers ont appelé les avocats à se rassembler le 15 novembre, à 11 heures place du Palais Bourbon, en robe, pour sensibiliser les députés et l’opinion publique sur les enjeux du projet, dont certaines mesures ne conviennent toujours pas à la profession.



« Nous ne pouvons accepter de nouvelles régressions des droits de la défense et ne tolérons pas que les victimes soient confrontées à de nouvelles difficultés pour faire valoir leurs droits », ont indiqué Christiane Féral-Schuhl, présidente du CNB, Marie-Aimée Peyron, vice-présidente du CNB, bâtonnier de Paris et Jérôme Gavaudan, vice-président du CNB, président de la Conférence des bâtonniers, dans une allocution commune publiée le 22 octobre dernier sur le site du Conseil. Ensemble, ils ont donc appelé les avocats à se rassembler en robe, le 15 novembre 2018, en amont de l’examen du texte en séance publique, à 11 heures face à l’Assemblée nationale.


 


Une manifestation d’envergure


Ce grand rassemblement a pour objectif de « permettre de conforter les évolutions du texte initial et les avancées obtenues au Sénat ». Lors de cet évènement étaient également présents des syndicats du droit (syndicat de la magistrature, Ligue des droits de l’homme), des étudiants, et d’autres professionnels du droit. Certains élus locaux se sont également mobilisés pour soutenir les avocats (cf. Yves Buffet, adjoint au maire de Laon). « Nous voulons une réforme qui répare et qui répond aux besoins des citoyens. Il faut un rééquilibrage dans notre procédure pénale en faveur des libertés, des droits de la défense, des droits de la victime » a déclaré Maître Féral-Schuhl qui était à la tête du cortège avec Marie-Aimée Peyron et Jérôme Gavaudan. « Une justice pour tous, avec tous, partout », « Justice morte » pouvait-on lire, entre autres, sur les panneaux brandis par les manifestants.


 


Les mesures contestées


Lors de ce rassemblement d’envergure, auquel ont participé des barreaux venus de toute la France (Poitiers, Havre, Nantes, Bordeaux…), les représentants de la profession se sont exprimés pour que soient retirées du projet définitif les mesures suivantes :


- l’expérimentation « hasardeuse et dangereuse » du tribunal criminel départemental qui viendrait remplacer les cours d’assises et ses jurés populaires ;


- le rôle désormais dévolu au directeur de la CAF en matière de révision des pensions alimentaires ;


- la nouvelle procédure d’injonction de payer centralisée ;


- le processus de spécialisation des juridictions qui constitue selon eux, « une atteinte à l’égal accès de chacun à la justice et à un juge ».


Si les avocats défendent aussi la mise en œuvre d’une justice « plus rapide, plus efficace, plus moderne », slogan choisi par le ministère de la Justice pour justifier le texte du projet de loi justice, cela ne signifie pas accepter n’importe quoi. « Une justice plus rapide, ce n’est pas une justice totalement déshumanisée quand 10 millions de Français n’ont pas accès à Internet. Une justice plus efficace, ce n’est pas une justice spécialisée et regroupée dans quelques grandes agglomérations quand 20 millions de Français vivent loin des grandes villes. Une justice plus moderne, ce n’est pas une justice qui se privatise en confiant à des associations de droit privé la charge de faire office de juge », ont ainsi dénoncé Christiane Féral-Schuhl, Marie-Aimée Peyron et Jérôme Gavaudan dans une tribune co-signée dans le Journal du Dimanche le 4 novembre dernier.


 


Renforcer les droits de la défense


Pour ces derniers, si la justice doit bien répondre à la légitime demande de sécurité des citoyens, elle doit également garantir les libertés individuelles et publiques. Il faudrait également pour eux procéder à un rééquilibrage en faveur des libertés et des droits de la défense. En effet, en cinq ans, dix lois sont venues renforcer l’arsenal pénal et administratif, mais elles ont a contrario affaibli les droits de la défense, et le droit de l’accès à tous à la justice. Et malgré cela, selon les représentants de la profession, le sentiment d’insécurité n’a toujours pas disparu chez les concitoyens. La justice mérite certes une grande réforme, il faut en convenir, mais celle-ci doit rester avant tout humaine.


 


Maria-Angélica Bailly


 


0 commentaire
Poster

Nos derniers articles