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Rapport d'activité 2016 du Conseil supérieur de la magistrature

Rapport d'activité 2016 du Conseil supérieur de la magistrature
Publié le 15/08/2017 à 09:04

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a rendu son rapport d’activité le 6 juillet dernier, deuxième bilan de la mandature 2015-2019. L’année a été marquée par l’échec de la réforme constitutionnelle sur l’indépendance du parquet, par une mobilité croissante du corps judiciaire et par la création, le 1er juin, du service d’aide et de veille déontologique.


« Au Congrès de Versailles Emmanuel Macron a déclaré qu’il voulait une indépendance pleine et entière de la justice… Cela veut dire qu’elle ne l’est pas ! » Lors de la présentation du rapport du CSM, Bertrand Louvel, le Premier président de la Cour de cassation, s’est empressé de citer le nouveau président de la République et d’apporter son analyse – précisant cependant que l’ancien ministre de l’Économie lui apparaissait « novateur dans l’approche politique de l’institution judiciaire ». Jean-Claude Marin a exprimé le même espoir « d’une réforme en profondeur ». Après une année 2016?marquée par l’échec de la réforme constitutionnelle dont l’objectif était de renforcer l’indépendance du parquet, l’attente est d’autant plus grande pour le procureur général de la plus haute juridiction judiciaire française. Le texte prévoyait de reconnaître à la formation du Conseil compétente pour les magistrats du parquet le pouvoir de statuer sur les propositions de nomination par un avis conforme, et non plus par un avis simple. « Or, le respect systématique des avis du Conseil par les gardes des Sceaux qui se sont succédé ces dernières années a déjà, dans les faits, conféré à ces avis le caractère d’avis conformes », précise le rapport. Et d’ajouter : « Le Conseil regrette l’abandon d’une réforme qui faisait l’objet d’un large consensus ».


MM. Louvel et Marin se sont également attardés sur la loi renforçant la sécurité. « Le juge judiciaire est le gardien de la liberté individuelle, mais le Conseil constitutionnel a cantonné le juge judiciaire à la privation de liberté. Le reste relève donc de la garde partagée », ont-ils rappelé. Pour tous deux, « aujourd’hui, le législateur ne sait plus à quel saint se vouer. Il y a une forte hésitation du pouvoir politique qui ne sait plus à qui confier la protection des libertés. Le Parlement doit restituer les belles catégories entre judiciaire et administratif ».


L’ « hypermobilité » du corps judiciaire


Le rapport aborde aussi des sujets concernant plus spécifiquement les magistrats. Le document observe ainsi une mobilité croissante du corps judiciaire. Durant l’année, « le Conseil s’est prononcé sur quelque 2?243?propositions de nominations du garde des Sceaux, et a examiné 859?observations formulées par des magistrats qui, quoique souhaitant changer de postes, n’ont pas obtenu satisfaction », indique le texte. Depuis trois années, en moyenne plus de 20?% des postes en juridiction changent tous les ans de titulaire. Pour le CSM, aux vertus traditionnelles qu’on attribue à la mobilité (brassage des magistrats, trop grande proximité entre eux, prévention des connivences, des partialités, etc.), s’ajoutent également des objectifs multiples, de nature personnelle ou professionnelle.


L’année 2016?marque également le lancement du service d’aide et de veille déontologique (SAVD). Depuis le 1er juin, le SAVD est ouvert à tout magistrat pour toute question, de nature déontologique, le concernant personnellement. Cela exclut le cas, par exemple, d’un supérieur hiérarchique qui consulterait le service pour un problème relatif à un collègue. Du côté de la saisine, elle se fait « sans formalisme » assure le CSM, puisqu’il suffit d’un appel téléphonique, d’un courriel ou d’un courrier postal. La plupart du temps, il s’agit d’un entretien avec le binôme membre du service, tenu à une stricte confidentialité. Du 1er juin au 31?décembre 2016, le SAVD a reçu 30?saisines pour l’essentiel relatives à l’exercice professionnel proprement dit, à la conduite d’activité annexe, à la mise en cause ou à l’intervention du magistrat dans des procédures judiciaires à titre personnel, ou encore aux relations avec d’autres professionnels de la justice pour les besoins d’un litige ou l’acquisition d’un bien. « Il a fait preuve d’efficacité », s’est félicité Bertrand Louvel

 


Victor Bretonnier


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