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Rencontres business 2018 - Avocats et juristes d’entreprise : quel avenir dans le marché du droit ?

Rencontres business 2018 - Avocats et juristes d’entreprise : quel avenir dans le marché du droit ?
Publié le 18/04/2018 à 15:08

Organisées par le magazine de référence des juristes d’affaires, Le Monde du droit, les Rencontres business 2018 sont le nouveau rendez-vous des juristes d’entreprise et des avocats. La première édition de cet événement s’est déroulée le 29 mars 2018 au Grand Hôtel InterContinental Opéra. Au programme : un grand débat d’actualité, des ateliers thématiques animés par de célèbres cabinets et des rencontres privilégiées entre décideurs du monde juridique. L’occasion pour les participants d’échanger entre eux dans un cadre exceptionnel.

Lors de ces Rencontres business du Monde du droit, une grande conférence plénière, modérée par Arnaud Dumourier, directeur de la rédaction du Monde du Droit, a été organisée sous le titre « Avocats et juristes d’entreprise : quel avenir dans le marché du droit ? ». Cette dernière a réuni Jean-Marie Valentin, président de Séville More Helory ; Clarisse Berrebi, avocate fondatrice de Bold Avocats ; Marc Mossé, senior director government Affairs, associate general counsel, Microsoft Emea et vice-président de l'AFJE ; ainsi que Bénédicte Wautelet, directrice juridique du groupe Figaro et vice-présidente du Cercle Montesquieu. L’objectif pour les intervenants était de faire le point sur les enjeux et préoccupations auxquels sont confrontés les avocats et juristes d'entreprise dans un monde de plus en plus digitalisé. Le droit y est devenu un « commerce » représentant plus de 31,1 milliards d’euros, et est soumis à une concurrence exacerbée, du fait de l’internationalisation du marché. En effet, au nom de l’accès au droit et à la justice pour tous, de plus en plus de legaltech imposent des prix très faibles dans ce secteur qu’elles sont pourtant loin de maîtriser parfaitement. Les modèles d’affaires des cabinets d’avocats sont par conséquent mis à rude épreuve. C’est pourquoi, afin de ne pas être dépassés les avocats doivent-ils repenser et adapter leur modèle économique ? Doivent-ils s’unir à d’autres professions comme certains le réclament ? En outre, a rappelé Arnaud Dumourier, depuis quelques années déjà nous sommes entrés dans l’ère du numérique, et cette situation a provoqué, si ce n’est de l’inquiétude, une véritable remise en question des différents acteurs du marché du droit. Selon une étude récente de l’observatoire des avocats évoquée par le rédacteur de la rédaction du Monde du droit, 93 % des avocats pensent que les outils numériques auront un impact sur l’organisation et la nature de leur activité. Et 88 % des juristes d’entreprise le pensent également. Tous s’interrogent donc : par rapport à l’efficacité et la rapidité des nouvelles technologies, quelle est la valeur ajoutée du juriste d’entreprise ou de l’avocat ? Justice prédictive, smart contract, legal bot… quels impacts de ces intelligences artificielles pour le travail des avocats ? Autant d’interrogations auxquelles ont tenté de répondre les experts de ce jour.

PERCEPTION DE CES CHANGEMENTS

Comment percevez-vous ces changements ? a demandé d’emblée le modérateur de la table ronde à ses invités.

Clarisse Berrebi, avocate fondatrice de Bold Avocats, la première à s’exprimer, a d’abord confirmé : il y a sur le marché du droit une évolution forte que tous les praticiens du droit ressentent et qui est pour eux source d’inquiétude. Mais pour elle, si nous en sommes là c’est en grande partie la faute d’un modèle économique dépassé. Il existe en effet selon elle « un désalignement complet entre la demande des clients et l’offre proposée par les cabinets d’avocats ».

Dans 99 % des cas, a-t-elle expliqué, un cabinet d’avocats fonctionne au taux horaire, or ce modèle est inapproprié, car naturellement le client voudra toujours payer le moins d’heures possible et le cabinet d’avocats, pour gagner de l’argent, pour prospérer sur son marché, aura lui besoin de facturer le plus d’heures possible. Étant donné ce conflit d’intérêts inhérent à cette relation client-avocat, « notre modèle économique pose difficulté et ne pourra pas tenir longtemps », a-t-elle prédit pessimiste.

C’est donc fort de ce constat qu’au sein de Bold avocats les associés et collaborateurs ont mis en place une nouvelle approche économique, a-t-elle expliqué. « Il y a dix ans déjà on s’est rendu compte que le taux horaire n’était plus la bonne stratégie, car certaines structures type start-up ne pouvaient pas assumer ce fonctionnement. Nous nous sommes donc positionnés le plus possible sur leur écosystème, et nous sommes donc passés au forfait. »

Néanmoins, l’inconvénient du forfait, c’est que pour le client « nous sommes alors devenus un produit. Il lui suffisait d’aller voir dans d’autres boutiques si le produit n’était pas moins cher ». La forfaitisation a engendré une forte concurrence au sein de la profession et de la part des autres professions réglementées. Et aujourd’hui, un grand nombre de legaltech sont venues sur le créneau du droit pour vendre des actes à 49/50 euros, des prix sur lesquels il est très difficile de concurrencer. Même si ce modèle économique est meilleur que l’ancien, « nous sommes parfois rabaissés à l’acte que nous produisions », a-t-elle regretté.

En 2017, afin de contourner au mieux cette problématique, le cabinet Bold avocats a décidé de passer à l’abonnement illimité. Les entreprises s’abonnent chez eux sur Internet et peuvent appeler autant de fois qu’elles le souhaitent.

Arnaud Dumourier a ensuite interrogé Bénédicte Wautelet, directrice juridique du groupe Figaro et vice-présidente du Cercle Montesquieu, afin d’avoir l’avis d’une juriste d’entreprise face à ces changements.

« Je rejoins tout à fait Madame Berrebi sur les modalités de facturation. Le taux horaire est totalement inadapté. Je pense qu’il l’a toujours été au contentieux », a-t-elle déclaré. Elle a en effet avoué n’avoir jamais compris pourquoi certains avocats de contentieux en France s’étaient mis au taux horaire alors qu’à la base, c’est une pratique des cabinets anglo-saxons ; « ça me paraît totalement une hérésie », a-t-elle affirmé.

Cependant, certains cabinets proposent aussi des forfaits et fonctionnent avec des systèmes d’abonnement, a-t-elle reconnu. Cette pratique revient peu à peu à la mode. On peut ainsi leur envoyer un mail, et ils répondent promptement et succinctement. « Cela devient comme un appel à un ami, et on devient alors très proche avec les cabinets avec lesquels on travaille ».

Au sein de la direction juridique du Figaro, a-t-elle expliqué, les collaborateurs travaillent en effet avec un panel d’avocats qui les suivent depuis de nombreuses années, même si le journal fait régulièrement des tests avec de nouveaux avocats.

« Nous sommes en interne outillés pour faire des choses nouvelles, donc quand on fait appel à un nouveau cabinet c’est pour combler soit un problème de temps, soit un contentieux, soit un problème technique que nous ne pouvons résoudre ». Comment choisir ce cabinet ? a alors interrogé Arnaud Dumourier. « En réalité je ne sélectionne pas les cabinets, mais je sélectionne les personnes », a expliqué Madame Wautelet. « Je vais chercher une personne dont je connais la réputation, la posture, et l’expertise pour régler le problème, car c’est elle qui va signer la consultation. Il s’agit d’une relation de confiance. De plus, dans le secteur des médias et d’Internet, il est très important aujourd’hui de trouver des avocats qui ne sont pas en conflit avec certains GAFA ».

La parole a ensuite été donnée à Jean-Marie Valentin, qui a récemment créé la legaltech Séville More Helory, alors qu’il était auparavant avocat associé fondateur d’un important cabinet d’avocats d’affaires, Sekri Valentin Zerrouk. « Je crois que ce que nous sommes en train de vivre ce sont des modifications profondes qui touchent fondamentalement les hommes et les femmes que nous sommes dans notre environnement de travail. », a-t-il commencé.

Pour lui, il s’agit avant tout d’enjeux de repositionnement par rapport à un environnement de travail, par rapport aux partenaires, aux fournisseurs, et par rapport à une certaine idée que l’on se fait de la vocation d’avocat. « Le regard que je porte est un regard de responsabilité » a-t-il confié à l’assistance. Pour lui, face à ces changements il y a en effet deux « mauvaises » attitudes : s’enthousiasmer sans réfléchir pour des choses qu’on devra ensuite ordonnancer dans une réalité humaine et professionnelle, ou alors se désespérer devant des évolutions que l’on ressent comme des menaces. Or, pour lui, il faut « systématiquement dans une équipe désigner une boussole, celle-ci doit être que chaque participant de la chaîne de la fonction juridique puisse apporter le meilleur de lui-même en fonction de son génie propre ».

À la question de savoir pourquoi il a créé une legaltech, il répond : « Je crois que c’est un enjeu de cohérence par rapport aux enjeux auxquels les professionnels du droit font face actuellement. L’enjeu de la transformation digitale est pour moi un enjeu de transversalité, de compétitivité et de place. »

De transversalité d’abord, car les fonctions juridiques par nature irriguent les autres fonctions de l’entreprise et sont irriguées par ces fonctions-là. Il faut donc pour lui aborder la question de la transformation digitale, en ayant en tête les besoins et interactions nécessaires entre tous les acteurs internes de l’entreprise. « Mais aussi de comprendre quels sont les modes d’organisation actuels et futurs des écosystèmes externes ».

Un enjeu de compétitivité ensuite, car nous sommes clairement aujourd’hui dans un contexte d’efficacité opérationnelle.

Un enjeu de place enfin. Pour Jean-Marie Valentin, il est en effet important de s’imposer auprès des entreprises via le prisme du droit continental, puisque c’est celui que les professionnels du droit maîtrisent le mieux en France, et pas seulement en évoquant le droit anglo-saxon.

Afin de faire face à ces trois enjeux, « j’ai réuni autour de moi une équipe pluridisciplinaire. Et j’ai décidé de quitter la robe pour me rendre parfaitement disponible à cette nouvelle mission », a-t-il expliqué.

Pour Marc Mossé enfin, l’évolution à laquelle assistent les professionnels du droit a un triple impact :

- C’est d’abord une transformation des business models. C’est-à-dire une modification liée à la valeur ajoutée. La question qu’il faut désormais se poser est la suivante : quelles sont les tâches répétitives, de peu d’intérêt intellectuel que la machine va pouvoir faire à la place des hommes ? En effet, l’intelligence artificielle, le machine learning… vont sans doute permettre d’identifier les tâches les plus rébarbatives, de sorte que les juristes vont pouvoir exercer leur intelligence réelle sur des tâches plus excitantes, comme la stratégie et le conseil stratégique. Par conséquent, l’intérêt des tâches des juristes, quel que soit leur mode d’exercice, sera inévitablement renforcé.

- Il s’agit également d’une modification de la relation client. Quand on est juriste d’entreprise, cela concerne les relations avec les autres fonctions internes, mais aussi avec les cabinets d’avocats, et les divers prestataires externes. Le digital offre désormais la possibilité de repenser ces relations, il modifie la manière dont on peut rendre un service optimisé à ses clients en donnant la possibilité d’être plus efficace sur le long terme.

- Enfin, on a affaire à une modification des organisations. Pour le vice-président de l’AFJE, le digital va obliger les professionnels du droit à avoir des équipes plus agiles, et à entretenir des relations d’une autre nature avec les prestataires. Avec le développement numérique, il va de plus en plus être nécessaire de travailler en équipe. Or, « le mode collaboratif n’est pas le mode naturel que l’on enseigne dans les universités de droit », a affirmé l’intervenant. Et, durant sa carrière, le juriste ou avocat connaît davantage l’individualisme que le travail en commun. Cette transformation va donc inévitablement poser la question de la formation.

Ces trois aspects requièrent en effet des compétences nouvelles, a expliqué Marc Mossé. « Si on ne réussit pas à transformer la formation des juristes, on n’arrivera pas à appréhender cette transformation digitale profonde », a-t-il expliqué. Pour lui, au-delà des compétences techniques, il faudra également développer des soft skills, et travailler avec des ingénieurs.

Quoi qu’il en soit, pour ce dernier, ces trois dimensions vont trouver un écho dans l’organisation des cabinets d’avocats, des directions juridiques et également dans les relations entre les directions juridiques et les cabinets d’avocats. « Je pense donc que c’est une chance, et c’est la conviction de l’AFJE qui s’est d’ailleurs engagée dans la question de la digitalisation depuis plusieurs années, avec l’idée que cette dernière était quelque chose qu’il fallait embrasser plutôt que subir ».

NOUVEAUX OUTILS ET NOUVELLES COMPÉTENCES

Par rapport à ces transformations, peut-on dire que les professionnels du droit sont prêts ? a ensuite demandé Arnaud Dumourier à ses invités. Quelles sont les compétences qu’il va falloir développer ?

Pour Bénédicte Wautelet, les machines vont à l’avenir remplacer les tâches qui autrefois étaient traitées par les assistants, et les juristes qui sauront s’adapter survivront parfaitement. Et d’ailleurs ces derniers sont, pour la plupart, preneurs de ces outils qui leur simplifient la vie. En réalité, les nouvelles technologies ne vont pas, selon elle, modifier le volume d’externalisation des dossiers transmis aux cabinets d’avocats. Dans le groupe Figaro par exemple, la direction juridique externalise tous les contentieux, et ils vont continuer à le faire, car les équipes ne sont pas aptes à plaider eux-mêmes leurs affaires.

Madame Berrebi a quant à elle émis un avis plus pessimiste concernant les avocats. Vu qu’il existe un problème de désalignement entre le client et la profession d’avocat, cela  va générer chez les avocats le sentiment qu’ils ne sont pas concernés par les évolutions en cours.

Dans la plupart des cabinets d’avocats, ce désalignement entre client et avocat se retrouve dans les relations qu’entretiennent les collaborateurs avec la direction de leur propre structure. Ils ne se reconnaissent plus dans la mission qui leur est proposée dans les cabinets d’avocats. « Ils sont malheureux, car puisqu’ils sont au taux horaire, c’est la productivité qui compte. Et la prime et les objectifs sont seulement liés à la productivité. » Clarisse Berrebi énumère : c’est la prime à celui qui reste le plus longtemps au cabinet (ce qui explique que les femmes quittent massivement la profession), à celui qui n’a pas de vie, à celui qui passe son temps à s’approprier le meilleur dossier, « c’est donc la prime au collègue pas sympa ». Et c’est malheureusement ce dernier qui va devenir associé, « car c’est le modèle que l’on propose en général ; mais ce n’est pas ce que nous cherchons dans notre cabinet », a-t-elle affirmé. Ainsi, en plus d’avoir transformé leur modèle économique, le cabinet Bold Avocats a transformé son approche : « L’objectif à terme c’est que le collaborateur soit heureux. On a donc mis en place le travail en équipe, le partage et les échanges ». Pendant quatre mois, les associés ont réfléchi, avec l’aide d’une équipe d’entrepreneurs, sur les nouvelles compétences à développer au sein du cabinet, et à ce qu’il fallait désormais attendre des collaborateurs.

En effet, à partir du moment où le cabinet est passé à l’abonnement illimité, le modèle de la productivité n’a plus eu cours. « Il y a alors eu tout un changement d’état d’esprit à mettre en place, avec des enquêtes qualité, avec un rapport au collaborateur différent. Car dans le modèle économique ancien, le collaborateur n’a aucun intérêt à travailler en commun ». Les équipes ont donc intégré des legal design, des soft skills. En définitive, « on fait du droit de manière extrêmement différente, et dans la recherche de l’intérêt du client d’abord », a précisé Clarisse Berrebi.

Pour Jean-Marie Valentin qui promet avec sa legaltech « d’optimiser les fonctions juridiques », le premier enjeu est de réunir les bonnes équipes. Les collaborateurs doivent en effet développer des soft skills : « Ce qui fait la valeur de nos métiers c’est d’abord la technicité et l’intelligence émotionnelle et personnelle qu’elle implique ». Il faut être attentif, non seulement à avoir d’éminents experts, mais aussi à leur apprendre à discuter ensemble. « Aujourd’hui il est nécessaire de faire travailler ensemble des juristes, des ingénieurs et des développeurs. Nous sommes parmi les premiers à avoir embauché des dresseurs de Legal bot. Or, ils ont à la fois un profil d’ingénieurs et donc connaissent l’IA, et en même temps ils sont juristes. »

Pour Monsieur Valentin enfin, « le directeur juridique aujourd’hui est fondamentalement le managing partner de son écosystème juridique ». C’est-à-dire qu’il lui appartient de faire collaborer dans une vision commune les ressources internes et externes avec lesquelles il travaille.

Quels outils pour quels usages ? a ensuite demandé Arnaud Dumourier à son invitée du Figaro. Bénédicte Wautelet l’a répété : ces outils remplacent clairement l’assistanat. Il s’agit donc d’instruments qui pilotent toute la vie sociale d’une entreprise. L’essentiel pour cette dernière est que les legaltech entendent les demandes des juristes et directeurs juridiques afin d’adapter leurs outils à ce dont ils ont réellement besoin.

Même question pour Marc Mossé. Chez Miscrosoft, a-t-il expliqué, la direction juridique a été conçue à travers l’usage de l’ensemble de ces outils.

Pour Monsieur Mossé en effet la question de la transition digitale, « ce n’est pas une question de technologie. Ce dont il faut parler c’est d’usage ». Par exemple, a-t-il expliqué, il existe des outils avec lesquels les professionnels du droit travaillent depuis longtemps, mais dont ils ignorent l’ensemble des usages qu’ils peuvent en faire. Or, « il est nécessaire de familiariser les gens avec leurs outils ». D’où l’importance de la formation continue.

« Cette opportunité que représente la transformation digitale c’est aussi pour nous une façon de réinventer nos métiers. Le juriste augmenté c’est un juriste plus heureux, car il va pouvoir se concentrer sur des tâches plus intéressantes. Ils vont être des acteurs de plus en plus stratégiques, de plus en plus impliqués dans l’entreprise, avec des capacités transverses », a-t-il déclaré enthousiaste.

QUEL AVENIR POUR LES AVOCATS ET LES JURISTES D’ENTREPRISE ?

En conclusion, quel avenir pour les avocats et les juristes d’entreprise dans le monde du droit ? Les invités ont été plus ou moins optimistes. Pour Bénédicte Wautelet « il y a beaucoup de choses à faire ; le juriste d’entreprise dans l’avenir pourra être de plus en plus rattaché à la direction générale de l’entreprise. Gestion des risques et de l’image, pilotage des stratégies, je crois que notre avenir est là », a-t-elle déclaré.

Quant à Clarisse Berrebi, elle a précisé : « on pense que se digitaliser et se moderniser c’est adopter des outils innovants, or il faut commencer par les usages ». En effet, c’est seulement en fonction des usages que les outils peuvent être intéressants ou pas. Pour le cabinet Bold Avocats par exemple les outils les plus utiles ce sont les outils d’entreprise. Puis les outils collaboratifs, « mais là aussi ça fait partie des gadgets », a expliqué Madame Berrebi. « Ce n’est pas ça qui fait que vous maîtrisez ou non votre modèle économique. » « Le plus important pour chacun d’entre nous, c’est d’aller chercher sa propre valeur ajoutée, et nous former à améliorer la relation client. »

Le mot de la fin a été laissé à Jean-Marie Valentin. Pour lui aussi, le plus important c’est la relation client. Et, dans ce rapport au client, le digital peut jouer un rôle fondamental. « Le client c’est ce qui est au centre, et ça n’enlève rien au rôle de l’avocat, à son importance dans notre système judiciaire ». Nous sommes en effet selon lui dans des sociétés de plus en plus complexes dans lesquelles le droit va prendre de plus en plus de place. Par conséquent, s’est-il réjoui, ceux qui sont en mesure de dire le droit vont être de plus en plus valorisés. « L’optimisme que je cultive n’est donc pas feint », a-t-il assuré, « car je le crois profondément ».

Maria-Angélica Bailly

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