Organisées
par le magazine de référence des juristes d’affaires, Le Monde du droit, les
Rencontres business 2018 sont le nouveau rendez-vous des juristes
d’entreprise et des avocats. La première édition de cet événement s’est déroulée
le 29 mars 2018 au Grand Hôtel InterContinental Opéra. Au programme :
un grand débat d’actualité, des ateliers thématiques animés par de célèbres
cabinets et des rencontres privilégiées entre décideurs du monde juridique.
L’occasion pour les participants d’échanger entre eux dans un cadre
exceptionnel.
Lors
de ces Rencontres business du Monde du droit, une grande conférence plénière,
modérée par Arnaud Dumourier, directeur de la rédaction du Monde du Droit, a été organisée sous le titre « Avocats et
juristes d’entreprise : quel avenir dans le marché du droit ? ».
Cette dernière a réuni Jean-Marie Valentin, président de Séville More
Helory ; Clarisse Berrebi, avocate fondatrice de Bold Avocats ; Marc
Mossé, senior director government Affairs, associate general counsel, Microsoft
Emea et vice-président de l'AFJE ; ainsi que Bénédicte Wautelet, directrice
juridique du groupe Figaro et vice-présidente du Cercle Montesquieu. L’objectif
pour les intervenants était de faire le point sur les enjeux et préoccupations auxquels
sont confrontés les avocats et juristes d'entreprise dans un monde de plus en
plus digitalisé. Le droit y est devenu un « commerce » représentant plus
de 31,1 milliards d’euros, et est soumis à une concurrence exacerbée, du
fait de l’internationalisation du marché. En effet, au nom de l’accès au droit
et à la justice pour tous, de plus en plus de legaltech imposent des prix très
faibles dans ce secteur qu’elles sont pourtant loin de maîtriser parfaitement. Les
modèles d’affaires des cabinets d’avocats sont par conséquent mis à rude épreuve.
C’est pourquoi, afin de ne pas être dépassés les avocats doivent-ils repenser
et adapter leur modèle économique ? Doivent-ils s’unir à d’autres professions
comme certains le réclament ? En outre, a rappelé Arnaud Dumourier, depuis
quelques années déjà nous sommes entrés dans l’ère du numérique, et cette
situation a provoqué, si ce n’est de l’inquiétude, une véritable remise en
question des différents acteurs du marché du droit. Selon une étude récente de
l’observatoire des avocats évoquée par le rédacteur de la rédaction du Monde du droit, 93 % des avocats
pensent que les outils numériques auront un impact sur l’organisation et la
nature de leur activité. Et 88 % des juristes d’entreprise le pensent
également. Tous s’interrogent donc : par rapport à l’efficacité et la
rapidité des nouvelles technologies, quelle est la valeur ajoutée du juriste
d’entreprise ou de l’avocat ? Justice prédictive, smart contract, legal bot…
quels impacts de ces intelligences artificielles pour le travail des
avocats ? Autant d’interrogations auxquelles ont tenté de répondre les
experts de ce jour.
PERCEPTION DE
CES CHANGEMENTS
Comment
percevez-vous ces changements ? a demandé d’emblée le modérateur de la
table ronde à ses invités.
Clarisse
Berrebi, avocate fondatrice de Bold Avocats, la première à s’exprimer, a d’abord
confirmé : il y a sur le marché du droit une évolution forte que tous les
praticiens du droit ressentent et qui est pour eux source d’inquiétude. Mais
pour elle, si nous en sommes là c’est en grande partie la faute d’un modèle
économique dépassé. Il existe en effet selon elle « un désalignement complet entre la demande des clients et l’offre
proposée par les cabinets d’avocats ».
Dans
99 % des cas, a-t-elle expliqué, un cabinet d’avocats fonctionne au taux
horaire, or ce modèle est inapproprié, car naturellement le client voudra
toujours payer le moins d’heures possible et le cabinet d’avocats, pour gagner
de l’argent, pour prospérer sur son marché, aura lui besoin de facturer le plus
d’heures possible. Étant donné ce conflit d’intérêts inhérent à cette relation
client-avocat, « notre modèle
économique pose difficulté et ne pourra pas tenir longtemps »,
a-t-elle prédit pessimiste.
C’est
donc fort de ce constat qu’au sein de Bold avocats les associés et
collaborateurs ont mis en place une nouvelle approche économique, a-t-elle expliqué.
« Il y a dix ans déjà on s’est rendu compte que le taux horaire
n’était plus la bonne stratégie, car certaines structures type start-up ne
pouvaient pas assumer ce fonctionnement. Nous nous sommes donc positionnés le
plus possible sur leur écosystème, et nous sommes donc passés au
forfait. »
Néanmoins,
l’inconvénient du forfait, c’est que pour le client « nous sommes alors devenus
un produit. Il lui suffisait d’aller voir dans d’autres boutiques si le produit
n’était pas moins cher ». La forfaitisation a engendré une forte
concurrence au sein de la profession et de la part des autres professions
réglementées. Et aujourd’hui, un grand nombre de legaltech sont venues sur le
créneau du droit pour vendre des actes à 49/50 euros, des prix sur lesquels
il est très difficile de concurrencer. Même si ce modèle économique est
meilleur que l’ancien, « nous sommes
parfois rabaissés à l’acte que nous produisions », a-t-elle regretté.
En
2017, afin de contourner au mieux cette problématique, le cabinet Bold avocats
a décidé de passer à l’abonnement illimité. Les entreprises s’abonnent chez eux
sur Internet et peuvent appeler autant de fois qu’elles le souhaitent.
Arnaud
Dumourier a ensuite interrogé Bénédicte Wautelet, directrice juridique du groupe
Figaro et vice-présidente du Cercle Montesquieu, afin d’avoir l’avis d’une
juriste d’entreprise face à ces changements.
« Je rejoins tout à fait Madame Berrebi
sur les modalités de facturation. Le taux horaire est totalement inadapté. Je
pense qu’il l’a toujours été au contentieux », a-t-elle déclaré. Elle
a en effet avoué n’avoir jamais compris pourquoi certains avocats de
contentieux en France s’étaient mis au taux horaire alors qu’à la base, c’est
une pratique des cabinets anglo-saxons ; « ça me paraît totalement une
hérésie », a-t-elle affirmé.
Cependant,
certains cabinets proposent aussi des forfaits et fonctionnent avec des
systèmes d’abonnement, a-t-elle reconnu. Cette pratique revient peu à peu à la
mode. On peut ainsi leur envoyer un mail, et ils répondent promptement et
succinctement. « Cela devient comme
un appel à un ami, et on devient alors très proche avec les cabinets avec
lesquels on travaille ».
Au
sein de la direction juridique du Figaro,
a-t-elle expliqué, les collaborateurs travaillent en effet avec un panel
d’avocats qui les suivent depuis de nombreuses années, même si le journal fait
régulièrement des tests avec de nouveaux avocats.
« Nous sommes en interne outillés pour faire
des choses nouvelles, donc quand on fait appel à un nouveau cabinet c’est pour
combler soit un problème de temps, soit un contentieux, soit un problème technique
que nous ne pouvons résoudre ». Comment choisir ce cabinet ? a
alors interrogé Arnaud Dumourier. « En
réalité je ne sélectionne pas les cabinets, mais je sélectionne les personnes »,
a expliqué Madame Wautelet. « Je
vais chercher une personne dont je connais la réputation, la posture, et
l’expertise pour régler le problème, car c’est elle qui va signer la
consultation. Il s’agit d’une relation de confiance. De plus, dans le secteur
des médias et d’Internet, il est très important aujourd’hui de trouver des avocats
qui ne sont pas en conflit avec certains GAFA ».
La
parole a ensuite été donnée à Jean-Marie Valentin, qui a récemment créé la
legaltech Séville More Helory, alors qu’il était auparavant avocat
associé fondateur d’un important cabinet d’avocats d’affaires, Sekri Valentin
Zerrouk. « Je crois que ce que nous
sommes en train de vivre ce sont des modifications profondes qui touchent
fondamentalement les hommes et les femmes que nous sommes dans notre
environnement de travail. », a-t-il commencé.
Pour
lui, il s’agit avant tout d’enjeux de repositionnement par rapport à un
environnement de travail, par rapport aux partenaires, aux fournisseurs, et par
rapport à une certaine idée que l’on se fait de la vocation d’avocat. « Le regard que je porte est un regard de
responsabilité » a-t-il confié à l’assistance. Pour lui, face à ces
changements il y a en effet deux « mauvaises »
attitudes : s’enthousiasmer sans réfléchir pour des choses qu’on devra
ensuite ordonnancer dans une réalité humaine et professionnelle, ou alors se désespérer
devant des évolutions que l’on ressent comme des menaces. Or, pour lui, il faut
« systématiquement dans une équipe
désigner une boussole, celle-ci doit être que chaque participant de la chaîne
de la fonction juridique puisse apporter le meilleur de lui-même en fonction de
son génie propre ».
À
la question de savoir pourquoi il a créé une legaltech, il répond :
« Je crois que c’est un enjeu de
cohérence par rapport aux enjeux auxquels les professionnels du droit font face
actuellement. L’enjeu de la transformation digitale est pour moi un enjeu de
transversalité, de compétitivité et de place. »
De
transversalité d’abord, car les fonctions juridiques par nature irriguent les
autres fonctions de l’entreprise et sont irriguées par ces fonctions-là. Il
faut donc pour lui aborder la question de la transformation digitale, en ayant
en tête les besoins et interactions nécessaires entre tous les acteurs internes
de l’entreprise. « Mais aussi de
comprendre quels sont les modes d’organisation actuels et futurs des
écosystèmes externes ».
Un
enjeu de compétitivité ensuite, car nous sommes clairement aujourd’hui dans
un contexte d’efficacité opérationnelle.
Un
enjeu de place enfin. Pour Jean-Marie Valentin, il est en effet important
de s’imposer auprès des entreprises via le prisme du droit continental, puisque
c’est celui que les professionnels du droit maîtrisent le mieux en France, et
pas seulement en évoquant le droit anglo-saxon.
Afin
de faire face à ces trois enjeux, « j’ai réuni autour de moi une équipe pluridisciplinaire. Et j’ai
décidé de quitter la robe pour me rendre parfaitement disponible à cette
nouvelle mission », a-t-il expliqué.
Pour
Marc Mossé enfin, l’évolution à
laquelle assistent les professionnels du droit a un triple impact :
-
C’est d’abord une transformation des business models. C’est-à-dire une
modification liée à la valeur ajoutée. La question qu’il faut désormais se
poser est la suivante : quelles sont les tâches répétitives, de peu d’intérêt
intellectuel que la machine va pouvoir faire à la place des hommes ? En
effet, l’intelligence artificielle, le machine
learning… vont sans doute permettre d’identifier les tâches les plus
rébarbatives, de sorte que les juristes vont pouvoir exercer leur intelligence
réelle sur des tâches plus excitantes, comme la stratégie et le conseil
stratégique. Par conséquent, l’intérêt des tâches des juristes, quel que soit
leur mode d’exercice, sera inévitablement renforcé.
-
Il s’agit également d’une modification de la relation client. Quand on est
juriste d’entreprise, cela concerne les relations avec les autres fonctions
internes, mais aussi avec les cabinets d’avocats, et les divers prestataires
externes. Le digital offre désormais la possibilité de repenser ces relations,
il modifie la manière dont on peut rendre un service optimisé à ses clients en
donnant la possibilité d’être plus efficace sur le long terme.
-
Enfin, on a affaire à une modification des organisations. Pour le
vice-président de l’AFJE, le digital va obliger les professionnels du droit à
avoir des équipes plus agiles, et à entretenir des relations d’une autre nature
avec les prestataires. Avec le développement numérique, il va de plus en plus
être nécessaire de travailler en équipe. Or, « le mode collaboratif n’est pas le mode naturel que l’on enseigne dans
les universités de droit », a affirmé l’intervenant. Et, durant sa
carrière, le juriste ou avocat connaît davantage l’individualisme que le travail
en commun. Cette transformation va donc inévitablement poser la question de la
formation.
Ces
trois aspects requièrent en effet des compétences nouvelles, a
expliqué Marc Mossé. « Si on ne
réussit pas à transformer la formation des juristes, on n’arrivera pas à
appréhender cette transformation digitale profonde », a-t-il expliqué.
Pour lui, au-delà des compétences techniques, il faudra également développer des
soft skills, et travailler avec des
ingénieurs.
Quoi
qu’il en soit, pour ce dernier, ces trois dimensions vont trouver un écho
dans l’organisation des cabinets d’avocats, des directions juridiques et
également dans les relations entre les directions juridiques et les cabinets
d’avocats. « Je pense donc que c’est
une chance, et c’est la conviction de l’AFJE qui s’est d’ailleurs engagée dans
la question de la digitalisation depuis plusieurs années, avec l’idée que cette
dernière était quelque chose qu’il fallait embrasser plutôt que subir ».
NOUVEAUX
OUTILS ET NOUVELLES COMPÉTENCES
Par
rapport à ces transformations, peut-on dire que les professionnels du droit
sont prêts ? a ensuite demandé Arnaud Dumourier à ses invités. Quelles
sont les compétences qu’il va falloir développer ?
Pour
Bénédicte Wautelet, les machines
vont à l’avenir remplacer les tâches qui autrefois étaient traitées par les
assistants, et les juristes qui sauront s’adapter survivront parfaitement. Et
d’ailleurs ces derniers sont, pour la plupart, preneurs de ces outils qui leur
simplifient la vie. En réalité, les nouvelles technologies ne vont pas,
selon elle, modifier le volume d’externalisation des dossiers transmis aux
cabinets d’avocats. Dans le groupe Figaro par exemple, la direction juridique
externalise tous les contentieux, et ils vont continuer à le faire, car les
équipes ne sont pas aptes à plaider eux-mêmes leurs affaires.
Madame Berrebi
a quant à elle émis un avis plus pessimiste concernant les avocats. Vu qu’il
existe un problème de désalignement entre le client et la profession d’avocat,
cela va générer chez les avocats le
sentiment qu’ils ne sont pas concernés par les évolutions en cours.
Dans
la plupart des cabinets d’avocats, ce désalignement entre client et avocat se
retrouve dans les relations qu’entretiennent les collaborateurs avec la
direction de leur propre structure. Ils ne se reconnaissent plus dans la
mission qui leur est proposée dans les cabinets d’avocats. « Ils sont malheureux, car puisqu’ils sont au
taux horaire, c’est la productivité qui compte. Et la prime et les objectifs
sont seulement liés à la productivité. » Clarisse Berrebi
énumère : c’est la prime à celui qui reste le plus longtemps au cabinet
(ce qui explique que les femmes quittent massivement la profession), à celui
qui n’a pas de vie, à celui qui passe son temps à s’approprier le meilleur
dossier, « c’est donc la prime au
collègue pas sympa ». Et c’est malheureusement ce dernier qui va
devenir associé, « car c’est le
modèle que l’on propose en général ; mais ce n’est pas ce que nous
cherchons dans notre cabinet », a-t-elle affirmé. Ainsi, en plus
d’avoir transformé leur modèle économique, le cabinet Bold Avocats a
transformé son approche : « L’objectif
à terme c’est que le collaborateur soit heureux. On a donc mis en place le
travail en équipe, le partage et les échanges ». Pendant quatre mois,
les associés ont réfléchi, avec l’aide d’une équipe d’entrepreneurs, sur les
nouvelles compétences à développer au sein du cabinet, et à ce qu’il fallait
désormais attendre des collaborateurs.
En
effet, à partir du moment où le cabinet est passé à l’abonnement illimité, le
modèle de la productivité n’a plus eu cours. « Il y a alors eu tout un changement d’état d’esprit à mettre en place,
avec des enquêtes qualité, avec un rapport au collaborateur différent. Car dans
le modèle économique ancien, le collaborateur n’a aucun intérêt à travailler en
commun ». Les équipes ont donc intégré des legal design, des soft skills.
En définitive, « on fait du droit de
manière extrêmement différente, et dans la recherche de l’intérêt du client
d’abord », a précisé Clarisse Berrebi.
Pour
Jean-Marie Valentin qui promet avec sa legaltech « d’optimiser les fonctions juridiques », le premier enjeu
est de réunir les bonnes équipes. Les collaborateurs doivent en effet développer
des soft skills : « Ce qui fait la valeur de nos métiers c’est
d’abord la technicité et l’intelligence émotionnelle et personnelle qu’elle implique ».
Il faut être attentif, non seulement à avoir d’éminents experts, mais aussi à leur
apprendre à discuter ensemble. « Aujourd’hui
il est nécessaire de faire travailler ensemble des juristes, des ingénieurs et des
développeurs. Nous sommes parmi les premiers à avoir embauché des dresseurs de Legal
bot. Or, ils ont à la fois un profil
d’ingénieurs et donc connaissent l’IA, et en même temps ils sont juristes. »
Pour
Monsieur Valentin enfin, « le
directeur juridique aujourd’hui est fondamentalement le managing partner de son écosystème juridique ». C’est-à-dire
qu’il lui appartient de faire collaborer dans une vision commune les ressources
internes et externes avec lesquelles il travaille.
Quels
outils pour quels usages ? a ensuite demandé Arnaud Dumourier à son
invitée du Figaro. Bénédicte Wautelet
l’a répété : ces outils remplacent clairement l’assistanat. Il s’agit donc
d’instruments qui pilotent toute la vie sociale d’une entreprise. L’essentiel
pour cette dernière est que les legaltech entendent les demandes des juristes
et directeurs juridiques afin d’adapter leurs outils à ce dont ils ont
réellement besoin.
Même
question pour Marc Mossé. Chez Miscrosoft, a-t-il expliqué, la direction juridique a été conçue à travers l’usage de
l’ensemble de ces outils.
Pour
Monsieur Mossé en effet la question de la transition digitale, « ce n’est pas une question de technologie. Ce
dont il faut parler c’est d’usage ». Par exemple, a-t-il expliqué, il
existe des outils avec lesquels les professionnels du droit travaillent depuis
longtemps, mais dont ils ignorent l’ensemble des usages qu’ils peuvent en
faire. Or, « il est nécessaire
de familiariser les gens avec leurs outils ». D’où l’importance de la
formation continue.
« Cette opportunité que représente la
transformation digitale c’est aussi pour nous une façon de réinventer nos
métiers. Le juriste augmenté c’est un juriste plus heureux, car il va pouvoir
se concentrer sur des tâches plus intéressantes. Ils vont être des acteurs de
plus en plus stratégiques, de plus en plus impliqués dans l’entreprise, avec
des capacités transverses », a-t-il déclaré enthousiaste.
QUEL AVENIR
POUR LES AVOCATS ET LES JURISTES D’ENTREPRISE ?
En
conclusion, quel avenir pour les
avocats et les juristes d’entreprise dans le monde du droit ? Les invités
ont été plus ou moins optimistes. Pour Bénédicte Wautelet « il y a beaucoup de choses à faire ; le juriste d’entreprise dans
l’avenir pourra être de plus en plus rattaché à la direction générale de
l’entreprise. Gestion des risques et de l’image, pilotage des stratégies, je
crois que notre avenir est là », a-t-elle déclaré.
Quant
à Clarisse Berrebi, elle a précisé : « on pense que se digitaliser et se moderniser c’est adopter des outils
innovants, or il faut commencer par les usages ». En effet, c’est
seulement en fonction des usages que les outils peuvent être intéressants ou
pas. Pour le cabinet Bold Avocats par exemple les outils les plus
utiles ce sont les outils d’entreprise. Puis les outils collaboratifs, « mais là aussi ça fait partie des gadgets », a expliqué Madame Berrebi.
« Ce n’est pas ça qui fait que vous
maîtrisez ou non votre modèle économique. » « Le plus important pour chacun d’entre nous, c’est
d’aller chercher sa propre valeur ajoutée, et nous former à améliorer la
relation client. »
Le
mot de la fin a été laissé à Jean-Marie Valentin. Pour lui aussi, le plus
important c’est la relation client. Et, dans ce rapport au client, le digital
peut jouer un rôle fondamental. « Le
client c’est ce qui est au centre, et ça n’enlève rien au rôle de l’avocat, à
son importance dans notre système judiciaire ». Nous sommes en effet
selon lui dans des sociétés de plus en plus complexes dans lesquelles le droit va
prendre de plus en plus de place. Par conséquent, s’est-il réjoui, ceux qui
sont en mesure de dire le droit vont être de plus en plus valorisés. « L’optimisme que je cultive n’est donc pas
feint », a-t-il assuré, « car
je le crois profondément ».
Maria-Angélica Bailly