Au cours de la rentrée solennelle de la conférence du barreau des Hauts-de-Seine, le bâtonnier a invité le journaliste politique Jean-Michel
Aphatie à se faire juger. Ce dernier, piqué par la curiosité, a accepté la
gageure. Et il a subi les sympathiques tortures verbales de deux jeunes talents,
Ronan Lajoux et Rafaële Raymond. Après avoir apprécié la qualité des débats
éloquents, l’accusé d’un soir a pris la parole pour énoncer quelques idées sur
son beau métier, qualifié par l’avocat général, « d’escroquerie du journalisme ». Jean-Michel Aphatie ne se destinait pas du
tout à être interviewer, à la base, il s’imaginait avant tout analyste
politique. Il s’est retrouvé là un peu par hasard. Le journaliste a beaucoup
réfléchi à ce que devaient être les questions et les réponses. On lui a souvent
reproché d’interrompre les gens ou à l’inverse de les laisser parler et de raconter
n’importe quoi. Tout cela est donc bien subjectif. Conclusion, l’important,
c’est de poser des questions !
L’interviewer s’insurge contre les organes de presse qui accusent sans
apporter la moindre preuve de leur accusation. C’est la marque d’une dérive de
la société, un vrai danger qui nous concerne tous. Condamner sans apporter
d’éléments qui démontrent la réalité de ses affirmations, lui est
insupportable.
L’invité a dressé un parallèle entre sa profession et celle de l’avocat. Ce
sont des voies qu’on choisit par goût. Ces fonctions ne sont pas productrices
de richesses pécuniaires, mais elles servent à quelque chose. On peut s’en
satisfaire.
Jean-Michel Apathie se montre inflexible : « Tout le monde doit être défendu,
les forts, les faibles, les salopards ou leurs
proches. Il faut le faire avec conviction,
parce que ça ne se marchande pas. Un accusé doit
être défendu. Même un salopard a une mère,
et on peut parler dans un prétoire de la
douleur de cette mère, alors que ça blesse
des victimes et des parents de victimes.
La vie est comme ça, parfois très dure. Nous
sommes dans ces temps-là. Le métier que vous
faites de ce point de vue a un sens. Plus la
société est dure et plus les avocats seront
utiles, au moins autant que les journalistes ».
C2M