L’ordre des avocats
du barreau de Paris est célèbre pour être l’un des plus engagés de France. Lors
de sa rentrée solennelle, il a fait honneur à sa réputation. « C’est parce que nous aimions l’idée que la voix des avocats s’élèvent,
partout, dans la Cité, que nous avons souhaité vous retrouver au sein de la
maison d’où rayonne la voix de la France, dans cette enceinte de la Maison de
la Radio », a déclaré le bâtonnier Frédéric Sicard, en ouverture de la cérémonie.
Libres et affranchis tels étaient en effet les discours prononcés par les deux
secrétaires de la Conférence : Jean-François Morant et Jérémie Nataf. Le
premier a fait l’éloge d’Édouard Julien Laferrière, jurisconsulte du XIXe siècle,
arrêté et jugé pour complot sans raison aucune. Le deuxième a relaté le procès
d’Hélie Denoix de Saint-Marc, résistant et officier militaire, qui participa au
putsch des généraux en avril 1961 pour contrer la politique du général de
Gaulle. Ce dernier, alors, « sait tout du complot…
il laisse faire, le coup est un prétexte idéal pour s’arroger les pleins
pouvoirs et déclarer l’état d’urgence », explique Monsieur Nataf.
Comment avec ces harangues ne pas penser à la loi du 30 octobre 2017, qui a
fait passer l’état d’urgence dans le droit commun, et aux abus que cela
pourrait engendrer ?
Très applaudis, les
jeunes hommes ont ensuite cédé la place aux invités d’honneur : Anne Hidalgo, la
maire de Paris, et Pierre Moscovici, commissaire européen. La première a
vivement remercié les avocats parisiens pour leur engagement « qui fait de nous une capitale qui rayonne ». Le député a, lui,
énergiquement défendu la vision européenne en matière de lutte contre l’évasion
fiscale. Celle-ci imposera dès janvier 2019 de nouvelles règles de transparence
strictes pour les intermédiaires, notamment les avocats, qui font la promotion
des dispositifs de planification fiscale auprès de leurs clients. Une déclaration
sans concessions qui a beaucoup agacé. « Vous
luttez contre l’évasion fiscale… cette vision nous la partageons… ce que nous
questionnons c’est cette transparence toute puissante. Elle bafoue notre secret
», lui a répondu le bâtonnier. «
Libres pour servir » a martelé quant à elle la vice-bâtonnière, Dominique Attias. Une liberté qui
implique de n’être « inféodés à personne », d’où la défense du
secret professionnel.
Maria-Angélica Bailly