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Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme - Le président de la République s’adresse aux forces de sécurité intérieure

Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme - Le président de la République s’adresse aux forces de sécurité intérieure
Publié le 16/11/2017 à 16:45

Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est adressé récemment aux responsables des forces de police et de gendarmerie. À deux semaines de l’entrée en vigueur de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui remplace l’état d’urgence installé depuis novembre 2015, le chef de l’État a détaillé pendant une heure et demie sa stratégie en matière de sécurité pour les cinq ans à venir : amélioration du renseignement, prévention de la radicalisation, mise en place d’une police de sécurité du quotidien…




Avant d’exposer concrètement ses ambitions pour améliorer la sécurité intérieure dans notre pays, le président a tenu à remercier chaleureusement les forces de l’ordre pour le travail qu’elles accomplissent quotidiennement : « Ce que je veux aujourd’hui faire devant vous, c’est d’abord vous rendre l’hommage légitime de la Nation compte tenu de l’engagement qui est le vôtre, vous dire que vous incarnez la République… ». « Être forts et justes, justes, mais jamais être faibles », voilà ce que Monsieur Macron attend des forces de sécurité. Il a également dénoncé à cette occasion « Les violences dont [elles font] régulièrement l’objet », lesquelles sont « inacceptables et doivent être sanctionnées sans relâche », a-t-il ajouté fermement. Ces maltraitances engendrent en effet un certain mal-être chez les policiers, le président a donc déclaré avoir « demandé au ministre de l’Intérieur de renforcer l’accompagnement psychologique des agents ».


Lors de son allocution, il a détaillé l’une après l’autre les grandes réformes dans le domaine de la sécurité, lesquelles nécessitent « une rigueur implacable dans le contexte qui est le nôtre ».



Une nouvelle loi pour renforcer la sécurité intérieure et lutter contre le terrorisme


Le 1er novembre est entrée en vigueur la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Elle remplace l’état d’urgence qui persiste depuis les attentats de Paris. « L’état d’urgence était utile les premiers jours, les premières semaines qui ont suivi les attentats et il a permis plusieurs mesures efficaces. Mais, nous le voyons depuis plusieurs mois, l’efficacité marginale de l’état d’urgence n’est plus au rendez-vous », a déclaré le président. « Cette loi vous donnera notamment de nouvelles compétences en matière de police administrative qu’il vous appartiendra de mettre en œuvre dans le respect des libertés individuelles », a promis Monsieur Macron. « J’attends de vous en contrepartie dès son adoption une implication sans faille dans sa mise en œuvre, notamment dans la mise en place des périmètres de sécurité, la fermeture des lieux de culte radicaux à l’égard desquels je ne veux aucune complaisance, ou bien encore les mesures de surveillance et de visite domiciliaire des individus qui adhèrent ou soutiennent le terrorisme. », a-t-il poursuivi.

 


Terrorisme : améliorer le renseignement


Pour lutter efficacement contre le terrorisme, il convient avant tout de partager au mieux l’information : « C’est dans cette logique qu’une de mes premières décisions a été de créer à l’Élysée la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme dont j’ai confié la responsabilité au préfet de Bousquet… » L’objectif étant de simplifier le dispositif de renseignement, en particulier les services d’état-major au sein du ministère de l’Intérieur ; il a aussi été décidé de fusionner, d’ici fin 2017 « les différentes structures qui travaillent avec la coordination et notamment l’EMOPT et l’UCLAT ». « J’agis également au niveau européen afin de renforcer l’indispensable coopération dans ce domaine face à une menace transnationale, notamment par le renforcement de la protection des frontières extérieures européennes, la lutte contre la propagande djihadiste sur Internet ou le financement du terrorisme. », a explicité le président.

 


La prévention de la radicalisation


Pour contrer le terrorisme, il convient également en parallèle de mettre en œuvre une politique de prévention de la radicalisation. Cela a déjà été fait à Trappes « et la liste de ces territoires sera arrêtée d’ici la fin de l’année, avec des plans qui, sous la coordination du ministre, impliqueront aussi de mobiliser de nombreux autres services de l’État ». En effet, dans certains quartiers, « la grande pauvreté, le délitement des structures familiales, l’affaiblissement de nos structures éducatives… nourrissent le travail de celles et ceux qui sont devenus les artisans d’une radicalisation violente », a expliqué Emmanuel Macron. Pour lui, il faut donc s’attaquer à la racine en même temps qu’aux conséquences de la radicalisation.

 


Droit d’asile et politique de reconduite


Concernant le droit d’asile mais aussi la reconduite à la frontière des étrangers en situation d’irrégularité, Monsieur Macron a été clair : « Je souhaite qu’on accueille mieux et qu’on intègre mieux ceux qui ont vocation à demeurer sur notre territoire », a-t-il déclaré, mais « nous devons revoir l’organisation, les procédures, les moyens budgétaires et humains pour reconduire à la frontière les étrangers en situation irrégulière, et ce sera un des objectifs du projet de loi qui sera présenté par le ministre de l’Intérieur au début de l’année 2018 », a-t-il déclaré implacable.


 

La police de sécurité du quotidien


Un autre des sujets mis en avant par le président de la République a concerné la mise en place d’une police de sécurité du quotidien : « Je veux à cet égard que la réforme de la police de sécurité du quotidien soit profondément ambitieuse et que la concertation ainsi ouverte puisse conduire à une véritable transformation de cette mission essentielle ». Cette mission essentielle consiste, pour les forces de l’ordre à lutter contre tout ce qui engendre chez les citoyens un sentiment d’insécurité, comme les cambriolages, les rodéos sauvages, le harcèlement de rue pour les femmes, etc. Mais pour cela, il faut d’abord donner aux policiers et aux gendarmes « des moyens et des méthodes pour agir plus efficacement ». Monsieur Macron a donc promis le recrutement de 10 000 personnels en plus sur les cinq prochaines années. Pour le président, il faut en parallèle moderniser les outils de travail. Par exemple installer davantage de caméras-piétons, moderniser les locaux d’accueil véhicules, etc. Il convient également de « déconcentrer les politiques de sécurité » en accordant plus d’autonomie aux échelons locaux, ce qui revient à donner davantage de responsabilités aux chefs des services territoriaux. Enfin, il est essentiel que les forces de sécurité renforcent le lien avec la population en se rendant plus accessibles et à l’écoute de leurs préoccupations.


Réforme de la procédure pénale et la justice


Cette réforme de la police de sécurité du quotidien, Emmanuel Macron souhaite qu’elle soit articulée avec celle de la procédure pénale et de la justice. Menée par la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et en lien avec le ministre de l’Intérieur, cette réforme, qui vise à simplifier la procédure pénale, a pour ambition de rendre plus effective la réponse pénale « avec la forfaitisation de certains délits sur lesquels le travail technique vient d’être engagé ». Celle-ci doit également permettre de faire remonter les propositions de terrain des magistrats et des forces de l’ordre. « Réforme et simplification des cadres d’enquête, harmonisation des régimes procéduraux, pouvoirs respectifs des officiers et des agents de police judiciaire, allègement du formalisme des actes, réflexion sur l’oralisation de certaines procédures enregistrées avec les techniques contemporaines, dématérialisation et accès simplifié aux fichiers, prise de plainte à distance… », tout ceci fait partie des mesures en faveur d’une simplification de la procédure pénale.



Plus de moyens financiers et matériels


Évidemment, la mise en œuvre de tous ces chantiers nécessitera plus de moyens financiers et matériels. « Le budget consacré aux missions de sécurité augmentera ainsi de 1,5 % en 2018. (…) En trois ans, le budget consacré à la sécurité intérieure aura ainsi augmenté d’un peu plus de 9 %. La seule part consacrée au fonctionnement et à l’investissement aura progressé quant à elle de 16 % », a déclaré Emmanuel Macron à ce sujet. Il a aussi promis des moyens humains supplémentaires : « Dès 2018, nous procéderons au recrutement de 1 870 personnels et militaires supplémentaires ». Pour cela, l’année prochaine plus de 4 500 élèves gardiens de la paix seront incorporés dans les écoles de police, contre 488 en 2012.


Rendre plus modernes et efficaces les équipements des forces de sécurité est une autre des ambitions du président de la République. En effet, actuellement certains policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers utilisent encore des outils radio conçus en 2G. Totalement obsolètes, ils ne permettent pas de transmettre d’importantes quantités de données et d’images en temps réel…


Les services de sécurité devront donc être équipés, par exemple, de tablettes Neo. Ils devront aussi tirer parti des opportunités offertes par les nouvelles technologies : procédures dématérialisées, plateformes uniques de réception des appels de secours, applications plus modernisées, etc. Pour Monsieur Macron, il est nécessaire que « la police et la gendarmerie prennent résolument le virage de la transformation numérique. J’ai demandé au ministre de l’Intérieur un plan quinquennal de numérisation », a-t-il expliqué.


L’ensemble de ces réformes ne se fera, bien entendu, pas en un jour, a rappelé le président de la République pour finir, mais « le mouvement est engagé », a-t-il ajouté décidé, « Avec le ministre d’État, je veux mener cette démarche de transformation avec vous, avec détermination, dans le cadre d’un dialogue social approfondi et confiant avec vos différents représentants, mais vous l’avez compris, avec une ambition extrême à laquelle je ne céderai rien ni sur les principes ni sur l’efficacité. »


 


Maria-Angélica Bailly


 


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