Dans la nuit du 15 au
16 avril, un brasier a éclairé, jusque tard dans la nuit, la capitale
française. Peu avant 19 heures, un incendie a éclaté sous la charpente de
la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Une heure après, le célèbre édifice perdait
sa flèche qui s’écroulait dans les flammes. Alors que l’incendie a été maîtrisé
dans la nuit grâce à l’intervention de 400 pompiers, les mobilisations se
sont multipliées afin de participer financièrement à la reconstitution de l’un
des édifices les plus connus au monde.
Notre-Dame a résisté. La cathédrale n’a pas succombé à
l’incendie qui l’a assaillie peu avant 19 heures, le lundi 15 avril. La Brigade
des Sapeurs Pompiers de Paris – ces « soldats du feu », comme
les a appelés le président de la République –, mobilisée toute la nuit, a
annoncé dans la nuit, à 3h30, que le feu était maîtrisé, et que la Cathédrale
était sauvée. Mais les dommages occasionnés dans le monument
historique le plus visité d’Europe sont considérables.
Sa charpente de bois du XIIIe siècle, dite « la
forêt », a été ravagée par les flammes. La toiture a été détruite aux
deux tiers et sa flèche, qui culminait à 93 mètres, s’est effondrée sur
elle-même. « L’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris est un
drame pour tous les Français », a affirmé le ministre de la Culture
Franck Riester, assurant de « la totale mobilisation de l’État ».
Place maintenant à la reconstruction. « Il y a plus de
800 ans nous avons su l’édifier, et à travers les siècles la faire grandir
et l’améliorer. Alors je vous le dis solennellement ce soir, cette
cathédrale Notre-Dame, nous la rebâtirons. Tous ensemble. C’est une part de
notre destin français. Je m’y engage : dès demain, une souscription
nationale sera lancée, et bien au-delà de nos frontières. (…)
et nous rebâtirons. Nous rebâtirons Notre-Dame » a annoncé le
président de la République, Emmanuel Macron, sur le parvis de Notre-Dame, dans
la nuit.
Sur Twitter,
les messages de solidarité affluent, notamment du monde du droit : « Nous
sommes tous bouleversés ! Nous participerons tous à sa
reconstruction » annonçait le barreau de Paris. La présidente
du Conseil national du barreau, Christiane Féral-Schuhl, appelait elle aussi
« tous les avocats de France à participer à la souscription nationale
annoncée par le président de la République ». Car en effet, alors que
l’étendue des dégâts n’est pas encore connue, rebâtir la cathédrale va demander
du temps, mais aussi beaucoup d’argent.
La
nef de Notre-Dame de Paris - @ Etienne Madranges
Une collecte nationale lancée par
la Fondation du patrimoine
Une collecte nationale pour Notre-Dame de Paris a été lancée par la
Fondation du patrimoine qui, exerçant une mission d’intérêt général de soutien
au patrimoine confiée à Stéphane Bern, contribue à la sauvegarde du patrimoine
français. Tous les dons reçus – déjà 1,6 million mardi 16 avril, à midi –
seront intégralement versés pour la cathédrale Notre-Dame – sans frais de
gestion. Comme le précise la fondation, ces dons sont en effet
déductibles :
• de l’impôt sur le revenu des personnes
physiques à hauteur de 66 % du montant du don et dans la limite de
20 % du revenu imposable ;
• de l’impôt sur la fortune immobilière à
hauteur de 75 % du montant du don dans la limite de
50 000 euros. Cette limite est atteinte lorsque le don est de
66 666 euros ;
• de l’impôt sur les sociétés, à hauteur de
60 % du montant du don, dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires
HT.
Face à l’afflux des connexions, la Fondation a du prévoir un site dédié
accueillant les dons.
Les collectivités mobilisées
Pour
participer à la reconstruction de la Cathédrale, la Ville de Paris a prévu une contribution à
hauteur de 50 millions d’euros. Sa maire, Anne Hidalgo, a également
annoncé vouloir tenir une conférence internationale des donateurs à Paris.
La présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, a rapidement
annoncé le déblocage de 10 millions d’euros d’aide d’urgence. Le président
du département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a lui aussi déclaré
son soutien : « Parce que Notre-Dame c’est l’Histoire de toute la
France, parce que la Seine-Saint-Denis c’est Paris, je proposerai à l’assemblée
départementale de voter dès ce jeudi une subvention pour participer à rebâtir »,
affirmait-il sur Twitter, lui qui a récemment dû faire face à des actes de
vandalisme dans la
basilique de Saint-Denis.
L’Association
des maires de France est elle aussi touchée par l’incendie qui a ravagé la Cathédrale, et lancera une
souscription de solidarité des communes de France pour aider à la
reconstruction de ce bâtiment emblématique de Paris.
les dons des grandes fortunes et
entreprises françaises
La famille Pinault, à la tête du groupe de luxe Kering, a annoncé
qu’elle débloquerait 100 millions d’euros pour la reconstruction de
l’édifice. Le groupe LVMH et la famille Arnault, mobilisés pour Notre-Dame,
s’associent eux aussi « à la reconstruction de cette extraordinaire
cathédrale, symbole de la France, de son patrimoine et de son unité »
en promettant un don de 200 millions d’euros au fonds dédié à la
reconstruction de cette œuvre architecturale. Le groupe a également déclaré
mettre « à la disposition de l’État et des instances concernées toutes
ses équipes, créatives, architecturales, financières, pour aider au long
travail de reconstruction d’une part, et de collecte de fonds d’autre part, qui
s’annonce ». Le président-directeur général du groupe Total, Patrick
Pouyanné, a lui aussi annoncé sur son compte Twitter que Total, « 1er mécène
de la Fondation du patrimoine, depuis plusieurs années », faisait un
« don spécial de 100 millions d’euros pour la reconstruction de Notre-Dame
de Paris ». Martin Bouygues a déclaré vouloir faire un don de 10 millions
d’euros, tout comme l’homme d’affaires et mécène Marc Ladreit de Lacharrière
(Fimalac). Bettencourt et l’Oréal, Duval et Cap Gemini, entre autres,
promettent eux aussi leur participation. Plus largement, le MEDEF « appelle
les entrepreneurs à se mobiliser pour contribuer à la reconstruction de
Notre-Dame de Paris ». Et la liste des donateurs ne cesse de s’allonger…
Les cagnottes et les
mobilisations se multiplient
La première cagnotte apparue sur Internet est celle lancée par le site
Dartagnans, plateforme de financement participatif exclusivement dédiée au
rayonnement et à la préservation de patrimoine, de l’art et de la culture en
France, appelée « Notre-Dame de Paris Je t’aime ». Elle
avait déjà récolté plus de 40 000 euros au lendemain midi de
l’incendie, avec plus de 887 contributions venues de 40 pays.
Une autre intitulée « Financement des réparations de Notre
Dame », hébergée par la plateforme Leetchi, atteignait presque les
20 000 euros la même heure, avec 845 participations. « L’intégralité
de la cagnotte sera reversée directement au recteur de Notre-Dame de Paris »,
assurent les organisateurs.
L’Observatoire du Patrimoine Religieux a lui aussi lancé sa
cagnotte sur le site « Le pot commun ». Celle-ci dépassait au
même moment les 11 000 euros, avec plus de 220 participants.
L’Observatoire précise cependant qu’il est « encore trop tôt pour
mesurer l’ampleur des dégâts » mais qu’ « on peut
considérer qu’il s’agit d’une catastrophe patrimoniale d’une ampleur que ni les
guerres, ni les révolutions, ni les attentats n’avaient jamais obtenu ».
La présidente de la Ligue de Football Professionnel, Nathalie Boy de la
Tour, a elle aussi annoncé le 16 avril que le football français allait se
mobiliser pour aider financièrement à la reconstruction de Notre-Dame. « C’est
une aide que nous allons coordonner avec l’ensemble des acteurs du football
français », a-t-elle expliqué.
Et à l’étranger ?
À l’étranger, les messages de soutien et les Unes de
journaux consacrées à l’incendie dévastateur témoignent du rayonnement de la Cathédrale
à travers le monde.
Le roi de Krindjabo, capitale du royaume du Sanwi, dans
le sud-est de la Côte d’Ivoire, a annoncé vouloir faire un don pour participer
à la reconstruction de la Cathédrale, laquelle avait accueilli, dans les années
1700, le baptême d’un prince du royaume. Szeged, petite ville hongroise de 160
000 habitants, victime d’une inondation il y a plus d’un siècle, avait reçu à
cette occasion un soutien financier de la ville de Paris pour sa
reconstruction. À son tour de venir en aide à la capitale française, avec un
don de 10 000 euros. Henry Kravis, co-fondateur du fonds d’investissement
américain KKR, et son épouse Marie-Josée Kravis, se sont dits « attristés
par l’incendie » et ont annoncé un don de 10 millions de dollars (8,85
millions d’euros). La French Heritage Society, qui s’engage à défendre le
patrimoine architectural et culturel français, à New York, a elle aussi créé un
fonds permettant d’accepter des dons pour les travaux de restauration
nécessaires. Enfin, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, s’est
dite elle aussi « aux côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce
patrimoine inestimable ».
Le chef-d’œuvre de Victor Hugo, et la « grande
flamme furieuse » qu’il décrivait, auraient-ils été dramatiquement
prémonitoires ? Alors que Stéphane Bern annonçait que la reconstruction
pourrait s’étaler sur quatre décennies, la Cathédrale, grâce à une mobilisation
exceptionnelle, renaîtra bien de ses cendres.
Constance Périn