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Union nationale des huissiers de justice : repenser l’image de marque de la profession

Union nationale des huissiers de justice : repenser l’image de marque de la profession
Publié le 14/06/2018 à 11:13

Pour la troisième saison de ses universités d’été, les 31 mai et 1er juin 2018, l’Union nationale des huissiers de justice (UNHJ), le syndicat des huissiers, a choisi Marseille comme terre d’accueil. Alors que la profession est amenée à fusionner avec les commissaires priseurs judiciaires pour devenir commissaire de justice, elle a, durant deux jours, débattu sur l’image de marque qu’elle incarne aujourd’hui, mais s’est surtout interrogée sur celle qu’elle va devoir représenter dans le futur. L’adage « savoir qui on est pour savoir où on va » pourrait alors résumer les intentions actuelles des huissiers de justice réunis à cette occasion.

« Nous devons redynamiser notre marque, lui donner une nouvelle image », déclare Patrice Gras, président de l’UNHJ et huissier de justice à Versailles, en ouverture des universités d’été le 31 mai dernier. C’est donc tournée vers l’avenir que la profession se positionne aujourd’hui, et à cette occasion, se questionne afin d’anticiper au mieux sa mutation. « Dans un contexte où le marché du droit est bousculé par les justiciables, les politiques et l'arrivée de nouveaux acteurs économiques sur le marché du droit, il est essentiel pour la profession et ses études de se renouveler et d'innover. La profession doit réussir sa mue, tout en préservant les atouts qui font sa force et assurer aux justiciables un service et une protection de qualité » précise l’UNHJ. Christophe Bar, membre du bureau de l’Union, interpelle aussi les huissiers en les incitant à s’approprier cette transformation : « soyez acteur de la mutation de votre profession », souligne-t-il, avant de poursuivre « Sachez rebondir et vous approprier les travaux et groupes de travail de ses trois dernières universités sur les thèmes de la stratégie d’offre, de la digitalisation de la profession et de la marque. »

Aussi, durant deux jours, des formations thématiques d’une demi-journée sont venues  rythmer cette manifestation, amenant la profession à s’interroger sur l’image qu’elle revêt   aujourd’hui, et à anticiper celle qu’elle sera amenée à incarner demain.

En ouverture, une séance consacrée à « la perception de la construction d'une marque » s’est tenue le 31 au matin réunissant plus de cent cinquante participants. L’objectif : définir, analyser et comprendre les composants de la marque « Huissier de Justice ». L’après-midi, la profession s’est interrogée sur la perception et l’image de marque de l’huissier via une formation intitulée « De la perception de la construction d'une marque ». Elle a ainsi été amenée à analyser son ADN et à définir son positionnement afin de pouvoir faire les bons choix relatifs à son identité.

Suite à ces échanges constructifs, la profession a pu entamer la seconde journée de formation, davantage tournée vers l’avenir avec une approche plus concrète. La séance matinale était axée sur les moyens à mettre en place pour « faire vivre une marque ». L’objectif : « mettre sa marque au service d’une stratégie de conquête via une un message bien conçu et un plan média correctement réfléchi pour atteindre sa cible ».

Enfin, durant l’ultime formation les officiers ministériels présents ont pu « aller plus loin » en s’interrogeant sur « La mutation de l'image de marque de la profession ». À cette occasion, la comparaison des travaux réalisés par les divers ateliers ont alimenté leurs réflexions, les amenant notamment à prendre en comtpe les enjeux politiques et économiques de cette mutation attendue.

Les huissiers, une marque

Cette année, le Congrès des huissiers de justice était orienté autour de l’image de marque. Mais comment définit-on une marque ? « Une marque c'est d'abord adhérer à une vision » a souligné Mathieu Bouillon, cofondateur de l’agence Hercule legal tech. Il s’agit aussi « des valeurs, une charte visuelle et l’affirmation de la différence pertinente » complète Caroline Cassino, fondatrice de Chananas (regroupement de consultants seniors indépendants) et consultante pour l’agence Hercule legal tech.

En parlant d’image, la profession pâtit-elle de l’image qu’elle véhicule ? Selon une étude menée par 123Négo, 52 % des Français considèrent le métier de façon positive. Jugé « utile » pour 37 % des interrogés, « honnête » pour 21 % d’entre eux et « fiables » pour 17 %, il demeure toutefois, mal connu pour la grande majorité d’entre eux. En effet, seulement un quart déclare avoir été en relation avec un huissier - manque de sollicitation expliqué, à 16 %, par une méconnaissance des missions.

Aussi, pour valoriser son image de marque, Patrice Gras appelle les huissiers à mettre en avant les atouts de la profession : « Nous devons faire émerger nos qualités, nos spécialités dans ce monde qui est un monde ouvert, concurrentiel et totalement "dématérialisable". Nous devons être perçus comme une nouvelle profession au service du justiciable » assure-t-il.

Une profession en mutation

Les huissiers envisagent ainsi positivement cette fusion, associant à cette nouvelle profession une nouvelle marque, adaptée à la société qui évolue. « Le justiciable, la société ont de plus en plus besoin de sécurité, de transparence, dans un monde qui sera de plus en plus dématérialisé, voire déshumanisé » explique Patrice Gras. Au service du justiciable, les huissiers de justice espèrent ainsi s’adapter en répondant aux besoins actuels. Cette transformation, Christophe Bar la perçoit aussi, obligeant le professionnel à adopter une position entrepreneuriale : « je constate une mutation de la profession, qui vous oblige à changer votre état d’esprit d’officier ministériel à chef d’entreprise. Il faut donner de la lisibilité à votre communication » affirme-t-il.

La mutation passe ainsi par une meilleure communication des savoir-faire. Les résultats d’une étude menée à l’occasion de ce rassemblement soulignent que 88,5 % des huissiers de justice interrogés « estiment qu’il est essentiel d’ouvrir la profession à la communication ». Pourquoi ? Car une majorité (86 %) y voit le moyen d’accéder à de nouveaux marchés. 73,8 % des interrogés déclarent que cette communication permettrait « d’être mieux perçu » auprès des clients et prospects, car comme cité plus haut, les Français semblent méconnaître cette profession et les missions qui y sont associées. « Développer sa profession » (64,8 %) et « Développer sa structure d’exercice » sont enfin les deux autres raisons principales justifiant l’ouverture du métier. Et cette communication doit autant passer par l’Ordre et les syndicats professionnels que l’ensemble des acteurs institutionnels et économiques de la profession. À cet égard, le digital (web et réseaux sociaux) demeure un bon moyen pour le faire plus largement. Outre le rapprochement, avec les commissaires priseurs de justice, la mutation de la profession passera inévitablement par le numérique. « L'huissier de demain n'est pas un robot. Mais pas mal de choses vont changer » expliquait alors Fabrice Mauléon, expert en design thinking et ancien professeur de droit à l’occasion de cette manifestation.

Patrick Sannino, président de la Chambre nationale des huissiers de justice, présent le 1er juin à Marseille a avoué, dans son discours de clôture, avoir été « marqué par le renouvellement et l'intérêt pour les nouveautés de la profession des jeunes huissiers ». Un joli gage d’avenir pour la profession qui semble vivement s’intéresser à l’image qu’elle véhiculera prochainement, puisque cette année, les universités ont enregistré près du double d’inscrits par rapport à l’édition précédente, à Lisbonne.

En attendant la création de la Chambre nationale des commissaires de justice, en janvier 2019, première étape de ce rapprochement entre les huissiers de justice et les commissaires priseurs de justice, le président de la l’UNHJ s’est emparé de la problématique de façon honnête, afin que ressorte de cette manifestation des échanges constructifs au service de l’huissier de demain : « Le temps des universités c’est le temps de la vérité et du parler vrai » affirme-t-il. Un rendez-vous qui s’est avéré utile, à l’aube d’une mutation profonde.

 

Constance Périn

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