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Universités d’été 2018 de la profession comptable : retour sur les assemblées générales de la CRCC de Paris et de l’OEC Paris IDF

Universités d’été 2018 de la profession comptable : retour sur les assemblées générales de la CRCC de Paris et de l’OEC Paris IDF
Publié le 19/09/2018 à 11:27

Tous les ans, les compagnies régionales des commissaires aux comptes (CRCC) de Paris et Versailles et l’Ordre des experts-comptables (OEC) Paris Île-de-France organisent leurs Universités d’été. L’édition 2018 a eu lieu du 4 au 7 septembre 2018 au Palais des congrès de Paris. À l’heure du numérique, à la veille de l’entrée en vigueur de la loi Pacte et du prélèvement à la source, les professions comptables ont du grain à moudre et sont en proie à de nombreuses inquiétudes. Par conséquent, lors de leur assemblée générale, le 5 septembre dernier, la CRCC de Paris et l’OEC de Paris ont certes présenté leurs rapports moraux et financiers 2017, mais sont également revenus sur les transformations de leur métier, et sur l’avenir de leur profession en général.




Ils étaient plus de 5 000 inscrits pour cette édition 2018 des Universités d’été, manifestation incontournable de la profession comptable. Après « La confiance » en 2016, et « Le rebond » en 2017, l’édition 2018 des Universités d’été a invité ses participants à réfléchir sur la notion de « transmission ».


 


L’UE : un événement unique


Depuis désormais 28 ans, les Universités d’été sont une manifestation de référence avec un programme d’une centaine de conférences et ateliers. Plus de 5 000 participants, en moyenne, assistent chaque année aux ateliers et échangent sur les stands, autour des produits et services des différents partenaires.


Cette année, les professionnels du chiffre ont pu suivre, pendant quatre jours, les cinq parcours thématiques professionnels, mais aussi le parcours fil rouge autour de « La transmission ». Ils ont également pu se former et s’informer grâce aux 50 000 heures de formation dispensées à cette occasion par des experts. Leur était également proposé de réfléchir à l’avenir de leur profession via des plénières et des conférences (« L’obsolescence des professions du chiffre est-elle programmée ? »,  « Transmettre », « Le prélèvement à la source »…).


Les cinq parcours, Audit & CAC, Droit & Conseil, Fiscal & Comptable, Performance & Stratégie et Social & RH, et leurs contenus, s’adressaient aussi bien aux experts-comptables qu’aux commissaires aux comptes et aux principaux collaborateurs de cabinet.


Bref, avec 60 % d’experts-comptables et commissaires aux comptes, 40 % de collaborateurs (dont 8 % de stagiaires experts-comptables), les Universités d’été sont le seul événement de la profession comptable à réunir autant de professionnels du chiffre de la région Île-de-France. Ce qui explique, entre autres, que les dirigeants des deux professions aient choisi cet événement pour présenter le bilan (chiffré) de l’année écoulée et les grandes actions qu’elles ont pu mener grâce aux cotisations de leurs collaborateurs.


 


Les assemblées générales


Les assemblées générales de la CRCC de Paris et de l’OEC Paris IDF ont eu lieu dans la soirée du 5 septembre 2018 dans l’amphithéâtre Bordeaux. Les rapports moraux et financiers 2017 de chacune des professions, et affectations du résultat ont été mis aux votes. Un système interactif a ainsi permis à chacun de faire entendre sa voix pour chaque résolution importante.


Lors de ce temps fort de l’Université d’été, les hauts représentants de la profession de commissaire aux comptes ont pu s’exprimer sur les actions entreprises en 2017 par la CRCC.


 


Les commissaires aux comptes inquiets pour leur avenir


Pour Olivier Salustro, président de la CRCC de Paris, « l’année 2017 a été riche en événements structurants » : audit informatique (le site Internet de la Compagnie a dû s’adapter suite à cet audit), lancement des travaux du 50, rue de Londres en février 2017 qui ont permis de restructurer le siège. En outre, a-t-il ajouté pêle-mêle, 22 conciliations ont été traitées en 2017 contre 4 réclamations, et en matière de contrôles qualité, 186 ont été effectués l’an dernier. « Il faudra adapter notre contrôle qualité à la nouvelle loi Pacte », a-t-il insisté à ce sujet. Quant au service confrères,
une baisse des inscriptions est à noter, a-t-il regretté.


Outre le rapport moral et financier 2017, les intervenants ont également présenté la plateforme BBusi.com, lancée en octobre 2017 par l’Ordre des experts-comptables de Paris et la Compagnie régionale des commissaires aux comptes. Cet outil facilite la sous-traitance en mettant en relation donneurs d’ordre et sous-traitants. Elle permet ainsi la mise en relation des confrères pour trouver ou proposer des missions externalisées adaptées à leurs profils et à leurs besoins (temps, typologie de mission, taille du cabinet...). Sur cette plateforme, il est possible à la fois de chercher, mais aussi de proposer des missions.


Les travaux menés par le Lab50 ont également été présentés (succinctement) à cette occasion. Pour rappel, le Lab50 est un laboratoire commun à la profession d’expert-comptable et de commissaire aux comptes, créé et pensé suite aux Universités d’été de 2017, pour « explorer le futur des métiers du chiffre ». Celui-ci a été dévoilé dans toute sa complexité lors de cette édition 2018 des UE. 


Utilisations possibles de l’intelligence artificielle par la profession comptable, évolution de la relation avec le client, conséquences sur la responsabilité des professionnels, veille internationale sont autant de sujets traités par le Lab50.


Les travaux qui y sont menés sont orientés et validés par un comité scientifique constitué de personnalités internes et externes à la profession. Quatre commissions (clients, technologies IA, éthique et juridique,  prospective internationale) restituent leurs réflexions et proposent leurs solutions via des articles publiés en ligne.


Ces derniers sont classés en trois catégories :


Une catégorie « veille » qui regroupe toute l’actualité autour de l’intelligence artificielle ;


Une catégorie « analyse » qui englobe des articles de fond afin d’aider les professionnels à comprendre leur nouvel environnement numérique et à identifier clairement les impacts de l’intelligence artificielle ;


Une catégorie « perspectives » qui propose à terme des solutions concrètes aux professionnels à mettre en place dans leurs structures d’exercice. (cf. site lelab50.fr fraîchement inauguré).


Au terme de l’assemblée générale, Jean Bouquot, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), est revenu sur les actions menées en 2017 par la profession pour contester le rehaussement des seuils d’audit légal envisagé par le gouvernement dans le cadre de la loi Pacte (cf. article 9 du projet de loi qui prévoit un alignement des seuils quelle que soit la forme sociale de l’entreprise, et un relèvement de ces derniers au niveau européen).


Monsieur Bouquot a notamment évoqué le rapport de Cambourg « qui organise le rebond de la profession au-delà des seuils », ainsi que les différents amendements déposés par la profession, notamment par CAC en mouvement :


faire valoir la nouvelle mission d’audit légal PE décrite dans le rapport de Cambourg ;


revenir sur la question de l’intervention des commissaires aux comptes dans les groupes de sociétés ;


clarifier l’accompagnement des professionnels qui devront gérer une transition possiblement douloureuse et préjudiciable.


Ce fut ensuite à la profession d’expert-comptable de mener à bien son assemblée générale.


 


Les experts-comptables préoccupés par l’intelligence artificielle


Charles-René Tandé, président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC), s’est d’abord félicité de la « reconnaissance grandissante des experts-comptables en entreprise ». En témoigne le « mandat implicite » qui va simplifier la vie au quotidien des experts : quand le client signe une lettre de mission, il n’aura plus à signer de mandats avec l’administration fiscale, la lettre de mission valant mandat pour ces formalités.


Le président du CSOEC a également abordé la question du numérique, notamment l’intégration dans l’article 22 dédié aux missions accessoires de la profession, de la reconnaissance du numérique, ce qui est essentiel « car tout devient numérique aujourd’hui ». D’ailleurs, dans une de ses lettres envoyée à la profession, Monsieur Tandé avait été lapidaire « l’expert-comptable sera numérique ou ne sera pas », ce qui démontre son attachement particulier à cette thématique. « Nous devons être au cœur des flux », a-t-il ainsi rappelé. « La signature électronique, et la facture électronique… l’ordre des experts-comptables doit disposer de tous ces outils pour être au cœur du flux, et être au service des entreprises de manière efficace ». C’est pourquoi le « numérique » sera le thème du prochain congrès des experts-comptables en 2019, a-t-il annoncé. Pour, le président du CSOEC, il est également essentiel que la notion de numérique soit intégrée et reconnue dans les textes.


En outre, à l’heure où les grands cabinets développent leurs propres applications pour personnaliser leur service client et proposer des offres innovantes, les petits cabinets indépendants ne doivent pas se laisser distancer par les technologies.


Mais pour les dirigeants de l’OEC réunis ce jour en assemblée générale, l’expert-comptable doit pour se faire « repenser la chaîne de valeur » de ses prestations. « S’interroger sur la nature de ce que paie le client qui fait appel à un expert-comptable devient très important », a ainsi estimé Laurent Benoudiz, président de l’OEC de Paris Île-de-France.


S’ils sont très favorable au numérique, pour les représentants de la profession, l’expert-comptable ne doit jamais se laisser dépasser par les nouvelles technologies. L’intelligence artificielle ne doit pas devenir une boîte noire pour lui. Il doit comprendre ce qui se passe.


Monsieur Tandé a également abordé la question de la loi Pacte : « Nous aimerions que Pacte soit adoptée au 1er trimestre 2019. Et nous devrions donc pouvoir tenir nos élections à la fin de l’année 2019 », a-t-il ainsi déclaré.


Le projet de loi Pacte examiné en ce moment à l’Assemblée nationale concerne en effet indirectement les experts-comptables avec la réforme territoriale.


Autre attente des experts-comptables : la reconnaissance du commissariat aux comptes dans la SPE (société pluri-professionnelle d’exercice), malheureusement « toujours bloquée par la Chancellerie », a regretté Charles-René Tandé.


Les assemblées générales des deux professions ont été suivies par la prestation de serment de l’Ordre des experts-comptables Paris Île-de-France.



Maria-Angélica Bailly


 


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