Multiplicité
de cadeaux, prolifération d’emballages, sapin de Noël mis au ban après les
fêtes… Noël peine à se faire une place dans la mouvance écologique. Certaines initiatives
émergent toutefois, permettant de réduire ses déchets, sa consommation et son
empreinte carbonne, pour faire du 25 décembre, un moment festif, familial et
responsable, un « éconoël »
en somme.
Initialement fête de tradition, Noël
serait-il devenu fête de consommation ? Des dizaines de paquets s’empilent
en effet chaque année devant la cheminée, à côté d’une tablée bien garnie et
d’une poubelle qui débordera bientôt d’emballages cadeaux. À cela s’ajoutent le
sapin – parfois en plastique –, la neige artificielle et les guirlandes
lumineuses qui restent indéfiniment allumées. Alors, pendant la période des
fêtes, que sont devenus les efforts écologiques entrepris durant l’année ? Ces
engagements se seraient-ils dissipés au profit de l’abondance ? Toutefois,
l’écologie semble de plus en plus faire sa place durant Noël. En effet, selon
un sondage réalisé pour l’entreprise UMAMI, 61 % des Français souhaiteraient
recevoir un cadeau écologique pour Noël. Mais comment faire de Noël une fête
plus écologique et plus respectueuse de l’environnement ?
MON
BEAU SAPIN
En France, durant les fêtes de fin d’année,
un foyer sur quatre accueille un sapin. Naturel ou artificiel, il investit
environ 6,7 millions de foyers, selon l’enquête « L’achat de sapins pour les
Fêtes de Noël 2017. Bilan consommateurs » de Kantar TNS, pour un budget
moyen unitaire de 27,59 euros et un chiffre d’affaires global estimé à 192,1
millions d’euros. Le sapin naturel reste privilégié par les consommateurs, avec
5,9 millions de sapins acquis en 2017, principalement achetés en grande
distribution. Mais que deviennent-ils une fois les fêtes terminées ? En 2017,
les trois quarts des acheteurs de sapins naturels ont déclaré l’avoir recyclé.
Parmi eux, un peu plus de 4 acheteurs sur 10 indiquaient l’avoir déposé à un point
de collecte pour le recyclage. Acquérir son sapin pour le jeter ensuite :
est-ce vraiment écologique ?
Il existe en effet une alternative. Certains
sites, comme Treezmas ou Ecosapin, en Suisse, proposent aux utilisateurs de
louer leur sapin. Après les fêtes, celui-ci est récupéré par la structure
directement chez le loueur pour être ensuite replanté. Si ce dernier « ne
reprend pas son cycle de vie, il sera valorisé en BIOGAZ », promet
Ecosapin. Epicéa ou Nordmann, le visiteur du site peut y choisir l’espèce et la
taille du conifère qui l’accompagnera durant les fêtes. Et pas question de
lésiner sur la qualité, car Treezmas l’assure : les sapins « ont été
soigneusement sélectionnés par notre expert qualité botanic®, selon des
critères exigeants. Nos arbres de Noël sont cultivés spécifiquement pour les
fêtes de fin d’année, par des producteurs spécialistes ». Outre ces
solutions de location, certains indicateurs permettent aussi de guider
l’acheteur vers une consommation responsable. Le label « plante bleue »
ou le label MPS, par exemple, indiquent que les producteurs s’engagent à
adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Et depuis peu, il
existe même des sapins issus de l’agriculture biologique.
Côté déco, les propriétaires de sapins peuvent
privilégier les ornements naturels en bois, branches ou pommes de pin, par
exemple, sans utiliser de neige artificielle. Pour ce qui est des
illuminations, là aussi il est préférable d’utiliser des guirlandes à faible
consommation ou des ampoules LED, qui occupent désormais largement les
rayonnages. En 2013, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie) a réalisé un calcul simple : en additionnant la consommation de
plusieurs décorations électriques d’une maison avec jardin (soit 1 guirlande à
LED dans le sapin de 4 W ; 1 guirlande avec mini-ampoules dans le sapin de 50 W
; 2 guirlandes extérieures « stalactites » à LED de 12 W ; 1 guirlande
tube à LED de 9 mètres de long de 147 W ; 1 animal décoratif à LED à poser de
25 W ; 1 sapin décoratif à LED à poser de 20 W ; 1 décor « Père Noël » à
poser de 25 W ; 3 décors de fenêtre à LED de 12 W chacun), celle-ci estimait
qu’« allumées 4 heures par jour pendant 30 jours, ces décorations lumineuses
consomment 39,7 kWh. Pendant la période des fêtes, elles représentent ainsi à
elles seules la consommation d’un mois et demi d’éclairage du logement ».
Et elle ajoute : « Des illuminations qui fonctionnent toute la nuit,
c’est-à-dire des guirlandes allumées 12 heures, par oubli ou autres, et ce, à raison
de 10 nuits, la consommation passe alors à 66,2 kWh, ce qui représente la
consommation de 3 mois d’éclairage du logement. » L’impact n’est donc pas
des moindres. Mais l’ADEME pointait aussi la période, car ajoutées aux
chauffages électriques, ces consommations creuseraient le gouffre énergétique
déjà bien présent en hiver.
Et ce n’est guère mieux dans les autres pays
du monde : « Aux États-Unis, la consommation électrique des seules
illuminations de Noël est plus importante que la consommation nationale
d’électricité de l’Éthiopie ou du Salvador sur une année » assurait France
Info en think tank Center for Global e réalité qui fait réfléchir.
DES
EMBALLAGES ET DES CADEAUX RESPONSABLES
Que serait Noël sans ses nombreux cadeaux aux
multiples couleurs qui visent à satisfaire petits et grands ? Rouge, vert,
doré, brillant ou à motifs, l’esthétisme des différents papiers d’emballage
séduit tant les acheteurs que leurs destinataires. Mais qui dit emballage, dit
aussi gaspillage… 700 millions de tonnes de cadeaux sont offerts dans le monde
à Noël chaque année, et 1 million de tonnes de papier est utilisé pour les
emballer. En France, on recense plus de 20 000 tonnes de papiers cadeaux
consommés, soit 380 000 arbres ! Premier geste écolo : privilégier le papier
100 % recyclable pour emballer ses présents. Autre solution : le Furoshiki, une
technique japonaise traditionnelle de pliage et de nouage du tissu qui permet
d’envelopper ses cadeaux de façon originale et écolo.
Concernant les cadeaux, là aussi les
matériaux sont importants. Pour les enfants, les jouets en bois ou réalisés en
France ou localement – limitant ainsi m’empreinte Carbone dû au transport –
peuvent être une solution. Les jouets d’occasion permettent aussi de faire
plaisir, et ce, à petits prix. Cette année, et pour la première fois, La
Ressourcerie AIR, dans les Hauts- de-France, a par exemple lancé en octobre
dernier une collecte jouets et jeux de société pour Noël. Trois sites
permettaient d’effectuer un dépôt. Défendant une consommation responsable, La
Ressourcerie AIR, par cette initiative, soutient un Noël pour tous, solidaire
et plus écologique.
Concernant les emballages, certaines
enseignes de jouets se sont elles aussi engagées, à l’image d’Oxybul qui a notamment
revu la fabrication de ses emballages. Celle-ci a ainsi réduit la taille de ses
emballages, a proscrit le plastique, et utilise désormais des matériaux
recyclés et recyclables. Car les Français se disent désireux de consommer plus
responsable. Toujours selon l’enquête réalisée par l’entreprise UMAMI citée
plus hauts, 42 % des Français préféreraient en effet offrir un cadeau 100 %
écologique à Noël. Toutefois, 58 % déclarent toutefois orienter leurs achats en
cherchant avant tout à faire plaisir.
Les cadeaux immatériels (place de concert,
bon pour un restaurant…), les cadeaux durables ou encore les produits Made
in France peuvent ainsi être privilégiés. Autre solution : se tourner vers
les cadeaux solidaires. Du 13 au 15 décembre, Les Canaux, Maison des économies
solidaires et innovantes financée par la Ville de Paris, a renouvelé par
exemple son Marché de Noël éthique et solidaire. Cosmétiques, mode éthique,
bijoux, décoration, artisanat, jouets, culture et épicerie fine… durant trois
jours, sur les quais de Seine, dans le 19e arrondissement de Paris,
le Marché proposait des produits variés et surtout éco- responsables.
La carte cadeau Éthi’Kdo permet elle aussi de
consommer autrement : valable uniquement dans des enseignes durables et
solidaires (Label Emmaüs, Artisans du Monde, Croix-Rouge Insertion, Rejoué – Le
jouet solidaire, Recyclivre, Réseau Envie, etc.), et ce, en ligne ou directement
en magasin, elle propose une nouvelle façon d’offrir, plus respectueuse des
hommes et de l’environnement.
Enfin, bien que moins personnel mais plus
écolo car ne nécessitant ni emballage ni transport, 71 % des sondés
espèreraient, toujours selon UNAMI, argent en guise de cadeau durant les fêtes.
ET
DANS L’ASSIETTE ?
Enfin,
les fêtes de fin d’années supposent – aussi – une grande tablée et des repas
copieux. Là aussi, il est facile de privilégier une consommation responsable.
Premièrement, éviter le gaspillage ! Prévoir moins ne veut pas dire prévoir
moins bon. Aussi, il est possible d’éviter le gaspillage et de limiter
notamment le pain ou les proportions. Concernant les produits alimentaires,
ceux issus de l’agriculture biologique peuvent être favorisés dans
l’élaboration des recettes, tout comme les circuits courts et les légumes de
saison. Enfin, là encore, les emballages alimentaires peuvent être recyclés,
car durant les fêtes de fin d’année, la consommation de verre et d’emballages
légers serait environ 20 % supérieure à la moyenne française annuelle. Le tri
peut donc faire la différence et limiter notre impact sur l’environnement. Car à
Noel notre planète à elle aussi droit à son cadeau.
Constance Périn
Au fil des pages
Mon Noël
écolo
Vous
avez envie de préserver notre belle planète ? Et si ça commençait juste
avant les bonnes résolutions de début d’année, avec Noël ?
Ah Noël, sa magie, sa… surconsommation, ses millions d’emballages cadeaux, ses
décos pas super écolos (le pschitt « neige » pour le sapin ou les
fenêtres, les guirlandes en plastique ; le petit renne made in China qui
clignote et les coupes de champ’ jetables pour ne citer que ça) !
Alors, commençons à fêter Noël sans culpabiliser ! Julie Laussat, notre
superbe autrice écolo du blog Banana Pancakes, vous donne tous les conseils
pour réussir ce défi.
Préparer Noël : calendrier de l’Avent écolo, couronne maison, fabriquer ses
bougies…
Décorer : le sapin alternatif, les guirlandes écolos, fabriquer sa déco…
Offrir : cadeaux fait-maison, le furoshiki…
Célébrer : recettes de saison, éviter le gaspillage…
Et pour encore plus de partages sur un Noël écolo, rendez-vous sur unnoelecolo.com.
Mon Noël
écolo, Julie Laussat, Hachette Pratique, 96 pages – 12,90 euros