Les entreprises dirigées par des femmes ont de
meilleurs résultats : c’est ce que met en exergue une nouvelle fois
l’index Women Equity 2019. Alors qu’elles ne représentent que 15 % du
chiffre d’affaires de l’échantillon global, leur excédent brut d’exploitation
cumulé pèse 21 % de l’ensemble. Seule ombre au tableau : elles
souffrent d’un manque de visibilité criant et d’un accompagnement
insuffisant.
Pour mettre toute la lumière sur les dirigeantes
surperformantes, le Programme Women Equity a été fondé en 2009 par Dunya Bouhacene et
Grégoire Revenu. Il s’agit de la première initiative en Europe dédiée au
soutien financier et opérationnel des ETI et PME de croissance dirigées par des
femmes, qui affiche pour objectif de « contribuer à un meilleur
équilibre des contributions économiques des hommes et des femmes pour une
croissance plus durable en Europe », et qui a d’ailleurs recueilli la
reconnaissance institutionnelle du Conseil de l’Europe au titre de « meilleure
initiative » de ce genre. Depuis 2010, le programme est à l’initiative
d’un palmarès annuel des PME dirigées par des femmes en France, qui rassemble
les 50 meilleures performances d’entreprises indépendantes. Le calcul est
mathématique et la méthode inchangée depuis dix ans : parmi un Index de
40 000 PME documentées disposant d’un chiffre d’affaires compris
entre 4 et
150 millions d'euros entre deux années de référence, les entreprises
dirigées par des femmes sont passées au crible. Cinq indicateurs sont pris
en compte : la croissance du chiffre d’affaires sur la dernière année, la
croissance moyenne du chiffre d’affaires sur les trois dernières années, la
rentabilité sur la dernière année, la croissance en valeur du chiffre
d’affaires de la dernière année, et la croissance en moyenne de l’excédent brut
d’exploitation sur les trois dernières année.
Entoria et Gazignaire distinguées
Redex (Sylvie Bernard-Grandjean), Schligler (Alexandra Chevriaut),
Plantex (Aïcha Debaisieux), Majorelle (Lucie Bakli), La Vie Claire (Brigitte
Brunel Marmone) ou encore Angelus (Stéphanie de Boüard Rivoal)... C’est ainsi
que la 10e édition du palmarès Women Equity a récompensé, le
22 novembre dernier, au cœur du Grand Hôtel InterContinental de Paris, les
50 entreprises de croissance dirigées ou détenues par des femmes, parmi
les quelque 4 500 sociétés éligibles. À elles seules, les lauréates
cumulent en 2018 1,9 milliard d'euros de chiffre d’affaires, sont
responsables de 8 500 emplois et ont enregistré une croissance
moyenne de 33,8 % l’an passé. Des chiffres édifiants. La cérémonie, placée
sous le haut patronage du président Emmanuel Macron, a notamment distingué
l’entreprise Entoria, en remettant à sa dirigeante, Sylvie Langlois, le trophée
« Performance Eco 2019 », « pour la conduite remarquable
d’une croissance rentable organique sur longue période préalablement à la
réalisation de son acquisition transformante ». L’enseigne de courtage
réalise près de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une
croissance moyenne de 40 % par an sur les trois dernières années.
Le trophée « Performance RSE » est quant à lui revenu à
Gazignaire, société industrielle de transformation de matières premières
végétales naturelles, filiale du Groupe Mul, et dirigée par Cécile Mul. Le jury
a salué une « démarche structurée d’engagements responsables, dotée
d’objectifs chiffrés suivis dans le temps, s’appuyant sur une double compétence
d’exploitant agricole et de transformateur industriel ».
La création d’entreprise, voie
d’accès principale pour les dirigeantes
En s’intéressant au palmarès 2019, on en apprend un peu plus sur le
profil de ces entreprises et de leurs dirigeantes. Sans surprise, le livret
dévoile que ce sont toujours aujourd’hui les créations d’entreprise qui forment
la principale voie d’accès pour ces cheffes d’entreprise, avec toutefois une
progression des nominations, constatée d’année en année. En effet, 56 %
des dirigeantes du palmarès ont créé leur entreprise (il y a 15 ans en
moyenne), 14 % l’ont reprise et transformée, 22 % ont été nommées à
sa tête, et 8 % ont bénéficié d’une transmission familiale.
L’étude des secteurs concernés apporte elle aussi des enseignements. En
effet, on peut lire que l’industrie concentre la plus grande part des sociétés
les plus performantes dirigées par des femmes : 28 % des lauréates.
Viennent ensuite les services innovants aux entreprises (22 %), la
distribution spécialisée (18 %) et les TMT (Techno/Media/Telco)
(14 %).
Par ailleurs, géographiquement parlant, le palmarès met en avant que
c’est en Île-de-France et dans le Grand Sud que l’on trouve le plus de femmes
aux manettes.
Le classement 2019 fait également ressortir quatre grandes tendances :
un positionnement de niche portée par l’innovation (industrie, santé, BTP,
distribution spécialisée…), un développement responsable et durable, de
nouvelles formes de travail, mais aussi un fort engagement dans la
transformation digitale.
Dernier point notable : le palmarès révèle l’âge moyen des
dirigeantes primées. Est-ce du fait de l’expérience ou du manque de modèles
pour la nouvelle génération ? Le constat est en tout cas sans appel.
En moyenne, les dirigeantes des 50 entreprises les plus performantes sont
âgées… de 50 ans.
Bérengère
Margaritelli