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La photographie fête ses 180 ans !

La photographie fête ses 180 ans !
Publié le 29/11/2019 à 09:22


Souriez ! … On ne bouge plus… ! Le mois de novembre célèbre chaque année la photographie. Pour l’occasion, zoom arrière sur les développements et les enjeux de la toute jeune photographie pour les inventeurs du 19e siècle.



 


Cette année la photographie souffle ses 180 bougies ! Garant de la conservation des brevets d’invention depuis 1791, l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) témoigne des progrès techniques et de l’ensemble des usages de ce médium.


Inventée par Nicéphore Niepce et Louis Daguerre, la photographie est divulguée au public en 1839 à l’Académie des Sciences. La France achète le procédé, récompense les inventeurs et promet d’en doter « libéralement le monde entier », sauf l’Angleterre, considérée à l’époque comme l’ennemi industriel ! La photographie invention française donc ? Aujourd’hui encore, les débats et découvertes récentes se disputent son origine.


Pour autant, c’est à partir de cette date que les premiers brevets d’invention sont déposés en France. Si elle est héritée de connaissances chimiques et optiques anciennes, combinées et perfectionnées dans la première moitié du 19e siècle, elle est entièrement à inventer, dans sa forme comme dans ses usages. Pour les inventeurs, il s’agit à la fois de perfectionner les procédés et les appareils, d’assurer la pérennité des images dans le temps et surtout de réaliser la promesse de la photographie : être reproductible à l’envi, imprimable et diffusable.


Autre difficulté : le temps de pose relativement étendu, promettant de longues séances de pose aux portraiturés et empêchant les vues instantanées. Enfin, dernière difficulté majeure : lors de sa divulgation, la photographie est promise comme facile, à la portée de tous, praticable sans connaissances préalables, mais il n’en est rien. Le matériel est coûteux, les procédés artisanaux, les manipulations nombreuses et délicates. Les inventeurs vont alors breveter des matériels plus économiques, plus simples, plus légers, permettant de photographier en plein air et de développer les images sur place, comme par exemple dans une tente spécialement aménagée. Kodak démocratise la photographie en lançant son célèbre slogan « You press the button, we do the rest » [Vous appuyez sur le bouton, nous nous chargeons du reste]. C’est le début de l’industrialisation de la photographie.


À partir de là, le champ des possibles s’ouvre aux inventeurs de la photographie. Ils vont envisager tous ses usages envisageables, toutes ses applications, pour tous les utilisateurs ! Et l’imagination ne manque pas. On retrouve ainsi la photographie sur tissus, sur bois, sur ivoire, la photographie destinée à l’ameublement et à la décoration. Certains appareils sont créés spécifiquement pour les femmes pour ne pas se salir les mains. Certains inventeurs brevètent même des appareils cachés dans un chapeau melon ou dans des cravates à l’usage des espions !
Au début des années 1880, parallèlement à la création de l’anthropométrie judiciaire par Bertillon, un brevet est déposé pour l’une des premières cartes d’identité.





 Portraits de quelques inventions photographiques dans le fonds patrimonial des brevets d’invention de l’INPI. De gauche à droite et de haut en bas : un appareil photo de voyage, un appareil stéréoscopique, la photographie aérienne de Nadar, une chambre photographique adaptée sur un vélo, et un appareil photo inventé par George Eastman, fondateur de Kodak.




Au total, on compte plus de 4 000 dossiers de brevets dans le domaine de la photographie ou déposés par des inventeurs exerçant une profession liée à la photographie entre 1839 et 1901. Plus de 3 000 déposants différents, représentant tout un panel d’individus, d’horizons variés, innovent et tentent de tirer profit de ce nouveau médium. La photographie apparaît alors comme un nouveau débouché et une activité potentiellement lucrative parce qu’elle devient populaire et moderne. Un pari sur l’avenir ?


Parmi ces inventeurs, on trouve à la fois des individus célèbres tels qu’Eugène Disdéri, inventeur de la photo-carte de visite en 1854 et photographe officiel de la famille impériale, ou Félix Nadar, l’infatigable inventeur et son atelier renommé, qui repousse toujours les limites de sa pratique. Il brevète le tout premier système de photographie aérienne en 1858. Parmi les anonymes, on trouve des ébénistes, des bijoutiers, des horlogers, des chimistes, des artistes mais aussi des ingénieurs ou des constructeurs. Ceux-ci vont parfois s’allier pour inventer ensemble de nouveaux appareils ou de nouveaux procédés.


Les archives conservées par l’INPI permettent aujourd’hui encore de documenter l’histoire technique de la photographie, de ses usages et de ses inventeurs. Découverte il y a près de deux siècles, la photographie est plus que jamais au cœur de nos sociétés et n’a toujours pas fini de dévoiler ses secrets.


Amandine Gabriac,

chef de projet archivage à l’INPI


 


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