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Tribunal de Grande Instance de Pontoise - Entretien avec la présidente Gwenola Joly-Coz

Tribunal de Grande Instance de Pontoise - Entretien avec la présidente Gwenola Joly-Coz
Publié le 29/09/2016 à 16:16

Lundi 19 septembre 2016, pendant toute une journée, le TGI de Pontoise installait ses nouveaux magistrats. Pour sa présidente Gwenola Joly-Coz, cet accueil « dans une nouvelle communauté de travail » est très important. « Un parcours complet » de découverte de la juridiction a été mis en place pour les 40 nouveaux arrivants : 16 magistrats, mais aussi des directrices de greffes, des greffières, des adjointes administratives et des juristes assistantes. Ils ont rencontré les autorités locales, les chefs de juridiction, ainsi que le bâtonnier.

Lors de cet évènement, la présidente a accepté d’évoquer pour le Journal Spécial des Sociétés ses intentions pour la juridiction : des projets humains et largement tournés vers la cité.  



Quelles sont les spécificités de votre juridiction, de votre territoire ?

C’est une très grande juridiction, la 11e de France. En général, dans notre pays, elles sont plutôt de petites ou de moyennes taille, sauf en région parisienne. Ici, à Pontoise, nous avons 71 magistrats au siège, 30 au parquet et au total 207 fonctionnaires. Le territoire de notre juridiction est assez contrasté. Nous avons des zones très urbaines comme Argenteuil, Sarcelle, Villiers-le-Bel, etc. Et d’autres beaucoup plus rurales à l’Ouest du département. Cela aboutit à des contentieux très différents : beaucoup de délinquance, mais aussi de nombreuses affaires familiales, comme dans toutes les juridictions. Nous avons aussi beaucoup d’affaires immobilières, parce qu’il y a d’importants programmes immobiliers dans le Val-d’Oise.



Un rapport sur la protection des magistrats a été rendu à Monsieur Urvoas. Est-ce que les magistrats de votre tribunal sont parfois victimes de menaces ?

Oui régulièrement. Surtout maintenant, car se multiplient des interpellations, des menaces, dont nous n’entendions pas parler avant, un discours autour de l’attentat : « je vais revenir avec une Kalachnikov, je vais poser une bombe », ce genre de choses. Les menaces ne sont pas individuelles, dirigées contre un magistrat en particulier. Malheureusement, c’est un problème qui ne concerne pas que les juges. Les conseillers du service d’insertion et de probation qui travaille avec le juge d’application des peines l’entendent aussi.



Comment faites-vous pour les protéger ?

Nous évoquons le problème lors de réunions. Il est important d’en parler, de ne pas faire comme si cela n’existait pas. Nous allons adopter à Pontoise notre plan « bien-être au travail » qui a pour objectif de lutter contre les risques psychosociaux. C’est un plan triennal qui évoque la question des menaces : être capable collectivement d’en parler, et de se préparer, sans avoir peur. Nous avons d’ailleurs déjà fait un exercice d’évacuation.



Vous êtes arrivée le 25 janvier 2016. Quel bilan tirez-vous de ces huit mois écoulés ?

Ce qui est marquant dans ce palais c’est qu’il y a une équipe de justice qui est au travail. Les magistrats et les greffes sont vraiment dans une dynamique commune pour faire fonctionner l’institution judiciaire au mieux dans ce ressort. Le tribunal de Pontoise a une belle équipe. Nous travaillons beaucoup sur la notion de communauté judiciaire, de gouvernance humaine. Ce sont des thèmes qui me sont chers. Nous allons d’ailleurs commencer à travailler sur notre projet de juridiction, qui tournera beaucoup autour de ces questions. Le décret du 26 avril 2016 impose désormais à toutes les juridictions judiciaires, comme dans les juridictions administratives, de faire un projet. Nous allons aussi réfléchir à la manière dont nous voulons communiquer avec la cité.



Combien de magistrats vous faudrait-il pour un fonctionnement optimal de votre juridiction ?

La Chancellerie a fixé le nombre à 71 magistrats au siège et 30 au parquet. Sur les 71, il manque quatre magistrats spécialisés et deux non spécialisés, il manque donc six aujourd’hui et notamment un juge d’instruction, deux juges d’application des peines et un juge des enfants. Ce sont des postes sensibles.



Quels sont vos projets pour cette année ?

Ici, à Pontoise nous avons beaucoup de projets. Nous organisons quatre fois par an un « café du Palais ». C’est un moment de réflexion avec un intervenant extérieur qui se déroule de 13h30 à 14h30. Nous faisons en sorte que ce soit le plus interactif possible avec les magistrats, les greffiers, etc. Le 25 novembre sera la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Au TGI de Pontoise, cette journée sera consacrée au problème de la prostitution. (…)



Propos recueillis par Victor Bretonnier


Retrouvez la suite de cet entretien dans le Journal Spécial des Sociétés n° 73 du 28 septembre 2016


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