Le 42e congrès de l’Union Syndicale des Magistrats
(USM) a tourné à l’échange de courtoisies entre François Hollande et Virginie
Duval. La présidente de l’institution a manifesté son soulagement face à
l’absence, depuis mai 2012, « de mise en
cause personnelle ou de critique des décisions judiciaires ». Le président de la République, quant à
lui, a renvoyé une autre gentillesse : « Il
n’y a pas d’État de droit si l’autorité judiciaire n’est pas respectée. Le respect
c’est celui de vos décisions. Je me suis toujours abstenu de critiquer la
justice de critiquer les magistrats ». C’était
la première fois qu’un chef de l’État s’exprimait devant l’USM. à Dijon, ce 7
octobre 2016, tout allait bien. Mais l’idylle a rapidement pris fin.
Moins d’une semaine après, les « confidences » de François Hollande à deux journalistes du Monde étaient
rendues publiques (voir article page 14). La tonalité avait changé : « Cette institution (la magistrature NDLR), qui est une institution
de lâcheté (…) Parce
que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se
planque, on joue les vertueux (…) On n’aime pas le politique ». Cet épisode pointe la différence fondamentale entre la
politique et la magistrature : l’élection. Les politiques affrontent le
suffrage universel, les juges non. Quand les élus se préoccupent de plaire à
leurs électeurs – c’est un souci de François Hollande – les magistrats, eux, ne
recherchent pas la séduction et rendent la justice conformément aux lois et à
leur conscience. Ces derniers n’ont pas d’échéances ni de comptes à rendre. Ce
statut où la popularité est indifférente exaspère-t-il la convoitise de
François Hollande et d’une partie de la classe politique ? Oui, de ce côté-là,
la fonction de magistrat bénéficie d’un certain confort. Leur liberté est une
source de sérénité et d’indépendance et non pas de lâcheté ou de manque de
légitimité. Les magistrats sont protégés des dérives électoralistes et tant
mieux !
Ce numéro 82 du Journal
Spécial des Sociétés revient aussi sur une belle initiative du
musée du barreau de Paris : l’exposition «
Les femmes et
la justice ». Une déambulation qui revient sur celles –
avocates, magistrates ou criminelles – qui ont fait l’Histoire.
Victor Bretonnier
Retrouvez ce dossier dans
le Journal Spécial des Sociétés n° 82 du 29 octobre 2016
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