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« Concilier maladie et travail s’avère gagnant pour les entreprises, y compris au plan économique » - Entretien avec Claire Désarnaud, associée de WeCare@Work

« Concilier maladie et travail s’avère gagnant pour les entreprises, y compris au plan économique » - Entretien avec Claire Désarnaud, associée de WeCare@Work
Publié le 04/03/2021 à 10:27

On estime à 108 millions d’euros par an le coût de l’absentéisme dû à la maladie au travail. De plus, 15 % de la population active sont des malades chroniques, et 15 % sont des aidants. Toutefois, les entreprises françaises  ne sont pas toujours bien préparées pour faire face à ces situations. En réponse, la start-up WeCare@Work propose aux entreprises des outils et des services de sensibilisation, de formation et d’accompagnement individuel ou collectif afin de les sensibiliser à cette problématique.

 



Pouvez-vous revenir sur la création de WeCare@Work ?

WeCare@Work est un cabinet de conseil et un organisme de formation certifié, développé par d’anciens patients ou de proches aidants. Anne-Sophie Tuszynski, mon associée, a eu un cancer, et moi j’ai accompagné ma sœur dans son combat. Femmes d’entreprise et suite à ces expériences de vie, nous avons donc choisi de mettre nos compétences professionnelles au service de l’inclusion de la maladie dans le monde du travail. Notre offre est disponible partout en France, grâce à notre réseau de consultants, en présentiel, en distanciel, en ligne, et, le plus souvent, un mélange de ces trois formats, pour davantage d’efficacité.

 

 

Vous défendez la nécessaire inclusion de la maladie dans les politiques sociales des entreprises. Concrètement, quels services proposez-vous ?

WeCare@Work démocratise l’inclusion de la maladie au travail en agissant auprès de tous (malades, aidants, managers, direction des ressources humaines, comités de direction), depuis la prévention jusqu’au retour au travail, en passant par l’annonce et le temps des traitements.

Nous avons développé une méthodologie et des outils qui permettent aux entreprises de mettre en place des actions concrètes répondant aux besoins réels de leurs salariés.

Il nous semble essentiel de sensibiliser largement et de préparer les managers et les équipes à faire face à des situations auxquelles ils seront forcément confrontés : notre programme de e-learning « Maladies et travail : parlons-en ! » apporte par exemple une solution facile à mettre en œuvre et peu coûteuse, qui permet à chacun de se former, en temps choisi. De nouvelles entreprises l’adoptent chaque jour.

 

 

L’entreprise a un vrai rôle à jouer et peut proposer des solutions pour le maintien dans l’emploi des personnes malades, comme le télétravail ou les horaires flexibles

 

 

 

Vous dites que « la maladie n’existe pas dans le monde du travail ». Est-ce un sujet tabou ?

Oui, c’est un sujet encore tabou dans le monde du travail. Encore une personne sur deux considère qu’il est difficile de révéler sa maladie au travail (source baromètre Cancer@Work 2013 et 2019). On est malade en arrêt maladie, et au travail, on est bien portant, hyper performant ; or, la réalité est plus complexe. Beaucoup de personnes malades chroniques travaillent et essaient de concilier au mieux leur vie professionnelle et leur parcours de soin.

 

 

Quelles sont les obligations des entreprises vis-à-vis d’une personne malade, et notamment face à son parcours de soins chargé ?

Les obligations légales sont celles liées à l’arrêt maladie et au retour à l’emploi avec la visite de reprise par exemple, à la non discrimination pour raison de santé, au handicap. Il n’y a pas d’obligations légales en matière d’emploi des personnes malades chroniques à proprement parler. En revanche, l’entreprise a un vrai rôle à jouer et peut proposer des solutions pour le maintien dans l’emploi des personnes malades, comme le télétravail ou les horaires flexibles. Elles ont même intérêt à le faire, car concilier maladie et travail s’avère gagnant pour les entreprises, y compris au plan économique.

 

 

Outre les malades, les aidants – de plus en plus nombreux, en réponse au vieillissement de la population – doivent eux aussi jongler entre les soins de leurs proches et leur activité professionnelle. Quel regard portez-vous sur ces situations ?

Ce sont des situations tout aussi complexes, d’autant plus que beaucoup d’aidants ne se considèrent pas comme tels. Ils peuvent être amenés à s’absenter régulièrement, et le risque d’épuisement est réel. Il est essentiel pour les aidants de pouvoir prendre du temps pour eux. Notre programme WAAT rencontre beaucoup de succès : en ligne, en 20 minutes, les salariés sont invités à prendre soin d’eux grâce à nos capsules de bien-être. Plus largement, ce programme est bénéfique pour tous les salariés, particulièrement en ces temps de crise sanitaire où tout un chacun a besoin de prendre soin de soi et de son équipe. Ainsi, les microcapsules peuvent être mise en place lors de réunion, même à distance, pour un temps de partage.

 

La France enregistre actuellement plus de 3,7 millions de cas confirmés d’infections au coronavirus. Quel est l’impact de la pandémie sur les entreprises, sur leur mode d’organisation ?

Il y a un an, personne n’aurait cru possible cette année de pandémie. Les entreprises ont dû s’adapter, voire se réinventer. Celles qui incluent depuis plusieurs années la maladie dans leurs politiques sociales étaient sans doute mieux préparées. La mise en place du télétravail avait par exemple déjà été pensée. Aujourd’hui, c’est une opportunité pour toutes les organisations de se saisir du sujet et de mettre cette crise au service du plus long terme. Nous avons tous à y gagner !

 

 

Quelles réponses existe-il pour les entreprises qui doivent faire face à un coût de l’absentéisme important, et, éventuellement, à la perte de talents et de performance associés ?

La réponse est simple : prendre soin de leurs salariés, même dans leurs moments de fragilité. Quand un salarié sait que demain, même s’il est malade ou aidant ou qu’il traverse une difficulté quelconque, l’entreprise sera à ses côtés, alors il est plus serein, plus engagé, plus fidèle, plus performant, et l’entreprise attire de nouveaux talents. Nous avons vu le taux d’absentéisme baisser jusqu’à 8 % en 3 ans chez nos clients.

 

  

Le maintien dans l’emploi suite à une maladie fait partie des priorités 2021 de la Sécurité sociale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, et nous nous en réjouissons ! Agir pour le retour et le maintien en emploi des personnes touchées par la maladie est bénéfique pour tous. Pour les personnes évidemment, cela a un impact sur leur bien-être, leur santé et leur revenu. Pour les entreprises, cela permet d’innover socialement et de performer durablement. Pour la société enfin, les salariés qui peuvent se maintenir en emploi cotisent pour la Sécurité sociale et donc participent au maintien du système ! C’est de la santé de nos enfants dont il est question, et c’est le sens de notre mission chez WeCare@Work : offrir à nos enfants l’accès à des soins de qualité gratuits en permettant aux personnes malades de rester en emploi.

 

 

Enfin, quels sont vos projets à court et moyen termes ?

Notre ambition est de rendre accessibles nos services au plus grand nombre, afin que plus personne ne se sente jamais seul pour concilier maladie et travail. C’est la raison pour laquelle nous œuvrons sans relâche sur la digitalisation de nos services. Ainsi, nous venons de lancer « Alex, le référent digital pour concilier maladie et travail ». Accessible à tous, de partout en France, Alex est un véritable coach pour accompagner les personnes malades et leur entourage professionnel. Ses premiers utilisateurs sont ravis !

 

Propos recueillis par Constance Périn

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