Si le 94 est connu pour
quelques sites économiquement forts - le marché de Rungis, l’aéroport d’Orly –
la CCI du département veut promouvoir un maillage d’entreprises variées pour rendre durablement attractives les 47
communes de son secteur.
Mercredi 20 mars, la Grande
soirée de l’attractivité a rassemblé de nombreux acteurs de la vie économique
du Val-de-Marne à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) à Créteil. Parmi
eux, Richard Renault, responsable opérations de l’entreprise Sofrapack,
implantée sur le port de Bonneuil-sur-Marne annonce fièrement : « Depuis une
vingtaine d’années, nous proposons des caisses-palettes [servant au
transport ou stockage, ndlr] faites à partir de cartons que nous
transformons ». Cette méthode d’emballage « représente 30% d’émissions
carbone de moins que celles en bois ». Au col de sa veste, un badge
estampillé « Fabriqué en Val-de- Marne ».
Lancé en novembre 2023, ce
label s’inspire d’initiatives déjà présentes sur le territoire, notamment à
Champigny et à Saint-Maur des Fossés. Mais si ces dernières ont pour ambition
de renseigner les consommateurs sur l’aspect local de leurs achats, le label val-de-marnais vise à
toucher les entreprises déjà présentes sur le département et convaincre
d’autres de s’y installer.
Des possibilités foncières
pour les entreprises
Avec ce label, « qui
sous-entend aussi Made in France », le territoire s’apprête à relever les
défis économiques de demain : « Fabriquer ici va devenir un outil
indispensable au développement économique et attractif, à tous les niveaux :
circuits courts, emplois… décline Sally Bennacer, vice-présidente de la
CCI. Les travailleurs n’auront pas à faire 1h30 de route pour aller
travailler ; si on a de l’emploi, les logements vont être occupés, les services
et les commerces vont travailler, les écoles vont vouloir s’implanter. Tout
cela fera l’attractivité du territoire. »
Diane Bausson, directrice
développement durable et hygiène, sécurité, environnement (HSE) de Calyxia, une
start-up industrielle qui développe les premières microcapsules sans plastique,
vante « les coûts locatifs moins élevés » dont son entreprise a
bénéficié dans le Val-de-Marne, couplés à la possibilité « d’avoir des
locaux aménagés sur mesure ». « Nous nous sommes installés en 2018 sur
la ZAC des Petits carreaux à Bonneuil-sur-Marne, avec un site en deux parties :
l’administratif, les bureaux d’une part, et les labos d’autre part. » Fin
janvier, l’entreprise ouvrait une usine au Parc des entrepreneurs à
Limeil-Brévannes. Si les effectifs comptent une centaine de personnes,
l’ouverture de ce second lieu pourrait doubler ce chiffre dans les prochaines
années.
Une stratégie pour l’emploi
local
Colombe Lecoufle officie
quant à elle dans un tout autre secteur : elle a repris la production familiale
d’orchidées, sous le nom Vacherot et Lecoufle, basée à Boissy-Saint-Léger.
Au-delà de l’affichage, la chef d’entreprise souligne que le label engage à « une
présence aux événements, à expliquer aux entreprises qui voudraient s’installer
en Val-de-Marne les raisons de son attractivité, etc ». Sa société et la
quarantaine d’autres titulaires du sésame sont vues comme des ambassadrices de
la vivacité du tissu économique départemental, mais aussi des critères qui leur
ont permis la labellisation.
Pour l’obtenir, elles doivent
témoigner, en plus d’une production et d’une fabrication de proximité, de
politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et de qualité de
vie au travail (QVT), et viser des embauches locales. Ainsi, Jérôme Darribère,
directeur général délégué de Septodont, société de dispositifs dentaires
implantée depuis 1982 à Saint-Maur-des-Fossés, explique avoir dressé un
partenariat avec L'Ecole publique d'ingénieurs de la santé et du numérique
(Episen), rattachée à l’Université Paris-Est Créteil (Upec).
« L’Episen ajuste le
contenu de la formation en fonction des entreprises et suit aussi un axe sur le
développement durable. Il y a un intérêt pour les entreprises à travailler avec
l’université, notamment à travers les alternances et les stages », déroule
Alexandra d’Anglemont de Tassigny, directrice de l’établissement universitaire.
« Il y a dans le
Val-de-Marne des quartiers populaires, et les pépites de demain s’y trouvent,
rajoute Sally Bennacer, qui a fondé son entreprise en 2000 à Vitry-sur-Seine. Il
y a des entrepreneurs talentueux qui sont autonomes aujourd’hui : ils créent
leur propre emploi. Car ici, on n’a rien à perdre à créer son entreprise… ».
Aux jeunes des quartiers populaires du territoire qui voudraient en être,
l’entrepreneure l’assure : « Nous les emmènerons avec nous dans cette
dynamique. »
Stéphanie Thiriet