À 75 ans, le maire
(LR) de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, remporte à nouveau la
présidence de la Métropole du Grand Paris (MGP). Une réélection plus
qu’inattendue.
L’issue du scrutin était loin d’être prévisible.
Pourtant, Patrick Ollier, président sortant de la Métropole du Grand Paris, a
été réélu avec 133 voix sur 137, mardi 9 juillet, pour un mandat de six ans. Un
plébiscite permis par le désistement de son concurrent, mais également par
quelques manigances rondement menées.
Évincé à la primaire de la droite
L’affaire commençait mal pour le président sortant. Lors
de la primaire de son camp, Patrick Ollier avait été évincé par Vincent
Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, pour représenter la
droite à l’élection de la MGP. Il n’était donc pas candidat à la présidence du
Grand Paris… du moins, pas au premier tour. Car, en coulisses, la gauche, le
centre et même une partie de la droite fomentent un coup pour empêcher
l’élection de Monsieur Jeanbrun, un proche de Valérie Pécresse, la présidente
de la région Île-de-France.
Monsieur Jeanbrun et Madame Pécresse portent une vision
assez radicale de la MGP. En effet, ils n’ont de cesse de la critiquer et
réclament de profondes réformes voire sa suppression pure et simple. Si le
candidat de la droite est élu, les autres partis craignent donc un sabotage du
projet de l’intérieur et le transfert des quelques compétences du Grand Paris
aux autres collectivités, notamment à la région… présidée par Madame Pécresse.
Ces visées ne sont donc pas au goût de beaucoup d’élus dont Anne Hidalgo, maire
de Paris et Première vice-présidente de la métropole sous le mandat de Monsieur
Ollier. « Depuis des années, Valérie Pécresse
essaye de dynamiter de l’intérieur comme de l’extérieur cette métropole,
assène-t-elle dans Le Monde. Mais la MGP ne peut pas être l’otage du démarrage
d’une campagne régionale par Madame Pécresse. » Impossible de laisser les
clés de la métropole à « une bande qui
n’aspire qu’à la détruire », résume Emmanuel Grégoire, le premier adjoint
de la maire de Paris, toujours dans Le
Monde. Les élus de la MGP sont donc déterminés à défendre leur institution
et leur poste.
Désistement du candidat LR
La gauche, le centre mais aussi une partie de la droite
cherchent donc une alternative au candidat LR. Au premier tour, Vincent
Jeanbrun arrive légèrement en tête face à leur champion, mais ce n’est pas
suffisant, aucune majorité absolue ne se dégage. Pour ses opposants, c’est la
brèche. La séance est suspendue à plusieurs reprises, les allées et venues sont
nombreuses et les chuchotements et conciliabules vont bon train pendant les
coupures. Patrick Ollier fait alors son apparition. Sa cohabitation avec la
maire de Paris se faisait en bonne entente ; de plus, avec sa réélection, Anne
Hidalgo garderait son poste de Première vice-présidente et la droite
conserverait ainsi la présidence de la MGP, même si ce n’est pas avec son
candidat initial. Alors Valérie Pécresse cède. Lors d’une suspension de séance,
elle enjoint Vincent Jeanbrun à se retirer. Patrick Ollier se retrouve
finalement seul en lice pour sa succession et l’emporte largement. Le statu quo
est maintenu et tout le monde y trouve son compte. Enfin, sauf Monsieur
Jeanbrun, très remonté, qui dénonce à juste titre des « petits arrangements » et « magouilles
». « J’ai retiré ma candidature pour que
le parti garde la métropole, mais le résultat constitue une insulte à la
démocratie, dit-il. Avec Patrick Ollier, c’est le candidat d’Anne Hidalgo qui a
été élu », accusant la gauche d’avoir fait élire un candidat de droite
arrangeant. De son côté, le vainqueur du jour se dit, lui, « soulagé ». « La métropole va renforcer mon action, alors que toute autre candidature
aurait pu conduire à sa disparition », se réjouit-il. Un autre maire LR
commente la performance du président sortant : « Mis en minorité dans son propre groupe, cible d’une belle série de
scuds, il réussit à se faire réélire. Chapeau, même si cela laissera sans doute
des traces. » Et probablement des rancœurs.
Maïder Gérard