ACTUALITÉ

À la surprise générale, Patrick Ollier réélu à la tête du Grand Paris

À la surprise générale, Patrick Ollier réélu à la tête du Grand Paris
Publié le 04/08/2020 à 10:00


À 75 ans, le maire (LR) de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, remporte à nouveau la présidence de la Métropole du Grand Paris (MGP). Une réélection plus qu’inattendue.


 


L’issue du scrutin était loin d’être prévisible. Pourtant, Patrick Ollier, président sortant de la Métropole du Grand Paris, a été réélu avec 133 voix sur 137, mardi 9 juillet, pour un mandat de six ans. Un plébiscite permis par le désistement de son concurrent, mais également par quelques manigances rondement menées.


Évincé à la primaire de la droite


L’affaire commençait mal pour le président sortant. Lors de la primaire de son camp, Patrick Ollier avait été évincé par Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, pour représenter la droite à l’élection de la MGP. Il n’était donc pas candidat à la présidence du Grand Paris… du moins, pas au premier tour. Car, en coulisses, la gauche, le centre et même une partie de la droite fomentent un coup pour empêcher l’élection de Monsieur Jeanbrun, un proche de Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France.


Monsieur Jeanbrun et Madame Pécresse portent une vision assez radicale de la MGP. En effet, ils n’ont de cesse de la critiquer et réclament de profondes réformes voire sa suppression pure et simple. Si le candidat de la droite est élu, les autres partis craignent donc un sabotage du projet de l’intérieur et le transfert des quelques compétences du Grand Paris aux autres collectivités, notamment à la région… présidée par Madame Pécresse. Ces visées ne sont donc pas au goût de beaucoup d’élus dont Anne Hidalgo, maire de Paris et Première vice-présidente de la métropole sous le mandat de Monsieur Ollier. « Depuis des années, Valérie Pécresse essaye de dynamiter de l’intérieur comme de l’extérieur cette métropole, assène-t-elle dans Le Monde. Mais la MGP ne peut pas être l’otage du démarrage d’une campagne régionale par Madame Pécresse. » Impossible de laisser les clés de la métropole à « une bande qui n’aspire qu’à la détruire », résume Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire de Paris, toujours dans Le Monde. Les élus de la MGP sont donc déterminés à défendre leur institution et leur poste.


 


Désistement du candidat LR


La gauche, le centre mais aussi une partie de la droite cherchent donc une alternative au candidat LR. Au premier tour, Vincent Jeanbrun arrive légèrement en tête face à leur champion, mais ce n’est pas suffisant, aucune majorité absolue ne se dégage. Pour ses opposants, c’est la brèche. La séance est suspendue à plusieurs reprises, les allées et venues sont nombreuses et les chuchotements et conciliabules vont bon train pendant les coupures. Patrick Ollier fait alors son apparition. Sa cohabitation avec la maire de Paris se faisait en bonne entente ; de plus, avec sa réélection, Anne Hidalgo garderait son poste de Première vice-présidente et la droite conserverait ainsi la présidence de la MGP, même si ce n’est pas avec son candidat initial. Alors Valérie Pécresse cède. Lors d’une suspension de séance, elle enjoint Vincent Jeanbrun à se retirer. Patrick Ollier se retrouve finalement seul en lice pour sa succession et l’emporte largement. Le statu quo est maintenu et tout le monde y trouve son compte. Enfin, sauf Monsieur Jeanbrun, très remonté, qui dénonce à juste titre des « petits arrangements » et « magouilles ». « J’ai retiré ma candidature pour que le parti garde la métropole, mais le résultat constitue une insulte à la démocratie, dit-il. Avec Patrick Ollier, c’est le candidat d’Anne Hidalgo qui a été élu », accusant la gauche d’avoir fait élire un candidat de droite arrangeant. De son côté, le vainqueur du jour se dit, lui, « soulagé ». « La métropole va renforcer mon action, alors que toute autre candidature aurait pu conduire à sa disparition », se réjouit-il. Un autre maire LR commente la performance du président sortant : « Mis en minorité dans son propre groupe, cible d’une belle série de scuds, il réussit à se faire réélire. Chapeau, même si cela laissera sans doute des traces. » Et probablement des rancœurs.

 

Maïder Gérard

 

0 commentaire
Poster

Nos derniers articles