DROIT

Barreau de Bordeaux : trois nouveaux dispositifs pour mieux accompagner les justiciables

Barreau de Bordeaux : trois nouveaux dispositifs pour mieux accompagner les justiciables
Publié le 31/01/2025 à 16:28

À l’occasion de ses vœux 2025, le barreau de Bordeaux a présenté plusieurs initiatives destinées à faciliter l’accès au droit sur l’ensemble du territoire, et à parer aux urgences. A l’instar de la démarche « 1 mineur = 1 avocat », qui espère simplifier l’assistance juridique des jeunes grâce à une mise en lien sur les réseaux sociaux et un QR code dédié.

« Un besoin de proximité et de pragmatisme » : tels semblent être pour 2025 les mots d’ordre - employés dès le début de cette conférence de presse, mardi 28 janvier -, de l’Ordre des Avocats de Bordeaux.

A la tête du cinquième barreau de France, la bâtonnière Caroline Laveissière et son vice-bâtonnier Jérôme Delas comptent bien continuer de mener, affirment-ils, une politique dirigée vers les justiciables, à travers notamment la création de trois nouveaux outils.

Parmi eux, le dispositif inédit AVA (Aide Victime Avocat), qui sera lancé officiellement le 3 février prochain, est un numéro unique accessible 24h/24 et 7j/h7, créé pour garantir une prise en charge en urgence par téléphone. Caroline Laveissière précise : « Cette innovation est le fruit d’un travail d’observation des autres barreaux de France, dont nous avons extrait les aspects les plus pertinents en faveur des victimes ».

Le concept est simple : au bout du fil, à tout moment, un avocat « ultra-formé » en droit des victimes pourra répondre à des questions de droit civil ou pénal, la plupart du temps, liées à des contextes particulièrement sensibles. Cette avancée qui s’inscrit « dans un véritable éco-système » pour la bâtonnière. « Nous l’avons diffusé au Palais de justice, aux services d’enquête de police et gendarmerie, à nos partenaires ordinaux tels que les médecins ou les pharmaciens, ainsi qu’à nos partenaires associatifs, notamment ceux qui luttent contre les violences intra-familiales (VIF) ».

Avec un avocat par jour chargé d’astreinte et une réserve de 250 autres prêts à prendre le relais, le barreau de Bordeaux se base sur son expérience passée durant le confinement, lors duquel il avait déjà mis en place un numéro d’urgence. « A cette époque, nous avions reçu une trentaine d’appels par jour. Aujourd’hui, nous tablons plutôt sur une dizaine », indique Caroline Laveissière.

Une assistance juridique pour les mineurs

Pour Jérôme Delas, le fait que l’avocat de garde soit le même pendant 24h permet par ailleurs de tisser un lien de confiance plus facilement. « Une victime qui appelle en urgence, que ce soit pour un viol, un vol ou une escroquerie, peut avoir un comportement à rebours et ressentir le besoin de rappeler plus tard. Cette écoute à développer et cette confiance à gagner nous paraissent très importants ». Au-delà d’une simple assistance juridique, AVA tend à garantir un accompagnement complet, garantissant la défense et la représentation des victimes si elles le souhaitent, tout au long de la procédure, et mise sur des honoraires librement discutés.

Bientôt effective sur l’ensemble du ressort girondin, hors arrondissement libournais, cette innovation se déclinera également à l’échelle des mineurs, via la démarche « 1 mineur = 1 avocat ». Ce nouveau programme espère de son côté simplifier l’accès des jeunes à une assistance juridique grâce à une mise en lien sur les réseaux sociaux et un QR code dédié. « Si des consultations existent déjà au Département ou dans le cadre du CRIC[1], nous nous sommes rendu compte que les enfants discernants avaient un besoin de droit très vaste » constate la bâtonnière.

« Compte tenu des situations remontées par les écoles, collèges et lycées, nous nous attendons à gérer tant de l’accompagnement que de la défense, en cyber-harcèlement, infractions sexuelles ou VIF ». En s’adaptant aux canaux communément utilisés par les plus jeunes pour communiquer (la piste de l’application What’App est actuellement considérée), le barreau de Bordeaux compte sur ces modalités adaptées pour libérer la parole des mineurs. Le dispositif devrait être mis en place au plus tard avant l’été prochain. 

Mieux accompagner les dirigeants d’entreprise en difficulté

Côté pro cette fois, et face à une hausse significative des liquidations judiciaires directes (63 % des procédures collectives en 2024 contre environ 50 % avant la crise[2]), le barreau de Bordeaux tente en parallèle de se mobiliser pour soutenir les entrepreneurs confrontés à des difficultés. Car pour le vice-bâtonnier de Bordeaux, « il y a urgence ». D’autant qu’actuellement, les dispositifs établis entre le Barreau et la CCI Bordeaux Gironde, telles que les permanences conseils, affichent complets, pointe Caroline Laveissière.

Afin de répondre à ces défis, un dispositif d’accompagnement est donc aujourd’hui à l’étude. Selon Jérôme Delas, ce dernier devra « appréhender l’aspect psychologique [des problématiques rencontrées] tout en créant un hub d’entrée qui synthétise les dispositifs existants à l’intention des chefs d’entreprise », afin de pouvoir les diffuser ensuite à l’ensemble des partenaires de l’Ordre.

Les avocats spécialisés du barreau de Bordeaux pourront, dans ce cadre, apporter leur expertise pour proposer des solutions adaptées, tout en guidant les chefs entreprises dans leurs démarches. Un rôle qui leur colle doublement à la peau, les avocats étant eux-mêmes, travailleurs libéraux, coutumiers des épreuves vécues par les entrepreneurs.

Le vice-bâtonnier se montre rassurant :  « Il n’y a pas d’échec qui soit une fin en soi. Mais la détection et la prévention prises en amont peuvent faire en sorte que l’échec soit moins important, voire évité. Et que les répercussions pour l’entrepreneur et la famille soient réduits ».

Laurène Secondé




[1]Centre de Recherche d’Information et de Consultation sur les droits de l’enfant.

[2]Chiffres transmis par le Tribunal de commerce

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