À
l’occasion de ses vœux 2025, le barreau de Bordeaux a présenté plusieurs initiatives
destinées à faciliter l’accès au droit sur l’ensemble du territoire, et à parer
aux urgences. A l’instar de la démarche « 1 mineur = 1 avocat », qui espère
simplifier l’assistance juridique des jeunes grâce à une mise en lien sur les
réseaux sociaux et un QR code dédié.
« Un
besoin de proximité et de pragmatisme » : tels semblent être pour 2025
les mots d’ordre - employés dès le début de cette conférence de presse, mardi
28 janvier -, de l’Ordre des Avocats de Bordeaux.
A la
tête du cinquième barreau de France, la bâtonnière Caroline Laveissière et son
vice-bâtonnier Jérôme Delas comptent bien continuer de
mener, affirment-ils, une politique dirigée vers les justiciables, à
travers notamment la création de trois nouveaux outils.
Parmi
eux, le dispositif inédit AVA (Aide Victime Avocat), qui sera lancé
officiellement le 3 février prochain, est un numéro unique accessible 24h/24 et
7j/h7, créé pour garantir une prise en charge en urgence par téléphone. Caroline Laveissière précise : « Cette innovation est le fruit d’un travail
d’observation des autres barreaux de France, dont nous avons extrait les
aspects les plus pertinents en faveur des victimes ».
Le
concept est simple : au bout du fil, à tout moment, un avocat « ultra-formé »
en droit des victimes pourra répondre à des questions de droit civil ou pénal,
la plupart du temps, liées à des contextes particulièrement sensibles. Cette
avancée qui s’inscrit « dans un véritable éco-système » pour
la bâtonnière. « Nous l’avons diffusé au Palais de justice, aux
services d’enquête de police et gendarmerie, à nos partenaires ordinaux tels
que les médecins ou les pharmaciens, ainsi qu’à nos partenaires associatifs,
notamment ceux qui luttent contre les violences intra-familiales (VIF) ».
Avec un
avocat par jour chargé d’astreinte et une réserve de 250 autres prêts à prendre
le relais, le barreau de Bordeaux se base sur son expérience passée durant le
confinement, lors duquel il avait déjà mis en place un numéro d’urgence. « A
cette époque, nous avions reçu une trentaine d’appels par jour. Aujourd’hui,
nous tablons plutôt sur une dizaine », indique Caroline Laveissière.
Une
assistance juridique pour les mineurs
Pour
Jérôme Delas, le fait que l’avocat de garde soit le même pendant 24h permet par
ailleurs de tisser un lien de confiance plus facilement. « Une victime qui
appelle en urgence, que ce soit pour un viol, un vol ou une escroquerie, peut
avoir un comportement à rebours et ressentir le besoin de rappeler plus tard.
Cette écoute à développer et cette confiance à gagner nous paraissent très
importants ». Au-delà d’une simple assistance juridique, AVA tend à
garantir un accompagnement complet, garantissant la défense et la
représentation des victimes si elles le souhaitent, tout au long de la
procédure, et mise sur des honoraires librement discutés.
Bientôt
effective sur l’ensemble du ressort girondin, hors arrondissement libournais,
cette innovation se déclinera également à l’échelle des mineurs, via la
démarche « 1 mineur = 1 avocat ». Ce nouveau programme espère de
son côté simplifier l’accès des jeunes à une assistance juridique grâce à une
mise en lien sur les réseaux sociaux et un QR code dédié. « Si des
consultations existent déjà au Département ou dans le cadre du CRIC, nous
nous sommes rendu compte que les enfants discernants avaient un besoin de droit
très vaste » constate la bâtonnière.
« Compte
tenu des situations remontées par les écoles, collèges et lycées, nous nous
attendons à gérer tant de l’accompagnement que de la défense, en
cyber-harcèlement, infractions sexuelles ou VIF ». En s’adaptant aux
canaux communément utilisés par les plus jeunes pour communiquer (la piste de
l’application What’App est actuellement considérée), le barreau de
Bordeaux compte sur ces modalités adaptées pour libérer la parole des mineurs.
Le dispositif devrait être mis en place au plus tard avant l’été prochain.
Mieux
accompagner les dirigeants d’entreprise en difficulté
Côté
pro cette fois, et face à une hausse significative des liquidations judiciaires
directes (63 % des procédures collectives en 2024 contre environ 50 % avant
la crise), le barreau de Bordeaux tente en
parallèle de se mobiliser pour soutenir les entrepreneurs confrontés à des difficultés.
Car pour le vice-bâtonnier de Bordeaux, « il y a urgence ». D’autant
qu’actuellement, les dispositifs établis entre le Barreau et la CCI Bordeaux
Gironde, telles que les permanences conseils, affichent complets, pointe
Caroline Laveissière.
Afin de répondre à ces défis, un dispositif d’accompagnement
est donc aujourd’hui à l’étude. Selon Jérôme Delas, ce dernier devra « appréhender
l’aspect psychologique [des problématiques rencontrées] tout en créant un hub
d’entrée qui synthétise les dispositifs existants à l’intention des chefs
d’entreprise », afin de pouvoir les diffuser ensuite à l’ensemble des
partenaires de l’Ordre.
Les avocats spécialisés du barreau de Bordeaux pourront, dans
ce cadre, apporter leur expertise pour proposer des solutions adaptées, tout en
guidant les chefs entreprises dans leurs démarches. Un rôle qui
leur colle doublement à la peau, les avocats étant eux-mêmes, travailleurs
libéraux, coutumiers des épreuves vécues par les entrepreneurs.
Le
vice-bâtonnier se montre rassurant : « Il n’y a pas d’échec qui soit une
fin en soi. Mais la détection et la prévention prises en amont peuvent faire en
sorte que l’échec soit moins important, voire évité. Et que les répercussions
pour l’entrepreneur et la famille soient réduits ».
Laurène Secondé
Centre de Recherche
d’Information et de Consultation sur les droits de l’enfant.
Chiffres
transmis par le Tribunal de commerce