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Causes, chiffres, évolution : tout savoir sur l'inflation

Causes, chiffres, évolution : tout savoir sur l'inflation
Publié le 16/08/2022 à 09:26

La France connaît actuellement un taux d’inflation de 6,1 % (au 31 juillet 2022). Selon l’INSEE, « l’inflation est la perte de pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix ». La déflation est l’inverse de l’inflation, c’est-à-dire une baisse durable des prix. À ne pas confondre avec la désinflation qui correspond à une réduction du taux d’inflation.


Chaque mois, l’Institut national de la statistique publie un indice des prix à la consommation qui mesure l’inflation en France. Cet indice est calculé à partir d’une quantité de données.


Afin de se rapprocher le plus près possible du vécu des Français, l’INSEE se fonde chaque mois sur 200 000 prix collectés par des enquêteurs dans des points de vente, et relèvent également chaque mois plus de 190 000 prix auprès d’Internet, EDF, SNCF, Bouygues etc.


> NB : La progression des prix est calculée à produit constant. Une augmentation de prix peut être corrigée d’un effet de nouveauté.


Les principaux postes de dépenses compris dans l’indice des prix, (permettant une pondération de l’indice), sont les suivants :


> NB : Les prix de l’immobilier ne sont pas pris en compte…


Compte tenu des habitudes de consommation différentes des ménages, l’inflation n’est pas la même pour chaque ménage.


L’indice des prix publié par l’INSEE est une moyenne.


L’inflation n’est pas égale pour tous.


Grâce à des taux d’inflation de 48,5 % en 1945, 52,6 % en 1946, 49,2 % en 1947 et 58,7 % en 1948, la France avait réduit son endettement. L’inflation avait joué son rôle de réducteur de dette.


> Rappel : l’inflation a été à l’origine de nombreuses dévaluations.


Le Franc germinal, créé en 1803, a eu une valeur inchangée jusqu’en 1914.

La France a connu ensuite :

• 4 dévaluations de 1914 à 1940 ;

• 4 dévaluations sous la IVe République de 1944 à 1957 ;

• 3 dévaluations sous l’Ère Gaulliste de 1958 à 1969 ;

• 3 dévaluations sous le premier septennat de Mitterrand de 1981 à 1983 ;

• 1 dévaluation Balladur en 1986 ;

• la réévaluation du Mark en 1987 ;

• la réévaluation du Franc de 3,5 % en 1992.

Depuis 20 ans – mise en place de l’Euro –, il n’y a plus eu aucune dévaluation ni stabilité de la monnaie.

 

L’évolution de l’indice des prix


L’indice des prix a évolué de 49 % en 26 ans, soit une moyenne d’inflation de 1,9 % par an.

Il est intéressant de constater l’évolution de chacune de ses composantes :

  •         services : +73 % depuis 1990, soit 2,8 % par an ;
  •         produits alimentaires : +48 % depuis 1990, soit 1,8 % par an ;
  •         énergie : +82 % depuis 1990, soit 3,2 % par an ;
  •         produits manufacturés : +7 % depuis 1990, soit 0,3 %  par an ;
  •         tabac : +425 % depuis 1990, soit 16 % an.

> Remarque : les produits manufacturés sont historiquement baissiers et n’ont pas participé à l’inflation jusqu’à 2021. On peut toutefois constater une tendance haussière en 2022, liée aux pénuries et hausses des matières et fournitures mondiales actuelles.


Bien avant l’inflation d’après-guerre, la France a connu, de 1790 à 1796, les assignats, sortes de bons du trésor gagés sur des biens nationaux confisqués, qui avaient provoqué une très forte inflation et des faillites. L’inflation galopante avait provoqué une baisse de 60 % de la valeur de cette monnaie papier, poussant les détenteurs à s’en débarrasser. La convention avait, en avril 1793, décidé que les marchés conclus avec l’État devaient être payés uniquement en assignats. La non-acceptation de paiement en assignats était passible de la peine de mort… l’utilisation des monnaies or ou argent étant interdite.


Les assignats ont été abandonnés en 1796 ; 45 milliards de livres étaient à cette époque en circulation gagés sur 3 milliards de biens confisqués par l’État.


L’Allemagne a aussi connu sa période d’hyper-inflation. Durant la Première Guerre mondiale (14-18), le gouvernement allemand a massivement émis de la monnaie pour financer la guerre. Cet afflux de fausse monnaie « mark-papier » imprimée durant la guerre a alimenté le marché allemand, provoquant une « hyperinflation exponentielle ». En 1923, 1 000 000 000 000 de mark-papier valait 1 mark-or…


Les marks se transportaient avec des brouettes et les enfants construisaient des murs avec les paquets de billets de marks. Le taux d’inflation avait atteint 100 % par jour !


Les causes classiques de l’inflation


On distingue traditionnellement trois principales causes de l’inflation :

  •  l’inflation par la demande : lorsque la demande d’un produit est supérieure à l’offre, ou lorsque, d’une manière générale, la production de biens n’arrive pas à satisfaire la demande des consommateurs, la tension entre offre et demande a pour conséquence une augmentation des prix des biens ;
  •  l’inflation par les coûts ou par les prix : dès lors que les produits sont directement consommés par les ménages, la hausse des prix est directement prise en compte dans l’inflation. Si le prix de revient d’un produit fabriqué par une entreprise comprend des matières, fournitures et salaires qui subissent une augmentation due à l’inflation, cette entreprise ne pourra faire autrement que de reporter ces augmentations dans ses coûts et prix de vente, afin de préserver son équilibre d’exploitation ;
  •  l’inflation par la monnaie : l’expérience a bien démontré que la création de monnaie est source d’inflation. Perdant confiance en la monnaie, les ménages effectuent des achats massifs de biens provoquant une augmentation de la demande et des prix. Trop d’argent incite à acheter à n’importe quel prix… La rapidité de circulation de la monnaie stimule également la demande et les prix.


Devant la montée des prix, l’épargnant qui constate que son « trésor » se dévalorise est incité à consommer son épargne. Apportée sur le marché, cette monnaie d’épargne participe également à stimuler la demande et les prix…


L’inflation érode progressivement (ou rapidement) la valeur de la monnaie. Conséquence de l’inflation : il faut de plus en plus d’euros pour acheter le même produit.

Toutes les causes de l’inflation peuvent se cumuler.


Le cycle d’inflation, à effet boule de neige de progression des prix, a des limites : à un certain niveau, le consommateur ne peut plus suivre… L’inflation nourrit la croissance, laquelle développe à son tour l’inflation ; c’est un cycle dangereux.


Historique de quelques taux d’inflation en France :

Années

Taux d’inflation

1901 à 1905

1906

1946

1974

1980

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

0%

-7,9%

+52,6%

+13,7%

+13,6%

0%

0,2%

1%

1,8%

1,1%

0,5%

1,6%

7 ou 8% ?

 


Les raisons actuelles de l’inflation 2022


Les raisons particulières de l’inflation actuelle sont les suivantes :

  • la réouverture de notre économie, après la période Covid, qui a « réveillé la demande » ;
  • la pénurie de certaines matières et fournitures, ajoutée aux retards de livraisons provoqués par la désorganisation de certaines fabrications ont provoqué une hausse des prix. « À prendre ou à laisser » ;
  • le coût des transports : le coût d’un conteneur s’établissait à 4 200 dollars en août 2021, au départ de SCHANGAI, contre 2 500 dollars début 2021 et seulement 1 000 dollars début 2020 ;
  • le prix de l’énergie croît partout dans le monde (pétrole, gaz, électricité), celui-ci a progressé de près de 30 % en un an.


La guerre Russie-Ukraine étant la cause principale.


L’INSEE a constaté que « Plus cette guerre durera, plus l’inflation restera à un niveau élevé. »


À la fin juillet 2022, l’inflation atteint 6,1 %.


Sa progression se décompose ainsi :

  •         l’énergie a augmenté de 28,7 % ;
  •         l’alimentation a augmenté de 6,7 % ;
  •         les services ont augmenté de 3,9 % ;
  •         les produits manufacturés ont augmenté de 2,7 % ;
  •         les tabacs ont augmenté de 0,1 %.


À noter que l’inflation actuelle de 6,1 % contraste avec une inflation habituellement très faible durant les années précédentes. Un réveil peut-être un peu douloureux.


L’inflation est considérée comme mondiale.


La remontée des taux, qui ne semble pas inquiéter les investisseurs, n’a pas vraiment encore d’incidence et de conséquences sur l’inflation.


Rappelons que l’inflation est réductrice de dettes. Une dette de 100 000 euros n’a plus la même valeur trois ans après avec une inflation à 6 %. Un taux nominal de 2 %, avec une inflation à 6 %, revient finalement à un taux réel de -4 %...

 

Une inflation mondiale

 

Tableau de l’inflation de quelques pays (au 30/06/22) :

Pays

Taux d’inflation

Japon

Chine

Suisse

France

Allemagne

Italie

USA

Zone Euro

Espagne

Russie

Argentine

Turquie

Venezuela

2,4%

2,5%

3,4%

5,8% (1)

7,6%

8%

8,6%

8,6%

10,8%

15,9%

64%

78,6%

167%

 

> NB : La France n’est pas la première de la classe, mais elle n’est pas non plus la dernière !

 

> À citer : L’inflation au Zimbabwe (le chaos !)

Au 30 juin 2022, l’inflation atteignait presque 200 % au Zimbabwe. Devenue incontrôlable en 2008, la hausse des prix avait atteint 231 000 000 % ! Un record qui avait contraint la banque centrale à émettre un billet de 100 000 milliards de dollars zimbabwéens… Le prix d’une bouteille de Coca-Cola d’un litre était affiché en 2008 à 25 millions de dollars zimbabwéens… (Source : Les Échos du 29 et 30 juillet 2022).


Quelle évolution ?

 

La dégradation de la conjoncture internationale, surtout aux USA, en Chine et en Allemagne, pourrait jouer en faveur d’une accalmie de l’inflation :

• l’impact du rabais à la pompe ;

• la détente des prix du blé ;

• l’assagissement des prix du pétrole ;

• la baisse de certaines matières premières ;

• les nouveaux dispositifs du paquet pouvoir d’achat, adoptés en juillet 2022 par le législateur, pourraient avoir un effet positif sur les effets de l’inflation.

Mais attention, la poursuite de la guerre en Ukraine pourrait encore troubler tous ces éléments…

 

Michel Di Martino

 

 


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