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Histoire des parapluies et ombrelles : ou comment les inventeurs du 19e siècle ont cherché à protéger leurs contemporains de la pluie et du beau temps

Histoire des parapluies et ombrelles : ou comment les inventeurs du 19e siècle ont cherché à protéger leurs contemporains de la pluie et du beau temps
Publié le 24/10/2019 à 14:02

Accessoires très personnels, au même titre que les chapeaux ou les bijoux, les parapluies et ombrelles symbolisaient au 19e siècle l’appartenance à une classe sociale. Ils ont ensuite évolué pour devenir les objets pratiques, usuels et peu encombrants que nous connaissons aujourd’hui. Retour sur l’histoire de cet objet indispensable en ce début d’automne, à travers les brevets d’inventions déposés en France au 19e siècle.


Quoi de plus banal et impersonnel aujourd’hui qu’un parapluie, objet devenu de consommation courante pour ne pas dire produit jetable ? Quant aux ombrelles, leur utilisation n’est plus qu’un lointain souvenir, associé aux allées ensoleillées des jardins à la Française… Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au 19e siècle, les matériaux avec lesquels sont classiquement fabriqués les parapluies ou les ombrelles sont le bois, le jonc, les fanons de baleine, ainsi que différents métaux et tissus de qualité, voire rares et même précieux, comme l’ivoire, la nacre ou encore l’or et l’argent. Leur utilisation nécessite un savoir-faire technique et un soin particulier est apporté à leurs finitions. Au fil du temps, des matériaux nouveaux sont introduits, comme l’aluminium, le caoutchouc ou encore le celluloïd, cette imitation de l’ivoire élaborée vers 1850. Côté technique, un système breveté utilise pour la première fois le roulement à billes, technique nouvelle, encore réservée aux bicyclettes ou à l’industrie automobile naissante. Le parapluie ou l’ombrelle est par conséquent un objet qui n’est pas bon marché. Réservé à une clientèle réduite, c’est un produit de valeur, supposé véhiculer une image de luxe et d’élégance. L’ombrelle n’est-elle pas censée conserver le teint pâle afin de se différencier des classes inférieures à la peau naturellement tannée ?


Plus de la moitié des déposants des brevets de parapluies se déclarent fabricants de parapluies ou d’ombrelles, ou les deux à la fois. Mais d’autres professions sont représentées. Comme dans tous les autres domaines industriels, il existe un maillage d’ouvriers spécialisés ne façonnant qu’une partie de l’ensemble : canneur de joncs, fabricant de rotin pour parapluies, fabricant de manches, de poignées, de montures, de tenons, ou encore tourneur en baleines et tourneur en cuivre pour fourniture de parapluies. D’autres spécialités interviennent aussi, soulignant encore que le parapluie et l’ombrelle sont de véritables accessoires de mode.





Parapluies et ombrelles ont beaucoup inspiré les innovateurs, comme le montrent les nombreux brevets d’invention conservés dans les archives de l’INPI : ici par exemple celui de l’Ombrelle-éventail ou celui de la nouvelle combinaison d’un pliant avec un parapluie, un parasol ou une ombrelle (source : archives INPI)



Si le parapluie et l’ombrelle pliables apparaissent bien avant le 19e siècle, c’est durant cette période que les inventeurs ne cessent de les perfectionner afin d’en réduire l’encombrement et de permettre de les transporter partout ou presque. Le développement des transports en commun, des omnibus hippomobiles au métro parisien, appelle en effet des accessoires peu encombrants. Nombre de systèmes sont alors brevetés pour du mobilier pliant. La nouvelle société urbaine cherche désormais à emporter le confort partout avec soi et les objets mis au point au 19e siècle disposent déjà de toutes les innovations techniques qui caractérisent nos parapluies derniers cri : ressorts et charnières rendent l’accessoire quasi magique et permettent une manutention sans l’effort qui gâcherait toute élégance.


En raison de leurs matériaux coûteux et de leur caractère innovant, les parapluies sont des objets convoités. Nombre d’inventions sont donc brevetées pour éviter les vols, comme par exemple une « serrure portative ou cadenas perfectionné pour attacher les parapluies et autres articles similaires ». On peut aussi donner l’alerte en cas de vol avec « l’application de la sirène à plaque vibrante au manche de cannes et parapluies ». Dans ce cas, un système de sifflet a pour but d’épouvanter par un bruit insolite et effrayant et ainsi arrêter le voleur dans le méfait qu’il médite de commettre. Des combinaisons de parapluies et d’armes donnent aussi l’occasion de se défendre en cas de mauvaises rencontres, tel ce « pistolet-révolver-poignard pouvant se dissimuler, soit dans une canne ordinaire, soit dans le manche d'un parapluie » ou ce « projecteur de liquide principalement applicable comme arme défensive et pouvant être construit sous forme de canne, tige de parapluie ». Et si jamais notre bourgeois est importuné par quelques Apaches vipérins, rien de tel que le système d’armes défensives dites fléaux indiens, applicable aux cannes, parapluies, casse-têtes, etc.