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Innover pour se transformer – Un événement 100 % en ligne de la CRCC de Paris

Innover pour se transformer – Un événement 100 % en ligne de la CRCC de Paris
Publié le 15/08/2020 à 11:00


Le 7 juillet, la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Paris a organisé une journée de formation entièrement en ligne sur le thème de l’innovation au service de la transformation. À cette occasion, la CRCC de Paris a présenté les grands axes de sa nouvelle stratégie d’innovation, développée afin de répondre aux nouveaux défis qui attendent la profession, suite à l’entrée en vigueur de la loi PACTE.


La loi PACTE (entrée en vigueur en mai 2019), et particulièrement le relèvement des seuils de l’audit légal obligatoire, a été vécue comme un traumatisme par la profession. Cependant, pour la CRCC de Paris, au lieu de regretter le passé, il faut désormais repenser l’organisation des cabinets et réfléchir aux nouvelles missions et prestations à mettre en place pour que la profession soit davantage en adéquation avec les besoins des entreprises.


« Dès le milieu de l’année 2018, voyant la tournure que prenaient ou semblaient prendre les débats du projet de loi PACTE, nous avons commencé à réfléchir à l’après et aux conséquences (…). À l’été 2019, nous avons entamé un processus de réflexion structuré, et, suite à de nombreuses discussions avec des spécialistes de l’innovation, nous avons pris contact avec un consultant pour qu’il nous aide à mettre en œuvre un projet d’innovation à destination des membres de la Compagnie de Paris (…) qui sont en train de prendre le virage digital », a expliqué Olivier Salustro, en ouverture de l’ultime table ronde de la matinée (« Innover pour se transformer », du même nom que l’évènement).


Au cours des échanges, Olivier Salustro, président de la CRCC de Paris, Nathalie Lutz, Jean-Marc Fleury, Mélanie Charles, Frédéric Burband, tous les quatre vice-présidents de la CRCC de Paris, et Arnaud Banoun, cofondateur de Performance Lab, enseignant-chercheur en management, ont présenté, en détails, le nouveau projet de la CRCC de Paris.


 


Pourquoi innover pour se transformer ?


Dans un discours introduisant l’évènement, Olivier Salustro est revenu sur les raisons et les objectifs de la nouvelle stratégie mise en œuvre par la Commission de Paris : « Innovation parce que nouveaux services et nouveaux usages s’installent ; (…) Transformation parce que les modes de production, de relation, de fonctionnement changent avec le numérique. »


Les commissaires aux comptes doivent, selon lui, s’emparer de ces nouveaux enjeux pour rester dans la course : « Notre intime conviction est qu’il ne faut pas laisser l’innovation aux seules start-up, mais la susciter et la cultiver dans nos propres équipes, qu’il s’agisse de l’innovation d’usage, de l’innovation technologique ou de l’innovation sociale. »


Mais comment la stratégie d’innovation qu’ambitionne de déployer la Compagnie dans la plupart des cabinets a-t-elle vu le jour ?


Olivier Salustro a raconté, lors de la table ronde, que les équipes de la Compagnie de Paris avaient commencé à réaliser un état des lieux général en faisant le tour des innovations proposées actuellement par les instances de la profession. Ils se sont alors rendu compte que « l’impact opérationnel et la lisibilité des actions, dispositifs, outils et formations pouvaient être améliorés. »


Une « innovation map » a alors été tracée et à partir de là, la Compagnie a construit une nouvelle stratégie avec trois ambitions : renforcer le rôle moteur de la CRCC de Paris dans les changements de la profession, aider les membres de la CRCC à se développer malgré la loi PACTE en tirant parti de l’intelligence artificielle, et mettre davantage en avant les clients et les entrepreneurs au cœur des préoccupations.


Les équipes ont ensuite présenté une feuille de route concrète, avec trois objectifs généraux, trois axes de travail, sur trois horizons.


« Les objectifs généraux sont assez simples », a assuré Olivier Salustro. Plus précisément, il s’agit d’objectifs internes (comme acculturer, former, et accompagner les membres de la Compagnie), d’objectifs externes (comme veiller et animer l’écosystème) et d’objectifs internes et externes à la fois (tels que communiquer et informer).


Une fois les objectifs généraux définis, la CRCC de Paris a révélé trois axes de travail qui couvrent trois thèmes :


• mission et prestation pour répondre au besoin d’aller au-delà des missions légales actuelles et envisager les revenus futurs, mais aussi donner toutes les clés pour réaliser et vendre les prestations ;


• performance des cabinets pour travailler sur l’efficacité et l’efficience afin de délivrer plus vite et mieux, notamment grâce à des nouveaux outils numériques ;


• les ressources humaines, ou les soft skills, pour faire monter en compétences les membres de la compagnie à titre individuel, mieux gérer l’organisation du cabinet et ses collaborateurs, ainsi que les interactions avec les partenaires.


Au-delà de ces trois axes, afin de hiérarchiser les priorités, la Compagnie de Paris a fixé trois horizons : le court terme, c’est-à-dire l’année en cours, le moyen terme, l’horizon 2024, et le long terme, au-delà de 2025.


« Au bout du bout, nous sommes arrivés à une matrice de travail à triple entrée qui fixe les actions, une vingtaine, et détaille les travaux des commissions » a résumé Olivier Salustro.


 


Des commissions en mouvement


Chacun à leur tour, les présidents des différentes commissions de la CRCC de Paris ont présenté les travaux entrepris, à leur niveau, pour répondre à la stratégie globale de la Compagnie.


Nathalie Lutz, chargée de la commission Performance des cabinets, a expliqué que lors du lancement du chantier innover pour se transformer, elle a préféré, à la demande de nombreux confrères, « capitaliser sur l’existant plutôt que de se lancer dans la promotion de nouvelles missions ».


« Qu’est-ce que je fais de mal ? En quoi certains outils ou process peuvent améliorer ma démarche d’audit ou mon mode de management de cabinet ? Comment faire en sorte que mon client perçoive mieux ma valeur ajoutée ? » : voici les questions sur lesquelles s’est basée sa commission, composée d’élus et de non élus, pour amorcer ses travaux.


Nathalie Lutz a également dû s’assurer que les travaux de sa commission n’étaient pas redondants avec ceux des autres commissions. Quels sont alors les axes de réflexion et les livrables de la commission Performance des cabinets pour l’année 2020 et jusqu’à la fin de la mandature ?


Le premier livrable, a précisé la présidente de commission, est un parcours auditeur (un parcours CAC) qui reprend « les points de douleur et les points de frustration des commissaires aux comptes à chaque étape de la démarche d’audit, mais aussi de la démarche de manager ». Ce parcours réfléchit sur les process que les cabinets devraient mettre en place pour être plus performants, et sur les formations que les auditeurs pourraient suivre.


Le deuxième livrable de cette commission est un catalogue des outils de performance. Il s’agit d’affiner et de segmenter ces outils par typologie de cabinets.


Le troisième axe de réflexion consiste en l’organisation de webinaires sur la performance.


La commission continuera également de proposer à la rentrée les « sacrées soirées », soit des réunions en petit comité, co-animées par un binôme composé d’un commercial et d’un commissaire aux comptes. Celles-ci permettent, aux participants entre autres, d’échanger sur leurs difficultés à vendre des missions, à développer leur chiffre d’affaires…


Enfin, le dernier axe de réflexion porte sur la mise en place d’un process pour identifier les besoins des clients et évaluer leur satisfaction.


Ensuite, Jean-Marc Fleury s’est exprimé sur les actions menées par la commission Missions et prestations.


Cette commission a pour objectif de trouver des missions complémentaires, voire de remplacement, à celles qui sont en train de disparaître à cause de la loi PACTE. La commission a commencé par identifier les nouvelles prestations et en a décompté 25 (peu utilisées par la profession ou pas du tout fournies aux clients). Elle les a ensuite regroupées en cinq catégories.


L’idée est de faire en sorte que les professionnels s’approprient les concepts de ces nouvelles prestations, puis de développer des méthodologies et des outils pour en assurer la conduite et la vente, et de proposer des formations pour que ces derniers puissent acquérir les savoir-faire nécessaires, a expliqué Jean-Marc Fleury.


Après analyse d’une vingtaine de prestations, la commission a décidé de travailler sur huit d’entre elles. Celles-ci font partie des trois catégories suivantes (parmi les cinq identifiées par la commission) :


• le domaine de la conformité légale réglementaire qui comprend l’audit de conformité sociale, l’audit de conformité fiscale, la conformité loi Sapin, et la conformité lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ;


• le diagnostic financier qui comprend le diagnostic solvabilité, la due diligence et la cartographie des risques ;


• le contrôle interne et process. « L’idée étant d’aboutir à ce que nous devenions des professionnels non seulement de l’audit externe, mais aussi de l’audit interne » a précisé l’intervenant concernant ce dernier point.


« Nous avons un programme de travail pour plusieurs années, mais à l’issue de cette période, je pense qu’on aura un catalogue extrêmement développé de missions nouvelles » a-t-il assuré pour finir.


Mélanie Charles, chargée de la commission RH et compétences, a ensuite évoqué les travaux entrepris par son équipe.


Les objectifs de cette commission sont au nombre de quatre : faire monter en compétences les CAC sur le management, la gestion de la relation client, l’innovation ; enrichir les parcours existants, en concevoir des nouveaux avec des objectifs métiers ; tester de nouvelles modalités d’apprentissage en faisant appel à des acteurs innovants ; et enfin mieux accompagner les CAC dans le choix de leur formation.


Durant la période de confinement, plus particulièrement, la commission a élaboré un recensement exhaustif des formations qui existent à l’heure actuelle afin de pouvoir les catégoriser en différentes thématiques telles que le management, la relation client, et tout ce qui a trait aux nouvelles technologies, a expliqué Mélanie Charles.


Celles-ci ont ensuite été stratifiées par niveau (débutant, initiation, développement), ce qui a permis d’élaborer des parcours.


Le premier d’entre eux est un parcours sur l’analyse de données. Sept formations font partie de ce parcours : des formations d’acculturation, l’analyse des données avec Excel… « Aujourd’hui, on travaille avec l’Asforef pour pouvoir atteindre un niveau de certification », a ajouté l’intervenante.


Le deuxième parcours concerne la réalisation de missions de diagnostic sur la partie IT, notamment la réalisation du diagnostic RGPD, les risques cyber…


Enfin, la commission RH est en train de tester des nouvelles méthodes d’apprentissage, comme les micro-learning (petites formations sur des sujets précis et sur des durées très courtes) et la gamification, c’est-à-dire l’apprentissage par le jeu.


Également chargée de la commission Communication et attractivité, Mélanie Charles a évoqué les travaux réalisés dans ce groupe. Cette commission a deux objectifs : la communication auprès des membres de la Compagnie, avec notamment le site Internet (refondu en début d’année), la mise en place de newsletters depuis mars, ainsi que la rédaction d’articles « philosophiques », un peu « décalés » sur le métier ; et la promotion de la profession auprès des jeunes et des chefs d’entreprise, avec notamment le projet café-match qui consiste à faire une très courte vidéo pour présenter la mission de commissaire aux comptes, et une FAQ à destination des dirigeants d’entreprise sur les conséquences de la Covid-19.


Pour finir, Fédéric Burban a présenté les travaux de la commission Audit informatique. Celle-ci existe depuis trois ans, et son objectif général, comme l’a rappelé l’expert, est d’acculturer les commissaires aux comptes généralistes aux enjeux de l’audit des systèmes d’information, et cela à travers deux axes : le développement d’outils, le développement de parcours et de formations sur les techniques d’audit informatique.


La commission a également mis en place une veille sur les risques et les besoins des entreprises dans ce domaine, via des conférences matinales (malheureusement interrompues pendant la crise). Elle anime également un écosystème de partenaires participant au développement de ces missions (qui comprend notamment l’AFAI, des free-lance, l’université Paris-Dauphine, etc.). Bref, « beaucoup d’initiatives de façon à intégrer les commissaires aux comptes dans un écosystème qui intègre les systèmes d’information », a-t-il affirmé.


Quels sont les projets de cette commission ? Celle-ci a élaboré deux nouveaux guides qui viennent compléter celui qui existe sur l’audit informatique ; il s’agit d’un guide d’audit informatique des process et un recueil de tests d’audit de données. Autres projets de la commission : un parcours de formation audit informatique, une plateforme pour venir en soutien aux professionnels, etc.


Frédéric Burban étant également le co-président du comité scientifique du Lab 50, ce dernier a expliqué comment s’articule le Lab avec les commissions et le projet d’innovation de la Compagnie de Paris.


« Le Lab 50 est un observatoire de culture (…), il vient en prospective », a-t-il précisé. Il est construit autour de quatre groupes de travail. Le premier est consacré à la data (quelles sont les sources de données que l’on pourra utiliser demain ? Quelles utilisations en faire ?), le deuxième aux clients et au marché, le troisième à l’open innovation (les partenariats avec des start-up et des entreprises technologiques pour faire émerger des solutions d’innovation au bénéfice de la profession), et enfin un groupe de travail sur la prospective internationale (veille sur ce qui se passe dans d’autres pays comme le Canada, les USA, etc.).


Le Lab 50 est l’observatoire du futur des métiers du chiffre, né à l’initiative de la Compagnie régionale de Paris et en collaboration avec l’Ordre des experts-comptables de Paris. Il a deux principaux objectifs : le premier est d’acculturer les professionnels sur l’avenir des métiers du chiffre, le deuxième est d’apporter des solutions concrètes pour la profession et pour les cabinets, a ajouté de son côté Cyril Degrilart, chef de projets, interrogé à distance sur le Lab 50.


Il s’intègre donc parfaitement avec le projet mené par la Compagnie de Paris.


 


Le baromètre de la profession : comprendre et anticiper


Après les interventions des présidents de commission, Olivier Salustro a donné la parole à Arnaud Banoun, cofondateur de Performance Lab avec Lucas Dufour, enseignant-chercheur en management, qui a présenté le baromètre de la profession « Comprendre et anticiper » lancé à l’occasion de cet évènement. La CRCC de Paris a en effet décidé de mettre en place un baromètre scientifique annuel pour suivre les grandes évolutions du métier de commissaire aux comptes liées à l’entrée en vigueur de la loi PACTE et à la transformation digitale.


Quelles sont les particularités de ce baromètre scientifique par rapport à un baromètre classique ?


Il se base sur la diffusion d’un questionnaire construit scientifiquement par rapport à d’autres études traditionnelles, a expliqué Arnaud Banoun. Le questionnaire est en effet composé de questions issues de la « littérature scientifique » et qui, selon le cofondateur du laboratoire, « permettent de mesurer un certain nombre de choses, de variables intéressantes pour suivre l’évolution de la profession ».


Ces questions sont ce qu’on appelle des « échelles de mesure », c’est-à-dire des questions qui ont été validées scientifiquement. Par exemple, sur la question « mesurer la satisfaction au travail », des scientifiques se sont penchés sur l’élaboration de la liste des réponses. En outre, les résultats du questionnaire ont été analysés avec des tests statistiques eux aussi réalisés de manière scientifique.


Enfin, Arnaud Banoun a précisé que le questionnaire avait été construit à partir d’une vingtaine d’interviews de commissaires aux comptes. « C’était pour coller au maximum avec la réalité de vos enjeux, de ce que vous vivez, de ce que vous ressentez » a-t-il affirmé.


Pourquoi l’élaboration de ce baromètre a-t-elle été confiée à deux chercheurs en management ?


« Les sciences de gestion ont en fait vocation à étudier l’action collective, à comprendre ce qui se passe dans les organisations à un niveau individuel, à un niveau collectif, et bien sûr au niveau de l’organisation toute entière, c’est-à-dire la stratégie et l’organisation des cabinets » a expliqué Arnaud Banoun.


Ce baromètre est à destination de l’ensemble des membres de la Compagnie de Paris, soit 2 700 membres.


Concrètement, les membres de la CRCC de Paris ont reçu le 9 juillet dernier le questionnaire sus-cité. « Toutes les réponses que vous allez nous donner via ce questionnaire resteront anonymes et confidentielles, et seront traitées exclusivement par les chercheurs sans aucun partage direct avec la CRCC » a précisé Arnaud Banoun, afin de rassurer ceux qui prendraient le temps de répondre aux questions.


Après réception des questionnaires, Performance Lab prendra quelques semaines pour traiter et analyser les résultats. « Fin septembre début ou octobre, vous aurez un partage large des résultats auprès de l’ensemble des membres de la CRCC de Paris » a annoncé le co-fondateur de Performance Lab.


Une FAQ sera également à disposition des membres pour répondre à d’éventuelles interrogations : « Votre contribution est vraiment importante. C’est une quinzaine de minutes une fois dans l’année. Donc on compte vraiment sur vous pour participer » a-t-il insisté. Pour encourager le plus possible ses confrères à donner leur avis, Olivier Salustro a promis à ceux qui participeraient au questionnaire qu’ils bénéficieraient d’un webinaire de formation sur le pitch, ou l’art de présenter avec impact. Combien de commissaires aux comptes vont entendre son appel ?

 

Maria-Angélica Bailly

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