En
2001, l’Institut a reçu Hu Jintao, alors vice-président de la République populaire de Chine,
puis Yang Jiechi, ministre des Affaires étrangères de l’époque. L’attention
particulière de l’Institut français des relations internationales (IFRI) portée
à la Chine ne se dément pas au fil du temps. Wang Yi, actuel conseiller d’État
et ministre des Affaires étrangères du pays, a répondu à son
tour à l’invitation de
Thierry de Montbrial, président de l’IFRI. Il nous expose les
relations externes et internes de sa nation, assez éloignées des clichés
véhiculés par les médias étrangers.
Wang Yi voit la Chine et la France comme
deux grandes représentantes des civilisations orientales et occidentales. Elles
peuvent s’admirer mutuellement, se respecter. Leurs échanges favorisent la
compréhension réciproque, et instaure une confiance partagée. C’est la base de
la relation sino-française. Son pays entend continuer à œuvrer avec toutes les
personnalités françaises dans ce sens. Aujourd’hui, au 21e siècle,
les efforts communs entre nos deux puissances en faveur du multilatéralisme, de
l’équité, de la justice, impriment leur rôle de nation d’influence internationale.
Le conseiller d’État illustre son
propos avec l’épidémie qui frappe le monde depuis six mois. Face à ce défi
sanitaire, la Chine et l’Europe se sont soutenues. Là-bas, sous la direction du
président Xi Jinping, la Covid-19 est maîtrisée. Ici, grâce aux efforts
communs des États et à la coordination de l’Union, la situation s’est
considérablement apaisée. Cette épreuve sanitaire reflète la complexité des
relations internationales avec d’un côté la solidarité et la coopération, et
aussi, de l’autre côté, le rejet des responsabilités, l’unilatéralisme, et
l’intimidation. Les pratiques de politisation, d’étiquetage, et de
stigmatisation contre des boucs émissaires n’aident en rien à régler les
problèmes. Au contraire, cela ne fait que saper la solidarité humaine.
Wang Yi rappelle qu’il y a trois
siècles, à l’aube des Lumières, les penseurs européens comme Diderot, Quesnay,
Leibniz ou Voltaire appréciaient la civilisation chinoise ancestral e. Hélas, la Chine s’est plus tard plongée dans la
fermeture et l’immobilisme. Puis, elle a subi la colonisation, les invasions
étrangères. Pour le président Xi Jinping, « réaliser le renouveau de la
Chine, c’est le rêve le plus noble poursuivi par la nation chinoise depuis le
début de son histoire moderne. Seule une nation qui a connu la gloire peut
comprendre le sens du renouveau, et seule une nation qui a subi les adversités
y aspire aussi profondément. Le renouveau de la Chine doit apporter la
prospérité au pays, le redressement de la nation et le bonheur à son peuple.
Simultanément, la nation chinoise peut participer pleinement au progrès et au
développement de l’humanité. Elle entame une ère d’ouverture et d’intégration
avec le reste du monde. »
Les adeptes de la théorie du complot
imaginent que le renouveau de la Chine vise à changer, voire conquérir le
monde. Avancer cela, c’est ignorer l’histoire de la Chine, sa civilisation. Le
ministre l’affirme, l’agression n’a jamais été dans les gènes des Chinois.
Longtemps un des pays les plus puissants du monde, l’empire du Milieu n’a
jamais cherché ni l’expansion, ni l’hégémonie. Sous la dynastie des Ming par
exemple, il y a près de 600 ans, à la tête de la flotte la plus puissante et la
plus avancée de l’époque, le grand navigateur chinois Zheng He a effectué sept
expéditions maritimes pour atteindre les côtes de plus de 30 pays asiatiques et africains. Ce que
ces voyages ont apporté, ce sont des échanges de
cultures et de technologies. Ce qu’ils ont laissé derrière eux, ce sont la paix
et l’amitié. Dans l’esprit chinois, la primauté de la paix et l’harmonie de la
diversité sont des idéaux. Aider les autres à réussir tout en réussissant
soi-même et mettre le bien au-dessus de tout sont les principes de toujours. Le
bon voisinage et la concorde entre nations sont des causes constantes.
La voie du socialisme chinois se
maintient depuis la fondation de la Chine Nouvelle en 1949, et plus encore
depuis le lancement de la réforme d’ouverture sur l’extérieur qui remonte à
quatre décennies. Dès lors, le pays a accompli des progrès fulgurants. Il est
passé de pauvre et faible à deuxième économie du monde, de démuni à puissance
manufacturière. De semi-colonial, victime d’humiliations et d’invasions, la
Chine s’est transformée en influenceur planétaire, membre permanent du Conseil
de sécurité. En 70 ans, plus de 850 millions de Chinois sont sortis de la
pauvreté. L’espérance de vie est passée de 35 à 77 ans. Près de 1,4 milliard
de Chinois, autrefois en situation précaire,
se trouvent maintenant à
l’abri des besoins élémentaires et souhaitent une vie raisonnablement
prospère.
Wang Yi et Thierry de Montbrial
La politique étrangère de la chine
La République populaire a inscrit dans sa Constitution
son engagement au maintien de la paix dans le monde, premier pays à avoir pris un tel engagement. Le ministre
souligne que ces derniers 70 ans, la Chine n’a jamais provoqué une seule
guerre, ni aucun conflit. Elle n’a jamais conquis un pouce de terre à
l’étranger. Son armée, forte de 4 millions de soldats, a œuvré aux processus
internationaux, de contrôle des armements, de désarmement et de
non-prolifération tels que le TNP. Les Chinois sont également les deuxièmes
contributeurs financiers de l’ONU et de ses opérations de maintien de la paix.
Ils sont encore les premiers pourvoyeurs de casques bleus parmi les membres
permanents du Conseil de sécurité. Ils ont participé au règlement de presque
tous les dossiers d’actualité régionaux et internationaux. La République
populaire défend l’ordre global et veut stabiliser la gouvernance du monde.
Elle a adhéré à presque toutes les organisations intergouvernementales à
vocation universelle, et à plus de 500 conventions
internationales. Elle souhaite fermement préserver le système centré sur l’ONU,
l’ordre mondial, le commerce multilatéral et notamment l’OMC.
Par ailleurs, la Chine promeut la mondialisation. Selon
Wang Yi, son pays est aujourd’hui bien plus ouvert. En 2019, le niveau de
taxation douanière globale chinois est descendu à 7,5 %, le rendant
inférieur à celui de la grande majorité des autres États. Il continuera à
baisser dans l’avenir.
Les nouvelles routes de la soie ont généré plus de 7 800 milliards de dollars
d’échanges et plus de 110 milliards de dollars d’investissements. Durant
le premier semestre de cette année, malgré la Covid-19, l’investissement
chinois dans les pays partenaires a augmenté de 19,4 % en glissement annuel.
Économie particulièrement dynamique, la Chine contribue pour plus de 30 % à la
croissance mondiale depuis plus de dix années consécutives. Selon le FMI, malgré
le coronavirus, la Chine sera parmi les quelques pays qui parviendront à
enregistrer une croissance en 2020. 89 % des
entreprises européennes n’envisagent d’ailleurs pas d’en délocaliser leurs
chaînes industrielles.
Autre point, en raison de la pandémie, le pays a mené la
plus grande opération humanitaire d’urgence à l’échelle planétaire de son
histoire. Il a déployé des aides d’urgence médicale dans près de 150 pays et
organisations internationales, envoyé 33 équipes médicales dans 31 pays. Les
faits et les chiffres sont clairs pour le conseiller. La voie choisie par les
Chinois est celle de la paix et du développement partagé.
L’empire du Milieu progresse pacifiquement, il ne veut
pas exporter son modèle, ni mener une guerre idéologique. Chaque peuple est
libre de définir son propre système. Différente de l’Union soviétique d’autrefois,
ou des États-Unis d’aujourd’hui,
il ne prétend ni à l’hégémonie, ni à l’expansionnisme. Il privilégie les
partenariats, et refuse les confrontations. Pour le ministre des Affaires
étrangères : « La Chine poursuivra fermement la voie du
développement basée sur l’ouverture. La porte de la Chine ne se refermera pas.
Elle s’ouvrira toujours plus grand. Le pays œuvrera à bâtir une économie
ouverte, sûre et performante, avec des tarifs douaniers faibles, des listes négatives courtes, un accès au marché plus facile, des règles
transparentes et un cadre d’affaires attrayant. La Chine ira dans cette voie et
dans celle de la coopération. » Le
développement doit être mutuellement avantageux, inclusif, sans intention de s’emparer des
ressources de ses partenaires. Il s’oppose à la logique du jeu à somme nulle, selon laquelle celui qui gagne prend tout.
La crise du coronavirus a plongé l’économie mondiale dans
une régression profonde : chômage,
faillites, rupture des chaînes économiques, etc. Wang Yi estime que, dans ce
contexte, l’humanité se voit obligée de faire un choix entre le progrès et la
régression, entre l’unité et la division, entre l’ouverture et le repli sur soi.
La gouvernance mondiale
Actuellement, les relations entre la Chine et les
États-Unis traversent une phase sévère. Les causes profondes, note le
conseiller, sont des considérations égoïstes et un courant politique américain
qui dépeint la Chine comme son adversaire. Les Américains provoquent, selon
lui, délibérément la confrontation et forcent publiquement les autres pays à
prendre parti, entraînant ainsi le monde entier dans le chaos, la division.
En réaction, la Chine et l’Europe sont appelées à adopter
une attitude sensée et à tenir compte des intérêts de leurs populations pour
s’opposer au mouvement populiste, haineux et vindicatif. Pour les Chinois, il
ne faut pas tomber dans une nouvelle guerre froide. La bonne attitude est faite
de solidarité, de progrès, de développement pacifique et non de division, de
régression, de conflit.
C’est pourquoi le multilatéralisme doit l’emporter sur
l’unilatéralisme et l’intimidation. La politique du plus fort ne doit pas
spolier le dialogue, la coopération et le partage. La Chine et l’Europe ont
intérêt à maintenir le système multilatéral qui préserve l’équité, la justice
et l’ordre international.
Les changements climatiques, la cybersécurité, le
terrorisme et la criminalité transnationale, tous les défis contemporains qui
menacent le monde, appellent des réponses collectives. Ensemble, la Chine et
l’Europe doivent agir pour le renforcement de la gouvernance mondiale,
consolider le système centré sur l’ONU, soutenir l’OMS et les autres organes
internationaux, s’opposer à la logique de destruction des accords reposant sur
des considérations égoïstes.
La Chine et l’Europe ont plus de points de coopération
que de concurrence, plus de convergences que de divergences. Globalement, elles
s’apparentent plus à des partenaires stratégiques qu’à des rivales systémiques.
Elles peuvent dialoguer d’égal à égal, en confiance, obtenir des résultats
profitables à chacune, gérer leurs divergences par des échanges constructifs,
et renforcer leurs liens. D’après le président Xi Jinping, « la Chine et l’Europe sont deux forces
importantes, deux marchés prometteurs, deux civilisations brillantes. Ce
qu’elles préconisent, ce qu’elles combattent, ce qu’elles font ensemble revêt
une portée mondiale. La Chine attache depuis toujours une grande importance à
la place de l’UE et la soutient dans ses efforts pour jouer un plus grand rôle
dans les affaires internationales. En ce moment crucial de lutte collective
contre la Covid-19, et pour le redressement, nous devons renforcer la
solidarité et la coopération, relancer rapidement le dialogue sur tous les
plans et jouer pleinement notre rôle de double moteur pour injecter une forte
impulsion. »
Le monde est instable, incertain, notamment en raison de
la seule superpuissance qui ne cesse de se retirer des accords internationaux,
observe le conseiller. Cela risque de déstabiliser la perception des autres
pays. Dans un tel contexte, la Chine et l’Europe ont la nécessité de renforcer
leur partenariat, avec l’accord d’investissements Chine-Europe par exemple. Il
pourrait se conclure avant la fin de l’année. C’est plus que jamais le moment
de faire un pas l’un vers l’autre, insiste le ministre. De plus, il nous
appartient de faire avancer la lutte contre le changement climatique. Les États-Unis se sont retirés
de l’accord de Paris mais pas la Chine, malgré les pressions et les
contraintes. La politique nationale verte, bas carbone et durable s’applique
désormais. « Les montagnes verdoyantes et
les eaux limpides c’est de la richesse » a énoncé le président. Ce concept
admis par tous les Chinois tient lieu de principe directeur d’action. La Chine
a réalisé en avance les objectifs fixés en termes de réductions de ses
émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2020. Dans le mix énergétique
chinois, la part des énergies renouvelables a gagné 15 %, et l’électricité
produite par les énergies renouvelables en Chine représentent un tiers de
toutes celles produites à la surface de la planète. De même, le parc des véhicules électriques
représentent la moitié du parc mondial des véhicules à énergies renouvelables.
Le pays a également reboisé un espace qui représente plus d’un quart de
l’espace vert nouvellement créé depuis l’an 2000 sur terre.
Chine intérieure
Wang Yi n’a aucune hésitation, les droits de l’homme ont
considérablement progressé en Chine. « Si
non comment expliquer que près de 90 % de la population exprime son soutien au gouvernement chinois ?
»
S’agissant du Xinjiang et de Hong Kong, le ministre précise que leur gestion
relève des affaires intérieures de l
a Chine. « Jamais la Chine ne commente les affaires intérieures d’un autre pays
et de la même manière, nous souhaitons que les autres pays ne s’ingèrent pas
dans les affaires chinoises. J’espère que les autres pays vont faire confiance
à la Chine, en sa capacité de bien gérer ses questions. Je me contenterai de
vous citer des faits et des chiffres pour expliquer ma position. »
À Hong Kong, depuis le second semestre de l’année
dernière, des désordres étaient apparus dans la société. Le parlement, des
parlementaires ont été attaqués. Des habitants ont été blessés. Le métro a été
paralysé. Ces mouvements compromettaient la prospérité et le fonctionnement de
la société hongkongaise. Pourquoi ce phénomène ? Parce que localement, il n’y
avait pas de loi sur la sécurité nationale. Or, la sécurité nationale relève de
l’autorité centrale d’un pays. Comme en France, ou ailleurs, le gouvernement
central a le devoir d’élaborer la loi sur la sécurité nationale. Ce qui a été
fait pour combler ce vide juridique à Hong Kong. À partir du 1er juillet, suite
à l’entrée en vigueur de cette loi, les sondages montrent que près de 80 % de
la population sur place se sent plus en sécurité. 70 % de la population
soutient l’application de cette loi. Son tout premier article pose qu’il faut
appliquer le principe un pays/deux systèmes. De plus, la loi stipule qu’il faut
protéger et garantir les droits de l’homme de la population hongkongaise, y
compris tous les droits prévus par le pacte international sur les droits civils
et économiques. La loi garantit également le haut degré d’autonomie de l’île.
Le texte offre enfin un meilleur cadre juridique aux ressortissants et aux
entreprises étrangères installées.
Le Xinjiang est la seule région chinoise immédiatement
voisine de l’Afghanistan, pays particulièrement instable. Cette zone servait de
corridor d’entrée aux éléments terroristes en Chine. Dans le passé, quantité
d’attentats terroristes ont provoqué d’importantes pertes humaines, y compris
parmi les habitants ouïghours. Face à ces agressions, le gouvernement chinois a
assumé sa responsabilité de protéger sa population. Il a opté pour des moyens
d’éducation visant à déradicaliser les individus sous influence. Des centres de
déradicalisation ont été mis en place, comme il en existe en France aussi, ou
comme il existe des centres de correction aux États-Unis ou en Arabie Saoudite.
Au Xinjiang, dans ce processus, l’autorité a veillé à garantir les droits des
personnes. Toutes les personnes admises dans ces centres ont fini leur
formation. Elles ont acquis une compétence professionnelle et trouvé un
travail. Elles se sont intégrées à la société. Depuis près de quatre ans, il
n’y a plus aucun attentat terroriste au Xinjiang.
Certains parlent d’ethnocide au Xinjiang. Le ministre est
catégorique, il s’agit d’une affirmation purement malveillante contre la Chine.
En l’espace de quarante ans, la population ouïghour au Xinjiang est passée de
5,5 millions à 11 millions. Où se cache le soi-disant ethnocide, sachant que la
proportion de la population ouïghour est beaucoup plus importante que celle des
autres ethnies ?
D’autres affirment qu’il n’y a pas de liberté de croyance
sur ce territoire. On y dénombre pourtant plus de 24 000 mosquées, soit
une pour 530 ouïghours musulmans. Ce ratio dépasse largement celui de la
plupart des pays musulmans ! Ce sont les faits.
À ceux qui disent : «
non, je n’y crois pas », Wang Yi répond : « Soyez les bienvenus au Xinjiang pour découvrir de vos propres yeux ».
Jusqu’à aujourd’hui, plus d’un millier de sceptiques sont allés visiter la
région. Tous ont découvert un endroit totalement différent de celui décrit par
la rumeur et la presse à sensation.
La Chine et ses voisins
L’Asie de l’Est, forte d’économies émergentes
importantes, augure un avenir intéressant.
La Chine, l’Inde et le Japon sont des pays voisins. La politique affichée par
la République populaire est celle de
l’amitié. Ces trois civilisations, anciennes, échangent ensemble depuis plusieurs milliers d’années
déjà. Les Chinois nouent leurs relations avec leurs voisins sans oublier
l’angle historique.
Cette année marque le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les
relations sino-japonaises, riches des enseignements du passé, avancent
aujourd’hui vers une amélioration.
Avec l’Inde, la frontière sino-indienne est un point de
litige. Le président Xi Jinping et le Premier ministre Narendra Modi tentent de
régler la question par le dialogue. Pour eux, la coopération entre les deux
pays dépasse les désaccords.
Il convient d’octroyer à ce problème une position
appropriée dans les relations bilatérales. La population indienne (1,3 milliard
d’habitants) approche celle de la Chine et les deux économies sont très
complémentaires. Elles doivent créer le meilleur des environnements de
développement pour quelque 2,7 milliards de personnes.
Wang Yi
Concernant la Corée du Nord, la Chine souhaite que la
question nucléaire se règle par le dialogue et la négociation. La Chine
préconise une voie duale. D’une part, il faut dénucléariser la péninsule, et,
d’autre part, mettre en place un mécanisme de paix. Les deux éléments de la
solution sont complémentaires. Le mécanisme de paix anéantira les
préoccupations sécuritaires de la Corée du Nord qui acceptera dès lors de
procéder à la dénucléarisation de son sol. Dans ce but, la Chine propose un
échéancier progressif. Le premier pas est essentiel dans le processus. Il faut
que ce soit un dialogue entre les États-Unis et la RPDC. La Chine et la Corée
du Nord se sont réunies à Singapour et ont fait une déclaration qui formule
quatre consensus dont deux sont majeurs : la dénucléarisation et le
mécanisme de paix. Il s’agit de la position de la Chine mais de surcroît de
l’attente de toute la communauté internationale. Malheureusement, après
Singapour, la RPDC et les USA ne se sont pas entendus sur une feuille de route.
Chacun doit concéder des efforts pour que ce dialogue continue. La Chine
soutient le processus, mais nous devons tous jouer notre rôle pour un monde
sans arme nucléaire, conclut Wang Yi.
Le sens de l’histoire
Tous les pays sont membres égaux de la communauté
internationale et tous ont le droit au progrès. Les États-Unis se sont
développés plus vite que les autres, soit. Mais les autres nations ont
également le droit d’évoluer, remarque le conseiller. Le peuple chinois compte
lui aussi sur une vie heureuse. Les économies émergentes, en déploiement, les
pays africains, de la même manière, espèrent une meilleure situation. Cela
paraît juste et raisonnable.
Dans ce but, les relations internationales doivent rester
démocratiques. Un monde sain ne dépend pas de la volonté d’un ou deux pays. Ce
n’est pas ce que prévoit la charte des Nations unies et tous les pays doivent
jouir d’une égale souveraineté. La Chine espère que les États-Unis, première puissance
mondiale, adopteront une attitude plus inclusive et plus tolérante à l’égard
des autres nations. Tout peuple, comme le peuple américain, a droit à une vie
moins dure. Si 7 milliards d’humains
accèdent à une vie plus facile, c’est l’humanité qui progresse. Bien que les
États-Unis ne renoncent pas à leur primauté, Wang Yi en est convaincu, le jour
viendra où chaque individu bénéficiera d’un développement équitable.
À propos des relations sino-américaines, trois points
fondamentaux : « Premièrement, la
divergence entre la Chine et les États-Unis n’est pas une lutte de pouvoir, une
lutte pour une place ni une divergence entre deux systèmes de société
différents. C’est le multilatéralisme contre l’unilatéralisme et c’est la coopération gagnant-gagnant contre le jeu à
somme nulle. Jusqu’à présent, les États-Unis se sont mis du mauvais côté de
l’histoire. L’histoire nous donnera raison. Deuxièmement, il ne reste dans la
diplomatie américaine que des pratiques de sanctions unilatérales ou des
accusations, des dénigrements. Face à leurs accusations infondées contre la
Chine, la Chine a la responsabilité, la nécessité d’éclaircir les faits et de
répondre. C’est notre droit en tant que pays souverain et indépendant. En
faisant cela, nous défendons non seulement des intérêts nationaux et la dignité
la Chine mais aussi les règles f ondamentales
régissant les relations internationales. Troisièmement la porte du dialogue
entre la Chine et les États-Unis reste toujours ouverte. Nous sommes prêts à
tout moment à engager un dialogue franc et approfondi avec les États-Unis. Si
nous pouvons avoir des discussions sérieuses, nous pouvons aboutir à des
résultats positifs. Il y a des Américains raisonnables. Nous serons heureux de
voir la France et l’Europe jouer un rôle constructif dans l’amélioration des
relations entre la Chine et les États-Unis. Nous saluons l’autonomie
stratégique de l’Europe. Cela permet d’injecter plus de stabilité à ce monde
instable et sur ce point-là, la Chine, la France et l’Europe sont bien du même
côté. »
C2M