À l’occasion des élections régionales 2021, la CCI Paris
Île-de-France a publié un livre blanc intitulé L’Île-de-France,
territoire de tous les possibles afin d’attirer l’attention des
candidats sur les préoccupations et attentes principales des Franciliens,
notamment concernant la gestion des conséquences de la crise sanitaire. Dans ce
livre qui réunit « des pistes
prospectives et réalistes » de la CCI Paris
Île-de-France, tous les champs économiques sont abordés : emploi,
logement, déplacements et transports, aménagement du territoire, filières
stratégiques, tourisme… Nous revenons ci-dessous sur les principales
recommandations de l’institution.
La
mandature qui s’ouvrira au terme des élections régionales, qui se tiendront
dans quelques semaines (20 et 27 juin), sera décisive pour l’avenir de la
région.
Sur
2 % du territoire français, l’Île-de-France représente 23 % des emplois, 18 %
de la population, et génère 31 % de la richesse nationale. Les enjeux sont donc
forts et le candidat ou la candidate qui gagnera les élections devra relever de
nombreux défis pour répondre aux attentes de ceux qui y habitent et/ou y
travaillent. Les nouveaux arrivants à la tête de la région devront notamment
gérer les conséquences de la crise sanitaire sans précédent que traverse le
pays, et impulser la relance qui maintiendra l’Île-de-France en haut des
métropoles mondiales.
Partenaire
naturel de la région, la CCI Paris Île-de-France a fait paraître le 21 mai un
livre blanc dans lequel elle formule des pistes « prospectives et réalistes », selon elle, pour une région
durablement compétitive, toujours plus attractive et pionnière de la mobilité.
« Nous sommes pour un développement
économique responsable » a déclaré Didier Kling, président de la CCI Paris
Île-de-France le 1er juin lors d’une conférence-débat organisée avec
les principaux candidats à la CCI Paris Île-de-France.
Pendant
la crise, la CCI Paris Île-de-France s’est « mobilisée sans compter », a-t-il
rappelé en introduction du livre blanc, via la mise en place, par exemple, d’un
dispositif de soutien « CCI urgence
entreprises » et le développement d’outils comme « J’aime mes commerces à domicile » ou « CCI entraide Île-de-France » pour défendre les achats de
proximité.
Dans
ce livre blanc, la CCI rassemble plus particulièrement les attentes et
préoccupations majeures des entreprises franciliennes, des chefs d’entreprise
et des travailleurs.
Emploi,
logement, déplacements et transports, aménagement du territoire, filières
stratégiques, tourisme… tous les thèmes sont passés au crible dans cet ouvrage.
UNE RÉGION DURABLEMENT
COMPÉTITIVE
Pour la CCI
Paris l’Île-de-France, le plus important à l’heure actuelle est de relancer la
croissance.
Relancer la
croissance
À cause de la crise
sanitaire, les entreprises ont été en grande souffrance et principalement les
cafés, les restaurants, les hôtels, l’évènementiel, le tourisme…
« L’élan entrepreneurial ne demande qu’à
repartir, mais des signes forts sont attendus de la région » indiquent les
rédacteurs du livre blanc. Les entrepreneurs attendent notamment des aides
régionales « en complément des mesures
nationales ».
Parmi
ces aides le « chèque numérique » serait bénéfique pour permettre aux
entreprises de s’adapter aux nouveaux modes de consommation et comportements de
la clientèle.
À
ce sujet, pour aider les entreprises à s’y retrouver dans « les arcanes publics », la CCI Paris Île-de-France préconise la
mise en place de guichets afin que les entreprises appréhendent facilement les
compétences et les aides de la région et des autres collectivités.
La
relance de la croissance nécessite également des investissements durables sur
les secteurs d’avenir, comme cela figure dans les trajectoires de l’Accord de
relance État-Région.
Pour la CCI
Paris l’Île-de-France, « cela garantira la construction de nouvelles
filières industrielles dans les territoires, associant collectivités et
entreprises, autour des enjeux incontournables de l’économie circulaire, des smartgrids
et des énergies alternatives ».
Mais cette
stratégie de ré-industrialisation ne réussira que si elle intègre des enjeux
comme l’insertion des PME industrielles au sein des écosystèmes territoriaux
d’innovation autour des pôles de compétitivité ; la montée en compétence
des salariés ; l’accroissement de l’attractivité des métiers industriels,
notamment auprès des jeunes…
Pour les
rédacteurs du livre blanc, il est également urgent de vraiment valoriser
l’apprentissage et de poursuivre le soutien à la
formation professionnelle infra et post bac.
La
conservation du statut de « stagiaire de
la formation professionnelle » est également primordiale pour les
entreprises, ainsi que l’instauration d’un dialogue à l’échelle des bassins
d’emploi pour identifier finement les besoins des entreprises.
Enfin,
alors qu’il existe 150 hectares de foncier public mobilisables en l’Île-de-France, la C CI Île-de-France préconise de faciliter l’accès et le
recyclage du foncier afin d’en préserver la vocation économique.
UNE RÉGION TOUJOURS PLUS
ATTRACTIVE
Deuxième objectif pour la CCI Paris
Île-de-France : renforcer les atouts de la région. Cela passe tout d’abord par
le développement des filières stratégiques. Le 14 décembre 2020, la région
avait lancé #Leader, une nouvelle stratégie pour la croissance, l’emploi et
l’innovation en Île-de-France. Cette stratégie a été très utile aux entreprises
pendant la crise. La CCI souhaite que les efforts se poursuivent après les
élections régionales.
« Cela implique
l’intensification des synergies formation / enseignement / R&D. (…) De la
complémentarité des dynamiques territoriales naîtra l’attractivité régionale »
précise la CCI.
Cela implique aussi que toutes les filières de
développement stratégique de la région (santé, aérospatial, automobile, ville
durable, etc.) bénéficient d’un dispositif de guichet unique, indique le livre
blanc.
Bref, l’objectif est la mise en place d’un climat favorable
aux affaires. D’où la promotion de la Région en tant que place forte financière
(cf. ParisEuroplace). La sécurité juridique est également un des facteurs-clefs
entrant en considération lors des décisions de localisation (cf. Paris Place de
Droit).
Pour les rédacteurs du livre blanc, outre les affaires, le
tourisme est un secteur que les futurs responsables de région devront soutenir.
« Le secteur
touristique, de par son poids et son imbrication étroite avec nombre d’activités
connexes ou indirectes, a un impact majeur sur la puissance économique et
financière francilienne. Il a un effet cascade sur presque tous les domaines
d’activité, ayant in fine une contribution importante dans le PIB francilien »
estiment-ils.
Le tourisme a malheureusement été touché de plein fouet pendant la crise.
En 2019, la France était pourtant le leader mondial du tourisme d’affaires et
d’agrément…
Certes les touristes vont bientôt revenir, mais du fait de la crise
sanitaire, les professionnels du tourisme devront s’adapter aux changements de
comportements et d’usages des nouveaux venus.
La CCI propose pour cela de :
• pérenniser l’accompagnement des
professionnels du tourisme et du commerce ;
• promouvoir pour les trois
années à venir le tourisme local par un plan de communication collectif
associant État, collectivités territoriales, fédérations professionnelles,
réseaux consulaires…
• organiser
ensemble la reconquête post-Covid des clientèles internationales ;
• accélérer
le virage numérique de la filière tourisme en augmentant le montant des aides
et dispositifs d’accompagnement des TPE / PME ;
• créer un fonds pour
soutenir la participation des entreprises françaises aux rencontres d’affaires.
Relancer la
production de logements
Pour rendre la région francilienne plus attractive, il convient également
de relancer le secteur du bâtiment
et de l’immobilier en levant les freins qui font obstacle.
« Les villes seront
attractives si la production de logement s’accélère. C’est un impératif
économique qui passe par l’inscription
d’objectifs précis dans les documents d’aménagement et d’urbanisme régionaux et
locaux. Soyons ambitieux, visons 10 000
unités de logement intermédiaire par an [le logement intermédiaire est un
levier majeur pour attirer et fidéliser les talents, travailleurs-clefs et
étudiants. NDLR] et soyons
en prise avec la réduction du rythme d’artificialisation des sols et la
nouvelle offre de transports » préconise notamment la CCI Paris Île-de-France.
La crise ayant changé la vision de l’urbanisme et les
attentes des Français, les villes seront accueillantes grâce à une nouvelle
conception des logements (espaces extérieurs, balcons), l’amélioration de la
qualité de vie, la mixité des immeubles et
leur réversibilité.
À ce sujet, le futur Schéma
directeur de la région Île-de-France (SDRIF) devra être responsable, ambitieux
et exemplaire. Il devra garantir la mixité des fonctions urbaines entre
habitat, bureaux, commerce, activités productives, logistiques, etc., et
l’équilibre entre les différents bassins dont les dynamiques territoriales
concourent à l’attractivité régionale.
Le SDRIF devra également permettre le développement des circuits courts
pour rapprocher les habitants et les entreprises de leur terroir et veiller à
une répartition pertinente des équipements commerciaux et leur logistique selon
les besoins des populations et des territoires.
UNE RÉGION PIONNIÈRE DE LA
MOBILITÉ
Selon la CCI Paris Île-de-France, « habitants, salariés, entreprises, tous attendent une nette amélioration
des conditions de mobilité intermodale et durable ». Les conditions de
transports ne sont en effet pas toujours convenables.
Les projets avancent cependant, et notamment le Grand Paris
Express qui « comporte des enjeux
sociaux, économiques et environnementaux ».
Par exemple, l’aménagement du Grand Roissy-Le Bourget
constitue une opportunité de retombées socio-économiques, de même que l’accès
au parc des expositions de Paris Nord Villepinte, fleuron du tourisme
d’affaires national, et enfin la réalisation de la ligne 18 (prévue dans le
GPE) est l’une des conditions de réussite du projet Paris-Saclay, territoire
stratégique de développement régional et cluster d’envergure mondiale.
Concernant le financement des transports dans la région, la
CCI de Paris souhaite rééquilibrer la contribution des entreprises.
En effet, en quelques décennies, les entreprises sont
devenues les principales contributrices du financement des transports de la
région. Leur engagement en 2019 a été de 6,5 milliards d’euros. S’il n’est pas question de remettre en cause cette
contribution dans son principe, le triptyque des contributeurs (entreprises,
collectivités, voyageurs) doit être ajusté, estime le livre blanc.
Enfin, pour ses rédacteurs, il est grand temps de promouvoir les mobilités
douces, une préoccupation de premier plan pour les entreprises aux fortes
répercussions sociales, environnementales et territoriales.
La CCI Paris Île-de-France formule à cette fin six
grands vœux :
• un
réseau cyclable à vocation utilitaire, sécurisé, cohérent connectant pôles
d’activités avec zones résidentielles ;
• un réseau cyclable adapté
aux zones de desserte et au volume de trafic motorisé ;
• des aménagements en accord
avec l’offre commerciale de proximité et les comportements à la mobilité achat ;
• un parc de stationnement
de bonne capacité et protégé ;
• un partage modal équilibré
de la voirie avec les transports en commun ;
• une intermodalité à
l’échelle régionale.
Enfin, le télétravail et les aspirations des travailleurs à des modes
hybrides de travail nécessitent la poursuite de la politique de développement
d’espaces de travail partagé à l’échelle des grands pôles d’échanges
intermodaux comme en périphérie.
En outre, le développement du e-commerce et le retour des commerces de
proximité modifient profondément la logique d’acheminement des marchandises.
Or, les professionnels éprouvent des difficultés pour assurer leurs
missions.
Il convient donc selon la
CCI Paris Île-de-France de :
• fluidifier
les conditions de circulation et de stationnement pour les professionnels,
notamment avec l’harmonisation et la simplification des règlements de voirie à
l’échelle métropolitaine ;
• réunir les conditions pour
accompagner les entreprises vers des véhicules
propres (notamment l’accès aux aides publiques destinées à amortir le surcoût
lié à l’acquisition de ces véhicules à faible niveau d’émissions).
Il conviendrait aussi de développer le réseau de bornes et de stations
d’avitaillement en énergies alternatives et pousser le recours aux mobilités
partagées en intégrant systématiquement les solutions du réseau Pro’Mobilité au service MaaS de la Région.
« Quel sera le visage
de l’Île-de-France demain ? À n’en pas douter celui d’un territoire au
rayonnement durable, car son dynamisme s’enracine dans l’alliance d’une
histoire multiséculaire et d’une capacité novatrice sans cesse renouvelée »
est convaincu Didier Kling. L’avenir nous le dira.
Maria-Angélica Bailly