À quoi la
ville du futur ressemblera-t-elle ? Connexion, digitalisation, écologie,
gestion des flux… les défis des territoires de demain sont multiples. La
technologie apparaîtrait-elle ainsi comme une solution pour répondre à ces
problématiques et optimiser la ville du futur qui s’annonce de plus en plus
dense ? La mutation est déjà en marche, et les innovations ont ainsi commencé à
pénétrer l’espace urbain, notamment en France. Tour d’horizon des nouvelles
technologies d’aujourd’hui, qui feront les métropoles de demain.
Les métropoles – devenant mégalopoles –
poursuivent leur mutation. « Alors qu'une très large majorité de la
population vit et vivra en ville, penser l'avenir du développement
urbain est obligatoire », assure le site Futura Planète. En réponse,
la smart city, au marché estimé à 400 milliards de dollars par an, apparaît
comme la solution. Selon la définition de la CNIL (Commission nationale
informatique et libertés), la ville intelligente, « est un nouveau concept de
développement urbain » qui vise à « améliorer la qualité de vie des citadins
en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles
technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services ».
Face à la croissance démographique urbaine, la ville de demain devra
répondre à de nombreux défis : « Fluidifier les déplacements, développer de nouveaux
modes de transports, optimiser les flux d’eau et de déchets, concevoir des bâtiments
évolutifs, développer les énergies renouvelables et les réseaux intelligents, etc.
», énumère Bpifrance. Aussi, les innovations technologiques, « souvent basées
sur l’utilisation du numérique et des données », précise la Banque des Territoires,
se placent en bonne position pour répondre à ces problématiques, avec pour principal
défi d’assurer aux habitants, toujours plus nombreux, une qualité de vie, en
combinant, à long terme, technologie et écologie.
LA SMART CITY DÉJÀ EFFECTIVE : LA
PROBLÉMATIQUE ÉCOLOGIQUE EN TÊTE
Parmi les nombreux défis que la ville de demain
se prépare déjà à relever, l’écologie apparaît inévitablement comme l’un des enjeux
majeurs. « Actuellement, les villes occupent 2 % de la surface terrestre et
produisent 80 % des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif des villes,
des métropoles et des territoires est d’accompagner cet enjeu sociétal, politique
et environnemental », affirme Philippe Dumont, directeur en charge des
Partenaires & Ville Intelligente chez Cisco France.
Façades végétalisées, agriculture urbaine,
borne de recharge électrique, utilisation de biomatériaux… l’espace urbain est
amené à se transformer. Basée sur les stratégies d'innovation urbaine, la smart
city « doit être appréhendée comme un processus, une démarche, et non
pas comme une finalité », explique alors la Banque des Territoires. Visant
à réduire leur empreinte carbone, les cités ont donc déjà entamé leur mutation.
À Lille, par exemple, le projet Luciole (Lumière
Citadine Optimisée pour L'Environnement) « a pour objectif de restaurer la biodiversité
du parc de la Citadelle, tout en améliorant la qualité de son éclairage pour
les usagers », explique la Ville. Allumage par détection de mouvement, éclairage
limitant fortement la pollution lumineuse, mis en veilleuse ou extinction au bout
de vingt secondes, ce système d’éclairage mis en service en 2017 s’adapte, afin
de limiter la consommation d’énergie et préserve l'habitat naturel des animaux nocturnes.
La Ville n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en en 2011, elle s’est dotée de
SunRise, un campus installé sur l'Université de Lille I composé de près de 150 bâtiments
et équipé d’un réseau d’eau, d’assainissement et de chauffage capables de se
réguler, et de transmettre des alertes en cas de panne (20 à 30 % d’économies
sur la consommation finale). Les transports en commun sont eux aussi concernés par
ces transformations technologiques. Ainsi, au Havre, un tramway dit « intelligent
» basé sur des technologies innovantes ESS (Energy Storage System) récupère
l’énergie générée lors du freinage, afin de baisser la facture énergétique, une
première en France, et ce depuis 2012. « En 2014, les modules ont permis de récupérer
120 000 kWh, soit une économie de 8 à 15 % par sous-station électrique équipée »
assure Mobility (Vinci) à qui l’on doit cette innovation.
Autre secteur : le tri des déchets, avec l’exemple
de l’éco-quartier de Clichy-Batignolles (Île-de-France) et son réseau pneumatique
souterrain : « chaque habitant place son déchet dans le conteneur correspondant,
dans la rue ou au niveau de chaque immeuble, et le déchet est envoyé, directement,
au centre de tri le plus proche par des tuyaux souterrains », explique le
site les-smartgrids.fr
De son côté, la capitale française n’est pas
en reste. Le Plan Climat de Paris ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet
de serre de la ville de 75 % d’ici 2050. Résultat : « à Paris, 10 % du territoire
est en renouvellement urbain » assure l’Agence parisienne du climat. La capitale
a ainsi déjà entamé sa transformation : la plus grande ferme urbaine du monde, une
exploitation de 14 000 m2 surplombe déjà le parc des expositions, porte de
Versailles ; le projet « Mille Arbres » devrait voir le jour, en 2022,
Porte-maillot, et en 2024, un grand jardin devrait relier le Trocadéro à la
tour Eiffel. Autre exemple, en 2017, l’agence Nouvelle AOM a été désignée
lauréate du concours lancé par les copropriétaires de l’immeuble parisien.
D’ici à 2024, la tour Montparnasse promet ainsi de devenir plus transparente,
végétalisée, et moins énergivore.
Parmi les projets les plus utopiques du futur,
citons le « Paris Smart City 2050 ». Extrapolant l’idée de la réduction des
émissions de gaz à effet de serre de la ville, l’architecte belge Vincent
Callebaut et le cabinet d’ingénieurs Setec bâtiment ont répondu à une demande d’étude
de l’Agence de l’écologie urbaine de la ville de Paris, et ont ainsi donné à
voir, au travers de l’étude réalisée en 2014, un Paris futuriste et végétalisé.
Un projet d’anticipation où le végétal côtoie les constructions les plus
futuristes et les immeubles haussmanniens.
D’autres villes françaises, comme Lyon,
classée première ville intelligente de France et 10e d’Europe par le Parlement
européen en 2015, Nantes, ou encore Montpellier et son EcoCité, s’inscrivent
assurément dans cette dynamique.
LA DATA DANS TOUS SES ÉTATS
La donnée serait-elle l’or noir du 21e siècle
? À n’en pas douter, Cisco, leader mondial de la transformation numérique,
entend apporter dès aujourd’hui les solutions qui permetteront de créer la
ville de demain. La data pourrait dans ce cadre, ouvrir de nombreuses
perspectives aux collectivités : « Les infrastructures numériques permettent
de valoriser la donnée afin de développer de multiples usages au service des
citoyens », assure Françoise Derolez Marketing Manager – Smart Cities &
IoT chez Cisco France. L’enseigne a ainsi développé Cisco Kinetic, une
plateforme qui permet de développer des services aux citoyens, en s’adaptant
aux problématiques de la ville concernée. Le déplacement, par exemple, est une
problématique majeure.
À Paris, 20 % des conducteurs qui circulent
cherchent une place de stationnement, et les embouteillages ont augmenté de 26 %
en quatre ans. En réponse, la commune d’Issy-les-Moulineaux teste actuellement So
Mobility, un outil qui vise à fluidifier les déplacements en ville grâce au
développement du numérique, mais aussi à réduire les embouteillages et la
pollution atmosphérique. Une application informe alors en temps réel les conducteurs
sur le trafic, et peut aussi les orienter vers les places de stationnement libres,
en s’appuyant notamment sur le portail open data de la ville
d'Issy-les-Moulineaux, data. issy.com, sur le portail européen Open Transport
Net, sur le portail du Département et sur le portail d’Île-de-France Mobilités.
La ville se montre en outre ouverte pour éventuellement tester le concept de véhicule
sans chauffeur, individuel ou collectif, pour montrer son insertion possible
sur un trajet domicile-travail.
À Dijon comme à Lyon, la ville se veut aussi «
intelligente et connectée ». OnDijon, métropole d’une nouvelle ère, est
déjà en marche. Le 11 avril 2019, le premier chantier innovant a été inauguré.
Il permet la gestion centralisée de l'espace public et de l'ensemble des
équipements urbains connectés des 24 communes composant le territoire : feux de
circulation, éclairage, vidéo-protection, services de voirie… le tout piloté
depuis un seul poste de commandement. « Cette solution technologique permet de
moderniser et d'améliorer l'efficacité de l'action publique, de développer
l'économie numérique sur le territoire et d'accroître son attractivité »,
assure Dijon Métropole.
La data poursuit son déploiement polymorphe, en
étant également utilisée dans le secteur de la sécurité : les analyses
prédictives aident à prédire où les crimes risquent de survenir, en se basant sur
les données historiques et géographiques. S’inscrivant dans une démarche de sécurisation
des espaces publics, la ville de Marseille a lancé, fin 2016, le projet « Big
Data de la Tranquillité Publique ». « Grâce à de nouveaux supports
informatiques (matériel et logiciels), il sera possible de collecter et de croiser
des informations susceptibles d'aider les forces de Police Municipale à assurer
la tranquillité publique de nos concitoyens » explique la municipalité.
Toutefois, tout n’est pas tout rose. Dans ce
contexte de l’utilisation des données à outrance, la garantie de la protection
des données publiques et personnelles est comme une problématique majeure à ne
pas négliger. De plus, la Banque des Territoires soulève de son côté le risque
d’une « "société algorithmique" où la machine prendrait les
décisions à la place des humains ». Car ville connectée ne veut pas dire
ville déshumanisée. Dans le prolongement, les confinements successifs vécus en
2020, dus à la pandémie de Covid-19, ont fait réfléchir les citadins. Aussi, « la
campagne refuge va-t-elle prendre sa revanche sur la ville repouss erroge Le
Monde. Let’s see.
Constance Périn