DROIT

La chambre nationale des commissaires de justice rappelle comment la profession peut protéger les droits des influenceurs

La chambre nationale des commissaires de justice rappelle comment la profession peut protéger les droits des influenceurs
Publié le 13/05/2023 à 15:00

Dans un communiqué, l’instance ordinale de la profession pointe les risques encourus par les créateurs de contenus et explique comment ceux-ci peuvent faire valoir leurs droits face au plagiat, ou, au contraire, face à une accusation de plagiat.

Alors que le Sénat a adopté en première lecture la proposition de loi visant à réguler le secteur des influenceurs, la Chambre nationale des commissaires de justice (CNCJ) a publié récemment un communiqué rappelant que si les influenceurs ont des devoirs, ils ont aussi des droits que « les commissaires de justice peuvent aider à protéger ». L’occasion de revendiquer le rôle d’alliés de ces derniers aux côtés des créateurs de contenus.

L’instance ordinale rappelle que tout influenceur, qu’importe son domaine de prédilection ou son métier (illustrateur, photographe, coach sportif, cuisiner, youtubeur, etc.), publie des contenus qu'il a préalablement pris le soin d'imaginer, produire puis poster. Or, l’article L.111-1 Code de la propriété intellectuelle prévoit que « l’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit, dès sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous », et ce, quelles que soient les créations : marques, dessins, photos, manuscrits, partitions, idées de start-up, etc.

Le constat de propriété intellectuelle pour protéger en amont ses créations

La loi prévoit une durée de protection plus ou moins longue en fonction des créations de l’esprit, mais encore faut-il pouvoir apporter la preuve qu’on en est bien le véritable créateur, notamment pour faire valoir ses droits et prouver qu’on les a créées avant un tiers qui nous accuserait de plagiat. La preuve de la paternité de l’œuvre est donc « primordiale », souligne la CNCJ, et il convient pour cela d’apporter la preuve de la date à laquelle on l’a créée : cependant, alors que la solution est simple pour les œuvres devant être enregistrées à l’INPI (brevets, marques, etc.) pour les autres (idées de start-up, identités graphiques d’un site, patrons de couture, manuscrits, partitions, etc.), la difficulté vient de la liberté de la preuve.

Comme aucun dispositif n’est exigé, pour protéger efficacement sa création, la CNCJ recommande de recourir au constat de propriété intellectuelle établi par un commissaire de justice pour protéger en amont ses œuvres et créations de l’esprit. Concrètement, tout auteur de travaux intellectuels ou d'œuvres artistiques peut en faire le dépôt chez un commissaire de justice, qui va dresser procès-verbal de ce dépôt via un constat de propriété intellectuelle. Ce dernier va indiquer la date de dépôt et contient un descriptif de l'œuvre. Un exemplaire de ce PV est conservé au rang des minutes de l’office avec un exemplaire de l’œuvre, et un exemplaire est remis au déposant. Le commissaire de justice conserve cette preuve pendant 25 ans. En cas de litige, le juge tiendra compte de l’antériorité de l'œuvre pour en identifier le créateur grâce à la date de création ainsi que de son originalité.

Le constat internet permet de prouver un plagiat

Alors qu’Internet a amplifié le phénomène de plagiat, les influenceurs sont évidemment exposés à la copie de leurs textes, de leurs photos, voire de leur site Internet ou de leur compte sur un réseau social. S’ils se retrouvent victimes de plagiat, les créateurs de contenus doivent alors constituer des preuves avant toute action, et ce, le plus rapidement possible : par exemple, face à des « stories » éphémères sur Instagram qui ne restent visibles que 24h, il est « essentiel d’agir très vite pour sécuriser le constat et “figer” les “stories” litigieuses », souligne la CNCJ.

Dans ces situations, l’instance ordinale souligne l’intérêt du constat Internet. Ici, le commissaire de justice dresse un procès-verbal dans lequel il va « photographier » ce qui est visible sur Internet ou le réseau social, en intégrant des captures d’écran dans le constat et en annexant tous les fichiers numériques nécessaires qui s’y trouvent. Le constat dressé, les publications sont de fait sécurisées et les « stories » enregistrées dans le procès-verbal. La preuve est alors sauvegardée et peu importe si la publication est supprimée ensuite sur le réseau social, indique la CNCJ. Autant de bons conseils à garder en tête, alors que plus de 150 000 influenceurs sont répertoriés en France, comme le rappelait France Culture en février dernier.

 

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