L’office de coopération et de développement
économiques (OCDE) et l’office de l’Union européenne pour la propriété
intellectuelle (EUIPO) publient conjointement un rapport sur la contrefaçon des
produits pharmaceutiques. Celui-ci révèle l’ampleur du trafic de médicaments
produits en Asie et importés illégalement en Afrique ainsi qu’en Europe.
Les contrefaçons de médicaments commercialisées dans le monde
représenteraient jusqu’à 4 milliards d’euros. Une étude réalisée par l’Office
de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Office de l’Union
européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) s’est intéressée aux
saisies douanières réalisées entre 2014 et 2016, et s’avère riche en
enseignements sur le type de produits pharmaceutiques saisis.
Internet booste les ventes de produits contrefaits
Ainsi, les médicaments les plus souvent contrefaits et
saisis sont les analgésiques, les traitements contre l’impuissance sexuelle et
les antibiotiques. Mais, plus dangereux, des médicaments traitant des maladies
graves ou chroniques ont également été saisis : traitement du cancer, du
diabète, de la malaria, du VIH, des médicaments contre les maladies cardiaques
mais également de faux vaccins et des anesthésiques locaux.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) citée
dans cette étude, la circulation de contrefaçons et de médicaments de qualité
inférieure contre la malaria causerait en Afrique subsaharienne jusqu’à 116 000
décès supplémentaires par an. L’enjeu est donc énorme.
L’Union des fabricants (Unifab), qui travaille pour la
protection internationale de la propriété intellectuelle, rappelle que cette
pratique n’est pas nouvelle : la douane française avait ainsi intercepté en
2013 « plus d’ 1,3 million de faux sachets d’aspirine dans le port du
Havre ». Toutefois, le travail des douanes est rendu plus difficile ces
dernières années, en raison de l’augmentation du nombre d’envois de colis
postaux de petite taille et de courriers, moins faciles à détecter. Un
communiqué de l’INPI précise que l’utilisation massive d’Internet est également
un facteur aggravant de ce commerce. En effet, les consommateurs risquent de
commander de faux médicaments, sur des sites illégaux, sans le savoir. Par
exemple, selon l’Unifab, « rien qu’en France, sur 5,4 millions de contrefaçons
stoppées en 2018, 2,3 millions ont été interceptées dans ces centres de tri
postaux consacrés aux petits colis. »
En France, seules 693 officines, répertoriées par
l’Ordre national des pharmaciens, sont autorisées à vendre des médicaments en
ligne. Leur liste peut se consulter à l’adresse suivante :
www.ordre.pharmacien.fr/ecommerce/search.
La production de ces produits de contrefaçon est
principalement asiatique. « L’Inde et la
Chine figurent comme les plus gros producteurs de produits pharmaceutiques de
contrefaçon au niveau mondial, Singapour et Hong Kong apparaissant comme les
principaux points de transit dans la chaîne d’approvisionnement », pointe
le communiqué de l’EUIPO.
Covid-19 : un enjeu supplémentaire
Dans le contexte de pandémie de coronavirus, la lutte
contre les contrefaçons de médicaments est indispensable. « Environ 2 000 annonces en ligne qui
concernaient des faux produits pharmaceutiques liées a` cette catastrophe
sanitaire ont été démantelées par Interpol, que je félicite, ce qui a conduit
a` la saisie de plus de 34 000 faux masques chirurgicaux. Il faut
impérativement tirer la sonnette d’alarme et sensibiliser les consommateurs en
leur faisant prendre conscience des enjeux majeurs que cela représente » a
déclaré Christian Peugeot, président de l’Unifab.
Béatrice
Lechevalier