Une
note du Conseil d’analyse économique, publiée le 12 juillet et réalisée d’après
les résultats d’une enquête internationale menée dans 20 pays, a pour dessein
de comprendre comment les Français perçoivent les politiques climatiques dans
l’Hexagone.
Le
Conseil d’analyse économique (CAE), organe indépendant chargé de conseiller le
gouvernement, a rédigé une note d’après les résultats d’une enquête
internationale menée par l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE). Cette enquête, réalisée dans 20 pays, dont la France, dresse
un panorama sur l’attitude des citoyens vis-à-vis des politiques climatiques et
du changement climatique. Elle propose plusieurs pistes de mesures efficaces et
soutenues par les populations. La note du Conseil a donc pour objectif de
présenter ses principaux enseignements pour la France en termes de politiques
climatiques. Le CAE suggère d’établir un système d’enquête régulier pour
prendre le pouls et suivre les considérations des citoyens.
Les
Français préoccupés par le réchauffement climatique
D’après
l’enquête, les Français sont préoccupés par le changement climatique, note le
CAE . Pour quatre répondants sur cinq, c’est même un problème important. Ils
ont également une vision sombre des conséquences futures si rien n’est fait
pour le contrer. Pourtant, la majeure partie des personnes interrogées estime
que le changement climatique n’aura qu’un impact modéré sur leur quotidien. De
nombreux répondants soutiennent tout de même des mesures ambitieuses pour
lutter contre, qu’elles soient prises au niveau international ou national.
Pour
les trois-quarts, c’est au gouvernement de prendre des mesures à l’encontre du
réchauffement climatique. D’ailleurs, parmi les mesures les plus populaires
auprès des sondés, on trouve les investissements publics dans des
infrastructures décarbonées, l’obligation de rénovation thermique assortie de
subventions, ou l’interdiction des véhicules polluants dans les centres-villes,
alors que la taxe carbone, l’interdiction des voitures thermiques ou une taxe
sur la viande rouge suscitent des avis divergents.
Un
besoin de transparence et d’information
Les
Français ont des perceptions pessimistes des effets des politiques publiques.
En effet, « une part significative pense que les politiques climatiques sont
régressives et anticipent des conséquences négatives sur leur ménage »
écrit le Conseil. Cependant, l’enquête démontre que le soutien des citoyens aux
politiques climatiques augmente lorsqu’ils sont informés de leurs effets. Dans
ce sens, le CAE recommande ainsi de mieux informer les Français sur les effets
des politiques climatiques, et propose pour cela de passer par les manuels
scolaires ou par des campagnes de communication non partisanes entre autres.
Toutefois, à cause de la défiance des Français envers le gouvernement et
l’État, pour être bénéfique, cette mission doit être réalisée par une
institution indépendante. Pour cela, le CAE recommande de confier cette mission
d’information au Haut conseil pour le climat, instance consultative
indépendante Française, placée auprès du Premier ministre et composée au plus
de douze membres experts nommés par décret.
Le
design des politiques, qui est une approche créative se focalisant sur les
besoins des usagers finaux, est aussi déterminant. Par exemple, la tarification
carbone est majoritairement acceptée lorsque ses recettes servent à financer
des investissements verts et/ou des compensations financières pour les ménages
vulnérables. Le CAE précise qu’à l’avenir, « quand la tarification carbone
aura augmenté, il faudrait s’engager à utiliser intégralement les nouvelles
recettes liées à cette tarification pour financer des infrastructures et
équipements bas carbone, ainsi que pour compenser les ménages vulnérables via
des transferts monétaires ».
D’autre
part, avec la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie, les
priorités de court terme sont de renforcer les programmes permettant à chacun
d’offrir des alternatives aux énergies fossiles. Cela passe également par des
aides aux ménages vulnérables comme la rénovation énergétique des bâtiments,
les investissements en équipements, les véhicules électriques, mais aussi par
des investissements publics, tels les transports en commun.
Pour
60 % des répondants, c’est aux riches de faire des efforts
Pour
les Français, l’effet redistributif des politiques climatiques est fondamental.
Elles doivent tout autant être justes et ne pas trop affecter le quotidien ou
le portefeuille. Pour six répondants sur dix, il est « très important »
que les plus riches changent d’abord leur mode de vie pour qu’eux aussi fassent
des efforts. À noter que 69 % préfèrent financer les infrastructures par
l’augmentation des impôts des plus fortunés, alors que seuls 15 à 33 % des
répondants soutiennent la réduction des dépenses militaires, des dépenses
sociales, ou bien l’augmentation de la TVA et de la dette publique
additionnelle.
Les
personnes votant à droite soutiennent globalement moins le réchauffement
climatique que les personnes qui se placent à gauche du spectre politique. En
France, comme en Australie et aux États-Unis, ce sont davantage les jeunes qui
soutiennent les mesures contre le changement climatique, alors que
généralement, l’âge n’est pas un facteur déterminant. Par exemple, le mode de
vie est un élément central essentiel, on observe des différences entre les
habitués des transports en commun et les habitués de la voiture.
Les
Français très attachés à leur voiture
Seule
une minorité de Français est encline à changer son mode de vie. Par exemple,
plutôt que de limiter la vitesse de leur voiture, ils préfèrent passer à la
voiture électrique. D’ailleurs, une majorité relative s’oppose à l’interdiction
des véhicules thermiques. Cependant, le nombre d’opposants baisse, si, en
contrepartie, des infrastructures sont mises en place pour pallier l’absence de
voitures contre des transports en commun.
Concernant
le problème du manque d’alternatives à la voiture, neuf répondants sur dix
indiquent utiliser la voiture ou la moto dans leur vie quotidienne, et seuls 46
% déclarent bénéficier d’une bonne disponibilité de transports en commun. Par
ailleurs, en fonction de qui paie, les retours sont différents. Globalement,
tout ce qui paraît punitif est peu approuvé. De plus, les Français sont
sensibles à l’utilisation des taxes. Par exemple, une taxe carbone dont les
gains serviraient à financer des projets « écologiques » est mieux accueillie.
Tina Millet