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Le Conseil d’analyse économique veut réconcilier les Français avec les politiques climatiques

Le Conseil d’analyse économique veut réconcilier les Français avec les politiques climatiques
Publié le 02/08/2022 à 12:00


Une note du Conseil d’analyse économique, publiée le 12 juillet et réalisée d’après les résultats d’une enquête internationale menée dans 20 pays, a pour dessein de comprendre comment les Français perçoivent les politiques climatiques dans l’Hexagone.

 

Le Conseil d’analyse économique (CAE), organe indépendant chargé de conseiller le gouvernement, a rédigé une note d’après les résultats d’une enquête internationale menée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette enquête, réalisée dans 20 pays, dont la France, dresse un panorama sur l’attitude des citoyens vis-à-vis des politiques climatiques et du changement climatique. Elle propose plusieurs pistes de mesures efficaces et soutenues par les populations. La note du Conseil a donc pour objectif de présenter ses principaux enseignements pour la France en termes de politiques climatiques. Le CAE suggère d’établir un système d’enquête régulier pour prendre le pouls et suivre les considérations des citoyens.



Les Français préoccupés par le réchauffement climatique


D’après l’enquête, les Français sont préoccupés par le changement climatique, note le CAE . Pour quatre répondants sur cinq, c’est même un problème important. Ils ont également une vision sombre des conséquences futures si rien n’est fait pour le contrer. Pourtant, la majeure partie des personnes interrogées estime que le changement climatique n’aura qu’un impact modéré sur leur quotidien. De nombreux répondants soutiennent tout de même des mesures ambitieuses pour lutter contre, qu’elles soient prises au niveau international ou national.


Pour les trois-quarts, c’est au gouvernement de prendre des mesures à l’encontre du réchauffement climatique. D’ailleurs, parmi les mesures les plus populaires auprès des sondés, on trouve les investissements publics dans des infrastructures décarbonées, l’obligation de rénovation thermique assortie de subventions, ou l’interdiction des véhicules polluants dans les centres-villes, alors que la taxe carbone, l’interdiction des voitures thermiques ou une taxe sur la viande rouge suscitent des avis divergents.



Un besoin de transparence et d’information


Les Français ont des perceptions pessimistes des effets des politiques publiques. En effet, « une part significative pense que les politiques climatiques sont régressives et anticipent des conséquences négatives sur leur ménage » écrit le Conseil. Cependant, l’enquête démontre que le soutien des citoyens aux politiques climatiques augmente lorsqu’ils sont informés de leurs effets. Dans ce sens, le CAE recommande ainsi de mieux informer les Français sur les effets des politiques climatiques, et propose pour cela de passer par les manuels scolaires ou par des campagnes de communication non partisanes entre autres. Toutefois, à cause de la défiance des Français envers le gouvernement et l’État, pour être bénéfique, cette mission doit être réalisée par une institution indépendante. Pour cela, le CAE recommande de confier cette mission d’information au Haut conseil pour le climat, instance consultative indépendante Française, placée auprès du Premier ministre et composée au plus de douze membres experts nommés par décret.


Le design des politiques, qui est une approche créative se focalisant sur les besoins des usagers finaux, est aussi déterminant. Par exemple, la tarification carbone est majoritairement acceptée lorsque ses recettes servent à financer des investissements verts et/ou des compensations financières pour les ménages vulnérables. Le CAE précise qu’à l’avenir, « quand la tarification carbone aura augmenté, il faudrait s’engager à utiliser intégralement les nouvelles recettes liées à cette tarification pour financer des infrastructures et équipements bas carbone, ainsi que pour compenser les ménages vulnérables via des transferts monétaires ».


D’autre part, avec la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie, les priorités de court terme sont de renforcer les programmes permettant à chacun d’offrir des alternatives aux énergies fossiles. Cela passe également par des aides aux ménages vulnérables comme la rénovation énergétique des bâtiments, les investissements en équipements, les véhicules électriques, mais aussi par des investissements publics, tels les transports en commun.



Pour 60 % des répondants, c’est aux riches de faire des efforts


Pour les Français, l’effet redistributif des politiques climatiques est fondamental. Elles doivent tout autant être justes et ne pas trop affecter le quotidien ou le portefeuille. Pour six répondants sur dix, il est « très important » que les plus riches changent d’abord leur mode de vie pour qu’eux aussi fassent des efforts. À noter que 69 % préfèrent financer les infrastructures par l’augmentation des impôts des plus fortunés, alors que seuls 15 à 33 % des répondants soutiennent la réduction des dépenses militaires, des dépenses sociales, ou bien l’augmentation de la TVA et de la dette publique additionnelle.


Les personnes votant à droite soutiennent globalement moins le réchauffement climatique que les personnes qui se placent à gauche du spectre politique. En France, comme en Australie et aux États-Unis, ce sont davantage les jeunes qui soutiennent les mesures contre le changement climatique, alors que généralement, l’âge n’est pas un facteur déterminant. Par exemple, le mode de vie est un élément central essentiel, on observe des différences entre les habitués des transports en commun et les habitués de la voiture.



Les Français très attachés à leur voiture


Seule une minorité de Français est encline à changer son mode de vie. Par exemple, plutôt que de limiter la vitesse de leur voiture, ils préfèrent passer à la voiture électrique. D’ailleurs, une majorité relative s’oppose à l’interdiction des véhicules thermiques. Cependant, le nombre d’opposants baisse, si, en contrepartie, des infrastructures sont mises en place pour pallier l’absence de voitures contre des transports en commun.


Concernant le problème du manque d’alternatives à la voiture, neuf répondants sur dix indiquent utiliser la voiture ou la moto dans leur vie quotidienne, et seuls 46 % déclarent bénéficier d’une bonne disponibilité de transports en commun. Par ailleurs, en fonction de qui paie, les retours sont différents. Globalement, tout ce qui paraît punitif est peu approuvé. De plus, les Français sont sensibles à l’utilisation des taxes. Par exemple, une taxe carbone dont les gains serviraient à financer des projets « écologiques » est mieux accueillie.


 

Tina Millet

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