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Le nombre de démissions à un niveau historiquement haut

Le nombre de démissions à un niveau historiquement haut
Publié le 05/09/2022 à 11:29

 

La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a publié les chiffres de démission pour le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. Le nombre de ruptures volontaires de contrat est à un niveau très élevé. Il faut remonter à la crise de 2008 pour retrouver un tel niveau.

 



La France vit-elle les prémices d’une « Grande Démission » ? Fin 2021 et début 2022, le nombre de démissions dans le pays a atteint un niveau historiquement haut, à près de 520 000 par trimestre, dont environ 470 000 ruptures de CDI. Le record précédent datait du 1er trimestre 2008, avec 510 000 démissions, dont 400 000 pour les seuls CDI. Le risque d’une démission de masse est désormais évoqué en France, à l’image de la situation du marché du travail américain courant 2021 : après les premières vagues de la crise du Covid, le nombre d’employés quittant volontairement leur poste a nettement augmenté aux États-Unis, que ce soit pour changer d’entreprise, chercher un autre emploi ou se retirer de la population active.

 

 


Un taux de démission élevé, mais pas inédit

Afin de tenir compte des fluctuations de l’emploi, la Dares propose de rapporter le nombre de démissions à celui des salariés. Le taux de démission ainsi obtenu atteint 2,7 % en France au 1er trimestre 2022. Il est au plus haut depuis la crise financière de 2008-2009, mais reste en deçà des niveaux qu’il avait atteints juste avant, début 2008 (2,9 %). Sur les seules entreprises de 50 salariés ou plus, le taux de démission est actuellement parmi les plus élevés depuis 1993 : avec 2,1 %, il est toutefois inférieur à celui observé au début des années 2000 (2,3 % au 1er trimestre 2001).

Aux États-Unis, le taux de démission est également important fin 2021, sans pour autant être inédit : 3,0 % au mois de décembre, son plus haut niveau depuis l’an 2000. Mais dans l’industrie manufacturière, ce taux est actuellement similaire à celui atteint au début des années 1950, ainsi que dans les années 1960 et 1970.

« Le taux de démission est un indicateur cyclique. Il est bas durant les crises et il augmente en période de reprise, d’autant plus fortement que l’embellie conjoncturelle est rapide », assure la Dares. Lors des phases d’expansion économique, de nouvelles opportunités d’emploi naissent, incitant à quitter son job.

Dans le contexte actuel, la hausse du taux de démission apparaît donc comme normale, en lien avec la reprise qui suit la crise du Covid-19. Elle n’est pas associée à un nombre inhabituel de retraits du marché du travail. Des indicateurs complémentaires sont d’ailleurs rassurants de ce point de vue : en particulier, le taux d’emploi est lui aussi plus élevé qu’avant crise et continue de progresser pour toutes les tranches d’âge fin 2021 et début 2022, en dépit de la nette augmentation du taux de démission. Une partie de la hausse récente du taux d’emploi provient des indépendants et des alternants. En les excluant, au premier trimestre 2022, ce taux dépasse néanmoins légèrement son niveau d’avant crise.

  

 


Le nombre de démissions par trimestre en France




 

 


En parallèle, des difficultés de recrutement

« Le niveau élevé des démissions est à relativiser, au vu des tensions actuelles sur le marché du travail », affirme néanmoins la Dares. Les difficultés de recrutement ont atteint un stade inédit dans l’industrie manufacturière et les services, et au plus haut depuis 2008 dans le bâtiment. Cette situation crée des opportunités pour les salariés déjà en poste et est susceptible en retour de conduire à des démissions plus nombreuses.

Dans le cas des États-Unis et du Royaume-Uni, le grand mouvement de démissions serait plutôt le symptôme des tensions de recrutement que leur cause : il refléterait des comportements de « débauchage » de la main-d’œuvre entre entreprises, dans un contexte de forte demande de travail et d’offre limitée. En France, selon les premières analyses de la Dares à partir de la déclaration sociale nominative, les retours à l’emploi des démissionnaires semblent rapides malgré le niveau élevé des démissions : environ 8 anciens travailleurs en CDI sur 10 au second semestre 2021 sont en emploi dans les 6 mois qui suivent, une proportion stable par rapport à l’avant-crise sanitaire.

 

 

 

 

Vers une augmentation des salaires ?

Cette conjoncture reflète le dynamisme du marché du travail, et une situation dans laquelle le pouvoir de négociation se modifie en faveur des salariés. Dans un contexte de difficultés de recrutement toujours élevées, la Dares prévoit une potentielle hausse des salaires d’embauche, en particulier pour les personnes nouvellement démissionnaires. Outre cet effet attendu, les enquêtes menées par la Dares sur l’activité et les conditions d’emploi de la main-d’œuvre pendant la crise sanitaire montrent que, début 2022, certaines entreprises réalisent des concessions sur les conditions ou l’organisation du travail, notamment sur la présence de télétravail, ou sur la forme des contrats d’embauche pour conserver ou attirer des salariés.

 

 


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