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Les étudiants de l’École de droit d'Assas s’intéressent à la stratégie des contentieux

Les étudiants de l’École de droit d'Assas s’intéressent à la stratégie des contentieux
Publié le 25/08/2021 à 13:23

Lors d’une table ronde organisée le 28 juin 2021 dans le cadre de l’exercice « Dialogues à l’École de droit », les étudiants de l’École de droit de l’Université Paris II Panthéon-Assas ont débattu avec leurs invités de la pratique des avocats, à l’heure où la justice fait face à de nombreux enjeux.



Le 28 juin dernier, les étudiants de l’École de droit d'Assas ont organisé une table ronde sur le thème « Stratégie des contentieux », inspirée de l’ouvrage Stratégie du contentieux de l’avocat et docteur en droit Xavier Vuitton (1). À cette occasion, ont débattu avec l’auteur les avocats Jean-Daniel Bretzner (Bredin-Prat), Mathieu Brochier (Darrois-Brochier), ainsi qu’Alice Pézard, ancien conseiller à la Cour de cassation, désormais avocate. Les élèves de l’École de droit ont pu interroger les invités sur la pratique des avocats face aux évolutions contemporaines de la justice.

 



Bons avocats = bons magistrats ?

Au cours de cette table ronde, il a beaucoup été question des relations entre avocat et magistrat, qui sont tous deux des auxiliaires de justice participant au service public de la justice, comme l’a rappelé le professeur Pierre-Yves Gautier, également présent. Pour Xavier Vuitton, si l’on veut avoir de bons magistrats, il faut de bons avocats.

Ainsi, l’assignation, qui marque le début de l’instance et qui, selon Mathieu Brochier, doit être une « claque » pour l’adversaire, exige une rédaction claire et concise pour emporter la conviction du juge. Si la concision est gage de crédibilité auprès des magistrats, il faut toutefois, selon Xavier Vuitton, se rebeller contre les tentatives d’évacuation des dossiers entraînées par l’exigence de concentration des moyens de la jurisprudence Cesareo (2).

 



Les robes noires avancent des pistes pour accroître l’efficacité de la justice

Les invités ont par ailleurs évoqué des pistes d’évolution pour accroître l’efficacité de la justice. Si Alice Pézard a émis l’idée de limiter la durée des procès afin de rendre des jugements dans un temps raisonnable, Xavier Vuitton s’est au contraire dit opposé aux délais couperets, lesquels constituent à son sens une atteinte au droit d’accès au juge. L’efficacité passera par le renforcement du rôle du magistrat dans la phase de mise en état, a-t-il estimé. Ce rôle proactif du juge doit toutefois être limité, et Jean-Daniel Bretzner a critiqué l’arrêt Dauvin (3), en ce qu’il permet au juge de soulever d’office un moyen à un stade avancé du procès, passant outre le principe du contradictoire. La crise sanitaire a montré que le recours aux modes alternatifs des règlements avait de beaux jours devant lui, même si la décision d’y recourir dépend de plusieurs facteurs, et notamment de l’accord du client, dont l’avocat doit parfois vaincre la résistance.

Enfin, les intervenants ont insisté sur la nécessité de protéger et de développer l’oralité des débats. Celle-ci permet au juge de saisir rapidement les points délicats, ayant une fonction réparatrice et d’adhésion pour le client, elle est enfin un temps fort pour l’avocat. Pour conclure, comme l’a noté Mathieu Brochier, le procès est « une chose vivante » nécessitant de la part des avocats une créativité sans limite. La justice prédictive, loin de constituer un frein à cette créativité, doit au contraire pousser les avocats à redoubler d’ingéniosité. Il ne faut pas oublier que l’élaboration d’une stratégie contentieuse est, selon les termes de Pierre-Yves Gautier, un travail « artisanal ».

 

 

NOTES :

1) LexisNexis, 2020, préface P.-Y. Gautier.

2) V. Cass. ass. plén., 7 juill. 2006 : JCP G 2007, II, 10070, note G. Wiederkehr ; RTD civ. 2006, p. 825, obs. R. Perrot.

3) V. Cass. ass. plén., 21 déc. 2007 : JCP G 2008, II, 10006, note L. Weiller ; RTD civ. 2008, p. 317, obs. P.-Y. Gautier.

 

 

 

Margaux Lelong

 

 

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