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Les ventes aux enchères en France en 2019, une année exceptionnelle pour la profession

Les ventes aux enchères en France en 2019, une année exceptionnelle pour la profession
Publié le 20/06/2020 à 11:00

 



Le 16 mai 2020, le Conseil des ventes a publié le bilan des ventes aux enchères en France et dans le monde en 2019. Une synthèse qui porte sur le montant des adjudications hors frais (prix « marteau ») réalisées au cours de l’année et le nombre de vacations, réparti selon les différentes catégories de ventes, sur l’effectif salarié, sur l’usage de l’Internet, l’internationalisation des ventes, etc. En France, l’année 2019 est marquée par une hausse des ventes aux enchères publiques de 12,1 % par rapport à 2018, la plus élevée depuis dix ans.


Chaque année, le Conseil des ventes (CVV), autorité de régulation du marché des ventes aux enchères publiques depuis 2000, publie un rapport annuel d’activité destiné aux pouvoirs publics et aux intervenants du marché.


En décembre dernier, le Conseil a adressé un questionnaire aux 415 maisons de ventes déclarées en 2019 (précisément, 22 nouvelles maisons ont été déclarées auprès du CVV en 2019, 17 ont cessé leur activité, et 98, soit 24 %, sont uniquement « volontaires », c’est-à-dire non adossées à des études de commissaires-priseurs judiciaires) contre 101 en 2018, afin d’élaborer son bilan annuel de l’activité économique du marché. Globalement, l’année dernière, 52 % d’entre elles relevaient du secteur « Art et objets de collection », 40 % étaient généralistes, 7 % appartenaient au secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel », et 1 % au secteur « Chevaux ».


« 2019 a été un très bon cru pour les ventes aux enchères publiques en France, avec une augmentation des ventes de +12,1 %, la plus forte depuis dix ans, portant le montant total adjugé à 3,37 milliards d’euros » a déclaré, dans l’édito du rapport minutieusement détaillé du CVV, Henri Paul, le président du Conseil des ventes.


Comment expliquer ces bons chiffres alors que, par ailleurs, au niveau international, le montant des enchères d’art ne cesse de diminuer ? Quelles sont les forces et les faiblesses du marché des ventes volontaires en France ? Et quid de la crise du coronavirus en 2020 ? Quel est l’impact de celle-ci sur les ventes de l’année en cours ?


 


Une progression des ventes exceptionnelle


Le montant des ventes aux enchères de 2019 est le plus élevé jamais atteint. La hausse des ventes concerne les trois secteurs précédemment cités :


• +10,5 % pour le secteur « Art et objets de collection », pour un montant total des ventes estimé à 1,6 milliard d’euros ;


• +14,4 % pour le secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel », soit 1,63 milliard d’euros ;


• + 5 % pour le secteur « Chevaux », soit 186 millions d’euros.


Ainsi, en 2019, 64 % des maisons de ventes ont vu leur montant de ventes progresser, et seulement 36 % (contre 50 % en 2018) ont déclaré une baisse de leur activité.


Plus précisément, secteur par secteur, 60 % des maisons de ventes du secteur « Arts et objets de collection » ont déclaré un montant de ventes en hausse par rapport à 2018 ; même chose pour 74 % des maisons de ventes du secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel », et pour 80 % des maisons de ventes du secteur « Chevaux ».


On remarque cependant que le marché en France est assez concentré, que ce soit sur le plan géographique ou au niveau de la diversité des acteurs.


En effet, sur les 415 acteurs du marché, 143 sont basés en Île-de-France, soit plus du tiers. En 2019, la région francilienne a concentré 61 % des adjudications pour un montant total de 2 milliards d’euros, un montant en progression de 13 % par rapport à 2018.


Derrière l’Île-de-France, trois régions représentent plus de 5 % du marché. Il s’agit de la région Bretagne (9 % du montant total des ventes), spécialisée dans la vente de véhicule d’occasion, la Normandie (8 %), dont la spécialité est la vente des chevaux, et la région Occitanie (6 % de part de marché).


Concernant le classement 2019 des maisons de ventes volontaires, comme en 2018, les trois premières maisons de ventes appartiennent au secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel ».


Il s’agit de BC Auto Enchères, Alcopa Auction et VP Auto. Viennent ensuite Sotheby’s et Christie’s (secteur « Art et objets de collection ») et Arqana (secteur « Chevaux »).


En tout, les 20 principales maisons de ventes en France ont réalisé 2,4 milliards d’euros, soit 71 % du montant total adjugé. Quant à la part des cinq premières maisons de ventes, celle-ci a augmenté par rapport à 2018 (46,3 % en 2019 contre 42,7 % en 2018).


En outre, la forte progression des ventes en 2019 marque des disparités entre les établissements : « plus la taille de la maison de vente est grande, plus la propension à voir les ventes augmenter est forte » indique le bilan du CVV.


Ainsi, 53 % des opérateurs de ventes volontaires (OVV) réalisant moins d’un million d’euros de montant adjugé dans l’année sont en hausse ; ce pourcentage est de 58 % pour les maisons de ventes réalisant moins de deux millions d’euros de ventes en 2019, et de 74 % pour les maisons de ventes déclarant cinq millions d’euros ou plus de ventes. Ces dernières sont celles qui bénéficient le plus de la croissance du marché. Leur taux de croissance était de 18 % en 2019, supérieur à celui du montant total (+ 12,1 %).


 


L’exception française


Si l’année 2019 a été faste pour les ventes aux enchères publiques en France, on ne peut pas en dire autant sur le plan international. Pour la 4e année consécutive, le marché connaît un ralentissement (27,1 milliards d’euros au total en 2018 contre 25,5 milliards en 2019, soit une baisse de 5,8 %, et un montant moyen par vente de 0,63 milliard d’euros en 2018 contre 0,52 milliard d’euros en 2019, soit une baisse de 16,9 %). Toutes les zones géographiques ont vu le montant de leurs ventes diminuer l’an dernier : États-Unis (-7,4 %), Chine (-4,6 %), Europe (-5,3 %, en partie à cause de la forte baisse des ventes au Royaume-Uni de -12,8 %). Sur les dix premiers pays du classement, seuls trois s’en sortent : la France, l’Allemagne et l’Italie, et c’est l’Hexagone qui enregistre la plus forte croissance. En outre, selon le rapport du CVV, la France parvient à placer 18 de ses maisons parmi les 100 premières sociétés mondiales, plus qu’en 2018 (15). Avec un montant adjugé de 192 millions d’euros, Artcurial se situe au 15e rang mondial.


Comment expliquer cette exception française ?


Pour Henri Paul, « le marché des enchères publiques en France combine plusieurs spécificités qui peuvent expliquer sa bonne tenue en 2019 ».


Tout d’abord, le marché en France est diversifié car composé de trois secteurs aux économies différentes. Selon le président du CVV, le secteur « Art et objet de collection » bénéficie d’une offre large et d’un nombre élevé de biens présentés en vente « ainsi que de [la] capacité à valoriser des biens uniques et rares, souvent issus de grandes collections » le secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel » tire, à son avis, sa croissance de sa capacité à capter une part plus importante du marché de la vente des véhicules d’occasion ; quant au secteur « Chevaux », ce dernier puise sa force « de la qualité de la chaîne des métiers du cheval et des performances du système de redistribution des gains de course en France ».


Autre particularité du modèle français, un maillage territorial dense composé de 415 maisons de ventes, dont 68 % sont de petites entités économiques. Par comparaison, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, deux maisons de ventes seulement, Christie’s et Sotheby’s, réalisent respectivement 50 % et 66 % du montant total des enchères d’art.


En outre, le marché français est peu dépendant des œuvres multimillionnaires, lesquelles représentent 9 % du montant total mondial des adjudications en 2019 et conditionnent largement la tendance internationale. Ne pas dépendre de celles-ci constitue un avantage lorsque ces dernières diminuent, comme ce fut le cas l’an dernier.


 


 


Une activité en hausse dans tous les secteurs


L’année exceptionnelle qu’a connue la France s’est vérifiée dans tous les secteurs qui constituent le marché des ventes aux enchères publiques.


 


Secteur « art et objets de collection »


Ainsi, les ventes du secteur « Art et objets de collection » ont progressé de 10,5 % par rapport à 2018. Selon le rapport du CVV, cette progression est le résultat notamment d’une augmentation de 14,6 % du montant total d’adjudications des 20 premières maisons de ventes entre 2018 et 2019 ; d’une croissance de 12 % des montants adjugés en art d’après-guerre contemporain ; et de la hausse du nombre d’œuvres millionnaires adjugées en 2019 par rapport à 2018 et du montant cumulé de leurs ventes (plus de 347 millions d’euros en 2019 contre 228 en 2018).


Le secteur « Art et objets de collection » est constitué de cinq segments : Art et Antiquités, autres objets de collection, joaillerie et orfèvrerie, vins et alcools, et ventes courantes (hors catalogue).


Dans le détail, le segment « Art et Antiquités » a connu une hausse des ventes de 14 % en 2019, et ce grâce à 48 enchères millionnaires en art contemporain, à la vente de mobiliers et objets d’art du 20e siècle (cf. dispersion de la collection de « l’Univers Lalanne : collection Claude et François-Xavier Lalanne » par Sotheby’s en octobre 2019, les ventes de 14 œuvres de Diego Giacometti, de six ventes Design organisées par Artcurial…) et à l’augmentation des ventes du sous-segment « tableaux, dessins, estampes anciennes et du 19e siècle » (cf. vente de 21 œuvres millionnaires parmi lesquelles « Le Christ moqué  » de Cimabue adjugé chez Compiègne Enchères, « La vierge et l’enfant en trône » adjugé chez Cortot & associés, « Lucrèce » d’Artemisia Gentileschi adjugé chez Artcurial…).


Le segment « Autres objets de collection » a lui connu un léger repli par rapport à 2018 du fait notamment de la baisse des ventes en bande dessinée.


Le segment « Joaillerie et orfèvrerie » a connu une augmentation du montant des ventes de 8 % et retrouve son niveau de 2017. Dans cette catégorie, les dix premières maisons de ventes représentent 41 % du total des ventes.


Le montant des ventes du groupe « Vins et alcools » a atteint 47 millions d’euros en 2019, soit une légère progression par rapport à 2019. « Comme les trois années précédentes, la dynamique des ventes de cette spécialité repose essentiellement sur celle du leader de ce marché, International Wine Auction, qui vend exclusivement en ligne et dont le montant total des ventes 2019, avec plus de 80 000 lots vendus soit près de 170 000 flacons, s’est élevé à 17,6 millions (contre 14,3 millions en 2018 soit +23 %), soit 37 % du montant total » précise le rapport du CVV.


Enfin, les « Ventes courantes », ventes qui n’ont pas de thème précis – provenant principalement des mises en vente après une succession de biens de nature variée (ou « fonds de maison ») – ont connu une progression étonnante de 18 % qui contraste avec le recul observé en 2018.


On constate également dans ce secteur une forte concentration de l’activité sur un nombre restreint de maisons de vente. En effet, la part des montants adjugés des 20 premières maisons (Sotheby’s, Christie’s et Artcurial forment le trio de tête du classement) totalise 64,6 % du montant total national de ce secteur. Paris, concentre de son côté 69 % des adjudications.


 


Secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel »


Comme indiqué précédemment, le montant des ventes de ce secteur a progressé de 14,4 % entre 2018 et 2019 pour un montant total de 1,6 milliard d’euros (contre 1,36 milliard en 2018). Ce secteur est porté à 95 % par les seules ventes de véhicules d’occasion, une catégorie qui se caractérise par « une clientèle de vendeurs quasi exclusivement composée de professionnels qui cherchent, par le canal des enchères publiques, à optimiser le prix de vente des véhicules » indique le rapport. Il s’agit en effet principalement de loueurs longue durée (LLD), de loueurs de courte durée (LCD), de sociétés de crédit et de leasing, de concessionnaires automobiles…


La vente de véhicules d’occasion est un segment qui tend à se concentrer depuis cinq ans. Les principales maisons de ventes du secteur deviennent des agences de cotation en temps réel des véhicules. En outre, dans le contexte concurrentiel actuel, les ventes dématérialisées se développent tant elles répondent parfaitement aux besoins d’un public composé de professionnels, d’institutionnels et de particuliers.


Les quatre principaux groupes qui concentrent l’activité sont BCauto Enchères – vente exclusivement en ligne –, Alcopa, VP Auto et Toulouse Enchères Automobiles.


Concernant le segment « Matériel industriel », les vendeurs qui le composent sont exclusivement des professionnels ou des institutionnels, et l’activité y est également concentrée. Les 12 premières maisons de ventes réalisent 67 millions d’euros, soit 76 % du montant des ventes. Cette catégorie couvre les ventes d’outils, de machines, d’engins (tracteurs, grues, pelleteuses de chantiers…) ainsi que du matériel informatique de seconde main. En 2019, le montant total des ventes s’est élevé à 88 millions d’euros contre 64 millions en 2018. Concernant la concentration de ce segment, selon le rapport du CVV, celle-ci reste identique à celle de 2018.


 


Secteur « chevaux »


Le secteur « Chevaux » a lui aussi connu une progression des ventes (de 5,7 % en 2019 par rapport à 2018), pour un montant total de 186 millions d’euros. Ce secteur est extrêmement concentré, puisque cinq maisons de ventes seulement, toutes géographiquement basées en Basse-Normandie, détiennent le marché. Plus encore, la société Arqana, avec 165 millions d’euros, représente 89 % du montant total adjugé du secteur.


En 2019, le nombre total de chevaux vendus s’est élevé à 4 894, dont 67 % des chevaux de galop (le prix unitaire moyen de ce type de cheval a progressé de 4,5 % en 2019), 33 % des chevaux de trot (le prix unitaire moyen a baissé en 2019).


Une des caractéristiques de ce marché est qu’il est très ouvert à la clientèle internationale (venant notamment du Royaume-Uni, d’Irlande, d’Australie, des États-Unis, du Japon, de Dubaï et du Qatar). En effet, les cinq sociétés de ce secteur ont réalisé pour plus de 86 millions d’euros d’adjudications auprès de résidents étrangers, soit 46 % du montant total des ventes de ce segment. Le rapport du CVV rappelle tout de même que « la grande majorité des chevaux vendus reste exploitée en France et contribue donc au soutien à l’activité économique de la filière équine française ».


Enfin, selon le rapport du CVV, le Brexit pourrait impacter le secteur « Chevaux » en 2020. En effet, une remise en cause des accords sanitaires de libre circulation entre les trois principaux pays d’élevage européens que sont la France, le Royaume-Uni et l’Irlande risque de pénaliser plus particulièrement les éleveurs français qui envoient leurs juments à la saillie en Angleterre et en Irlande. À cela s’ajoutent des risques en termes d’avantages fiscaux ou réglementaires que pourraient décider le Royaume-Uni, qui domine le marché avec la société Tatterstalls (44 % du montant total des ventes du secteur).


 


Les ventes électroniques


En 2019, le montant des ventes aux enchères électroniques a augmenté de 7 % par rapport à 2018. Ces dernières recouvrent deux modes distincts, précise le bilan du Conseil des ventes : les ventes live où l’enchérisseur participe à distance et en direct à une vente qui se déroule dans une salle physique, et les ventes online, totalement dématérialisées.


L’an dernier, les ventes électroniques ont représenté 36 % du montant total des ventes aux enchères en France, soit 1,2 milliard d’euros. Il s’agit d’une progression plutôt modérée, selon le CVV. « [Elle] tranche avec les progressions à deux chiffres des années 2016 et 2017 ». On explique cela par le fait que, d’une part, le nombre de maisons de ventes déclarant effectuer des ventes par Internet a atteint un palier, et, d’autre part, par la stabilité du montant des ventes live du secteur « Véhicules d’occasion et matériel industriel » liée aux évolutions du secteur. Pour rappel, ce secteur totalise 93 % des ventes en ligne en France, « une particularité [qui] tient à la standardisation des biens proposés, à la normalisation des descriptifs des véhicules et leur description précise et détaillée accompagnée d’un large éventail de photographies présentant les biens sous tous les angles ainsi qu’à la nature de la clientèle elle-même », précise le rapport.


Les ventes online en 2019 ont représenté 69 % du montant total adjugé aux enchères sur Internet, contre 31 % pour les ventes live. À noter que les ventes électroniques du secteur « Art et objets de collection » sont majoritairement des ventes live. L’an dernier, les montants adjugés en ventes live pour ce secteur et celui des ventes dites « généralistes » ont atteint 177 millions d’euros, contre 166 millions d’euros en 2018. Une progression qui s’explique selon le Conseil des ventes par le développement des outils numériques, et notamment les portails d’enchères de Drouot (drouotdigital.fr) et Interenchères.


Il semble important de souligner également qu’en 2019, deux nouvelles maisons de ventes majeures ont investi les ventes online : Sotheby’s, qui a réalisé 13 ventes online sur un total de 38 ventes se déroulant à Paris, et Artcurial, qui a effectué un montant total de 1,18 million d’euros avec 19 ventes.


Les quatre premières maisons de ventes ont réalisé 70 % du montant total des ventes dématérialisées. International Wine Auction reste la première, avec un total de plus de 17,6 millions d’euros, soit 22,6 % de plus par rapport à 2018. Précisons cependant qu’aucune vente millionnaire online n’a été recensée, l’absence d’accès physique qui permet la vérification de la qualité du bien ayant freiné les acheteurs.


Le Conseil des ventes, dans son rapport, insiste d’ailleurs sur les limites inhérentes à l’achat d’art en ligne : impossibilité d’inspecter l’œuvre, son authenticité, la confiance envers le vendeur, les conditions d’expédition…


La crise de la Covid : un coup d’arrêt pour la profession


L’année 2019 a été une année favorable pour les professionnels des ventes aux enchères publiques et l’année 2020 a également commencé sur les chapeaux de roues. Mais la brusque apparition de la crise sanitaire en France en mars 2020 pour la France a pris tout le monde de court dans le monde des enchères, et l’annonce du confinement a été vécue comme un coup de tonnerre.


En effet, selon le CVV, « la période du printemps (mars à juin) constitue avec celle de l’automne (15 octobre au 15 décembre) l’une des périodes traditionnelles de concentration des ventes aux enchères en France ». Le confinement, annoncé le 16 mars au soir, jusqu’au 11 mai, est donc tombé précisément sur l’une des deux périodes annuelles de fortes ventes aux enchères.


Seules les ventes live et online ont pu être organisées durant ces deux mois.


Pour cette raison, en plus du bilan 2019 des ventes aux enchères, le Conseil des ventes a publié cette année un focus sur l’activité des ventes pendant la période de confinement.


Le secteur des ventes aux enchères a connu une baisse brutale de son activité durant cette période. Alors que les dix premières maisons de ventes ont cumulé en 2018, 698 millions d’euros, en 2019, comparativement à l’activité sur la même période de référence, le nombre de vacations a diminué de 58,8 %, et le montant cumulé des ventes a baissé de 95,3 %.


Des maisons comme Artcurial, Beaussant-Lefèvre, Christie’s, Cornette de Saint Cyr et Sotheby’s ont même vu le montant de leur ventes chuter de 100 %. Et sur cette période, aucune vente n’a atteint un million d’euros.


 


Le choix de la vente en ligne


Certaines maisons de ventes ont toutefois décidé de maintenir une activité de vente en ligne. 175 ventes aux enchères ont ainsi été comptabilisées par ce biais.


Parmi celles qui ont fait des ventes électroniques, deux d’entre elles, Millon et Tajan, ont développé les ventes en ligne dans de nombreuses spécialités. Habituée de la vente numérique, International Wine Auction a maintenu son calendrier de ventes ( avec 3 à 4 ventes/ par mois).


FauveParis, dont le commissaire-priseur vit au-dessus de la maison de ventes (et qui a donc pu seul diriger la vente avec l’assistance de cyberclerc), et Millon ont été les maisons les plus actives pendant le confinement.


En revanche, selon le CVV, globalement « il n’y a [donc] pratiquement pas eu de nouvelles maisons de ventes expérimentant des ventes online pendant cette période de confinement ».


Certaines maisons ont poursuivi le rythme de leurs ventes online, comme Aguttes et International Wine Auction, d’autres les ont amplifiées, comme Million et Tajan, mais très peu ont commencé à faire des ventes en ligne.


Seules deux ventes durant cette période ont dépassé 500 000 euros : la vente « or, lingots et pièces » d’Ader et « Indochine » de Lynda Trouvé.


 


Les ventes aux enchères caritatives


Pour soutenir le personnel médical dans son combat contre la crise sanitaire, six maisons de ventes ont, à cette occasion, organisé une ou plusieurs ventes caritatives. Celle qui a récolté le plus de fonds a été organisée par Piasa le 5 avril. Intitulée « Protège ton soignant », cette action a permis de récolter 2,4 millions d’euros. Au total, plus de 3,3 millions d’euros ont été récoltés en soutien aux acteurs de la crise durant cette période de confinement.


« Les maisons de ventes qui organisent des ventes en faveur des causes caritatives doivent être saluées et je leur tire mon chapeau » a d’ailleurs écrit (le 22 avril), sur le blog du Conseil des ventes, le président Henri Paul.


Bref, du 17 mars au 30 avril au moins, les ventes aux enchères ont connu un réel « coup d’arrêt ». Heureusement, selon le CVV, les calendriers de vente ont commencé à se remplir à partir de mi-mai 2020.


En outre, le 27 avril dernier, pour accompagner la profession dans une reprise progressive de son activité, le Syndicat National des Maisons de Ventes Volontaires (SYMEV) a fait des propositions pour « préparer l’après 11 mai et relancer l’organisation de ventes aux enchères en salles dans un contexte inédit » (cf. JSS n° 31 du 23 mai 2020).


« (…) Nous souhaitons accompagner la reprise des expositions et des ventes volontaires aux enchères en salles, tout en prenant en considération les circonstances exceptionnelles de la période actuelle. Par nos ventes, nous souhaitons contribuer à faire des objets d’art un élément de réponse aux nombreux problèmes à résoudre pour l’avenir » avait ainsi déclaré, à cette occasion, le président du SYMEV, Maître Jean-Pierre Osenat.


De son côté, le président du Conseil des ventes préconise de tirer les leçons de cette période difficile pour la profession.


« Toutes les crises accélèrent les changements. Elles révèlent nos faiblesses et nos forces. Elles poussent à l’introspection, et obligent à redoubler d’efforts pour s’en sortir » a-t-il déclaré.


Ventes en ligne, développement durable, formation des nouveaux commissaires-priseurs et formation continue, tels sont les axes qu’il s’agira de développer à l’avenir, selon Henri Paul.


« Dans un contexte concurrentiel accru et avec l’émergence de nouveaux intervenants du fait de la réforme des commissaires de justice, les performances passées ne sauraient préjuger du futur. C’est en consolidant les fondamentaux, parmi lesquels une formation enrichie des professionnels des enchères, une adaptation permanente aux nouveaux outils numériques, une sécurité dans les transactions financières (…) que le marché des enchères publiques en France pourra conserver sa dynamique », a-t-il précisé dans l’édito du rapport. Espérons que son message soit entendu par tous ses confrères.


 

 

Maria-Angélica Bailly

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